Les travaux du quatrième sommet économique et social de la Ligue arabe s'achèvent aujourd'hui en présence notamment de l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, qui doit arriver dans la journée. Le président Michel Aoun doit présenter une initiative concernant les réfugiés syriens, un dossier qui a animé les débats de ces dernières 48 heures.
L'émir qatari et le président mauritanien, Mohammad Ould Abdel Aziz, sont les deux seuls chefs d’État arabes à assister à ce sommet alors que le reste des dirigeants ont délégué leurs Premiers ministres, ministres ou représentants respectifs. Samedi, le président somalien, Mohammad Abdoullahi Mohammad, avait fait savoir à la dernière minute qu'il serait absent en raison du décès de sa belle-mère.
La présence du Qatar intervient alors que le riche émirat gazier est en crise avec ses voisins du Golfe depuis 19 mois. Les Émirats, le Bahreïn, l'Arabie saoudite et l'Égypte, ont rompu leurs relations avec Doha, l'accusant de soutenir des mouvements islamistes radicaux, ce que dément le Qatar.
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui présidait vendredi une réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères, de l’Économie et des Finances des pays de la Ligue arabe à l’hôtel Phoenicia, a quasiment dressé un constat d’échec du sommet, affirmant toutefois "comprendre" la décision de la quasi-totalité des chefs d’États de boycotter l’événement.
Samedi, l'accueil de l'ensemble des délégations à l'aéroport de Beyrouth avait été assuré, suivant le niveau de représentation, par le président Aoun, le Premier ministre désigné Saad Hariri, le ministre sortant de la Défense Yaacoub Sarraf, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Ghait. Dans la journée, M. Bassil avait réuni plusieurs de ses homologues au ministère des Affaires étrangères.
Le même jour, M. Hariri et M. Aboul Ghait avaient promis des avancées dans le domaine des droits des femmes lors de la conférence sur l’autonomisation économique des femmes du Machrek.
Le dossier syrien
Parallèlement, le dossier des réfugiés syriens présents au Liban et celui de la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe continuaient de faire l'objet d'un débat, principalement au sein de la classe politique libanaise. Le ministre d’État sortant pour les Affaires des réfugiés, Mouïn Merhebi, a vivement critiqué son collègue des Affaires étrangères, Gebran Bassil, affirmant que "tout ce qui émane de M. Bassil n'engage que lui-même". M. Merhebi, qui appartient pourtant au courant du Futur, la formation dirigée par M. Hariri, a adressé un mémorandum sur ce sujet au secrétaire général de la Ligue arabe. Le ministre sortant de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, lui aussi membre du Futur, a repris à son compte les déclarations de M. Merhebi. Selon des informations de la chaîne locale LBCI, le Premier ministre désigné Saad Hariri a indiqué à M. Bassil qu'il n'était pas d'accord avec les propos de M. Merhebi.
Vendredi, le chef de la diplomatie libanaise avait estimé que la question de plus d'un million de réfugiés syriens qui se trouvent au Liban devrait être au centre des discussions. Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Houssam Zaki, avait reconnu que ce dossier divisait les responsables arabes présents.
Le président Aoun doit présenter une initiative portant sur le dossier des réfugiés syriens en vue de la mise en place d’un système de financement des pays arabes détruits à cause d’affrontements armés survenus durant les sept dernières années.
Selon la LBCI, le communiqué final du sommet économique arabe de Beyrouth a été finalisé samedi soir. Toujours selon la chaîne, ce texte, sur lequel les différentes délégations arabes se sont accordées, comporte une partie sur les réfugiés syriens conforme à ce que le Liban souhaitait sur ce sujet.
Michel Aoun et Gebran Bassil réclament le retour de ces réfugiés syriens chez eux sans attendre une solution politique à la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Mais la communauté internationale s'inquiète d'un tel retour qu'elle juge non sécurisé et prématuré dans les circonstances actuelles.
Le sommet économique et social fait traditionnellement moins recette que le sommet de la Ligue arabe, qui se tiendra en mars en Tunisie. Le dernier en date, en 2013 en Arabie saoudite, avait néanmoins attiré de nombreux chefs d’États. A Beyrouth, les 20 participants ont préféré pour la plupart dépêcher leur Premier ministre, leur ministre des Affaires étrangères ou des Finances. Une assistance qui justifie difficilement aux yeux des Libanais la quasi-paralysie du centre de la capitale, où de nombreux commerces, écoles et rues ont été fermées, mais dont les organisateurs assurent qu'elle ne remet pas en question "l'importance des décisions qui seront prises", selon M. Zaki.
Outre le dossier de la Syrie, l'absence de la Libye a terni l'image de ce sommet. La participation de la Libye, que le Liban tient pour responsable de la disparition en 1978 de l'imam Moussa Sadr, a provoqué de vives polémiques à Beyrouth. Finalement, Tripoli a décidé de ne pas participer au sommet, après les protestations du président du Parlement libanais, Nabih Berry, qui dirige le mouvement Amal fondé par l'imam Sadr, et les agissements de certains de ses partisans dans la rue.
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09 h 48, le 21 janvier 2019