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Liban - Gouvernement

La mésentente entre Bassil et l’axe irano-syrien s’amplifie

Après avoir éclaté à Bkerké, la querelle entre le chef du CPL et celui des Marada autour du tiers de blocage s’est envenimée hier. Le député de Batroun a accusé son adversaire de l’avoir « poignardé dans le dos ».

Saad Hariri avec Walid et Teymour Joumblatt à la Maison du Centre. Photo Dalati et Nohra

La mésentente entre le Courant patriotique libre et ses alliés gravitant dans l’orbite de la moumanaa ne cesse de s’amplifier. C’est ainsi que l’on pourrait interpréter l’échange verbal ayant opposé le leader des Marada, allié du Hezbollah, au chef du CPL, lors de la réunion des pôles maronites, tenue mercredi à Bkerké.

Lors de ce meeting tenu sous la houlette du patriarche Béchara Raï, l’ancien député de Zghorta s’était adressé au leader du CPL en ces termes : « Nous ne sommes pas réunis ici pour soutenir l’octroi du tiers de blocage au chef de l’État. » M. Frangié a fait savoir, en substance, que le Hezbollah tient à ce que les députés sunnites du 8 Mars soient représentés au sein de la future équipe ministérielle et qu’il ne permettra pas au tandem Baabda-CPL de détenir le tiers de blocage.

Au lendemain de la rencontre de Bkerké, Sleiman Frangié s’en est de nouveau pris hier, implicitement, au chef du CPL. « Si (le Premier ministre désigné) Saad Hariri tient vraiment à octroyer le tiers au président de la République, il devrait se désister d’un ministre sunnite (relevant de son propre lot) au profit de la “Rencontre consultative” (regroupant les députés sunnites hostiles à Saad Hariri). Le problème serait alors résolu », a écrit M. Frangié sur son compte Twitter, avant de supprimer ce tweet. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas dit que le Hezbollah était contre l’octroi du tiers de blocage au chef de l’État. Mais en tant que partie chrétienne, nous refusons de l’accorder à ceux qui veulent (l’utiliser) à l’encontre des autres chrétiens. »


(Lire aussi : Bkerké au-dessus de la mêlée politicienne)


« Jusqu’à quand garderons-nous le silence ? »

Des propos auxquels M. Bassil a violemment réagi, allant jusqu’à accuser le chef des Marada, lui aussi implicitement, de le poignarder dans le dos. « La distinction entre indépendants et suiveurs est à nouveau claire. Il y a ceux qui se battent pour recouvrer des droits et ceux qui ont baissé les bras. On nous poignarde dans le dos. Jusqu’à quand garderons-nous le silence ? » a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Il va sans dire que cette nouvelle querelle entre les Marada et le CPL ne peut aucunement être dissociée du bras de fer qui oppose les deux partis depuis l’adoption, par Saad Hariri, de la candidature de M. Frangié à la présidentielle de 2016, avant de se prononcer en faveur de Michel Aoun.

Il n’en reste pas moins que cette nouvelle escalade verbale entre les deux partis revêt une importance certaine dans la mesure où elle est à même d’accentuer la léthargie actuelle du processus de formation du cabinet. Les tractations n’en finissent pas de buter sur « l’obstacle sunnite » articulé autour de la représentation des députés sunnites du 8 Mars, bénéficiant de l’appui décisif du parti de Hassan Nasrallah. Un nœud qui aurait dû être défait depuis plus d’un mois. Sauf que ces efforts ont échoué à la dernière minute. Certains observateurs en ont imputé la responsabilité à Gebran Bassil, l’accusant de vouloir obtenir… le tiers de blocage. D’ailleurs, lors de la rencontre de Bkerké, M. Bassil aurait déclaré : « Nous n’avons pas demandé le tiers de blocage. C’est notre droit, notamment en matière de nombre de ministres », à en croire plusieurs médias.

C’est également ce point de vue que présente naturellement à L’Orient-Le Jour un proche de M. Bassil. « Nous avons le droit d’obtenir onze ministres, c’est-à-dire le tiers de blocage, dans la mesure où cette quote-part est conforme aux critères appliqués dans le processus de formation du cabinet », souligne-t-il, avant d’ajouter sur un ton déterminé : « Nous n’allons pas nous désister de nos droits pour satisfaire M. Frangié, dans la mesure où cela représente une tentative d’affaiblir le président Aoun et cela est inacceptable. »

Certains observateurs rappellent dans ce cadre que le CPL, et par la bouche de son fondateur, n’a jamais caché son opposition quant à l’octroi du tiers de blocage aux ex-chefs de l’État, alors qu’il le demande aujourd’hui ouvertement. Mais dans les milieux proches de Gebran Bassil, on se contente d’expliquer cette contradiction par le fait que « c’est là que réside toute la différence entre les présidents “forts”, disposant d’une large assise démocratique, et les chefs d’État “ordinaires” ».

Quant au Hezbollah, dont le bloc a qualifié la mise sur pied du cabinet de « prioritaire » à l’issue de sa réunion hebdomadaire, il semble déterminé à ne pas alimenter la polémique qui l’oppose actuellement au parti de Gebran Bassil, à cause des divergences concernant la représentation ministérielle des sunnites du 8 Mars. Une source proche du parti chiite souligne à L’OLJ que ce qui importe le plus au Hezbollah reste l’intégration au gouvernement du groupe de la « Rencontre consultative » (les sunnites antihaririens), quelles qu’en soient les modalités, insistant malgré tout sur le fait que ce sont le président de la République et le Premier ministre qui forment le cabinet.


(Lire aussi : Les personnalités maronites font bloc autour de la présidence de la République)


Le niet de Hariri

À ce sujet, le leader du CPL avait tenu à Bkerké des propos particulièrement significatifs. Il a appelé le Premier ministre désigné à intégrer le sunnite du 8 Mars dans son propre lot, dans la mesure où MM. Aoun et Hariri s’étaient échangé un ministre maronite (de la quote-part du chef de l’État) contre un autre sunnite relevant du lot du chef de gouvernement. Sauf que contrairement à ce qu’aurait pu espérer M. Bassil, les milieux de la Maison du Centre écartent la possibilité de faire de nouvelles concessions. Interrogé à ce sujet par L’OLJ, un proche de M. Hariri assure que le problème réside dans la mésentente entre Gebran Bassil et l’axe irano-syrien. Et de poursuivre : « Nous attendons que ce problème soit réglé. Mais il n’est pas question de concessions supplémentaires. D’autant qu’on nous en demande trop. »

En attendant l’issue de cette nouvelle escalade verbale entre les anciens alliés, Saad Hariri s’est entretenu hier avec le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et son fils Teymour, député du Chouf, à la Maison du Centre. Était présent le ministre sortant de la Culture, Ghattas Khoury. La discussion a porté sur la situation politique locale et la formation du gouvernement.

Notons enfin que le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a affirmé hier qu’il n’était plus concerné par le processus de formation du gouvernement de Saad Hariri, après l’échec de la médiation qu’il avait menée entre les partis politiques à la demande du chef de l’État, fin 2018. « Je ne suis plus du tout concerné par cette question », a déclaré le général Ibrahim à sa sortie d’une réunion à Aïn el-Tiné avec le président du Parlement, Nabih Berry.


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commentaires (7)

C’est quoi cette formule « président fort » ? On demande un président tout simplement, qui signe un décret de nomination du gouvernement tout simplement , pour qu’il fasse enfin son travail en toute simplicité au regard des attentes des libanais uniquement. Pour synthétiser , ça n’est qu’un slogan vide à deux balles .

L’azuréen

22 h 59, le 18 janvier 2019

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Commentaires (7)

  • C’est quoi cette formule « président fort » ? On demande un président tout simplement, qui signe un décret de nomination du gouvernement tout simplement , pour qu’il fasse enfin son travail en toute simplicité au regard des attentes des libanais uniquement. Pour synthétiser , ça n’est qu’un slogan vide à deux balles .

    L’azuréen

    22 h 59, le 18 janvier 2019

  • « c’est là que réside toute la différence entre les présidents “forts”, disposant d’une large assise démocratique, et les chefs d’État “ordinaires” ». NON LE PRESIDENT AOUN N'AEST PAS UN PRESIDENT FORT LES HOMMES FORT DE NOTRE REPUBLIQUE ONT ETE BECHARRA EL KHOURY qui a gouverne pour un Liban independent CAMILLE CHAMOUN qui a resister aux projets nefastes de Nasser et a meme sauve les chretiens en appellant a la rescousse les marines Americains FOUAD CHEHAB qui a fonde en fait toutes les nouvelles institutions au Liban et l'administration et contrecarre un coup d'état BACHIR GEMAYEL qui a sauve les chretiens et les musulmans du Liban des hordes palestiniennes en s'alliant avec Israel quoiqu'en disent tous les ingrats aujourdh'ui Le President Aoun de par son MOI OU PERSONNE et par son accord avec HB est devenu prisonnier de son poste et n'a plus le pouvoir de taper sur la table et faire ce qui est necessaire POUR SAUVER LE PAYS UN PRESIDENT FORT EST CELUI QUI SIGNE LE DECRET DU MINISTERE QU'IL VEUT ET S'EN REMET AU PARLEMENT POUR LE FAIRE AVALISER OU REJETER UN PRESIDENT FORT EST CELUI QUI EXIGE QUE LES OFFICIES QUI N'ONT PAS DONNE DE VISA A UN GROUPE OFFICIELS DE LYBIENS INVITES PAR LUI DE RENTRER SOIENT ARRETTES ET TRADUIT EN JUSTICE VOULOIR PLAIRE A TOUT LE MONDE EST SYNONIME DE FAIBLESSE ET PAS DE FORCE CECI TOUT LE MONDE LE SAIT MEME LES DIRIGEANTS DU CPL

    LA VERITE

    16 h 24, le 18 janvier 2019

  • TOUT EST LOIN ENCORE D'ETRE DIT . JUSQU'A PREUVE DU CONTRAIRE, HEZB & AOUN ONT A ENCORE GRANDEMENT BESOIN L'UN DE L'AUTRE. JUSTE UNE PETITE VARIANTE , HEZB PEUT LUI ESCOMPTER UN CHANGEMENT DANS LA BALANCE QUI BAISSERAIT SON BESOIN DE CET ALLIE DEVENU DE PLUS EN PLUS ENCOMBRANT SINON DESOLANT.

    Gaby SIOUFI

    11 h 15, le 18 janvier 2019

  • Aoun aurait été un Président fort s'il n'avait pas signé son allégeance au Hezbollah a travers l'accord de St Michel. En bref, lors des élections de 2005, il ne les a gagné qu'en raison de la décision stratégique des autres partis Chrétiens et en particulier des FL, de verser tous leurs votent a Michel Aoun pour justement avoir une partie Chrétienne forte en face des changements qui viennent, Dr Geagea étant encore aux arrêts. Malheureusement le narcissisme, le manque de réalisme et surtout son manque de vision stratégique a conduit son parti a devenir un suppôt du Hezbollah, sonnantes et trébuchantes a l'appui aussi ne l'oublions pas, a tel point qu'il ne peut plus se défaire de l'accord sans y laisser de plume. Laches comme ils sont, la fuite de 1990 en est la preuve, ils ont préféré conduire le pays vers l’abîme que de choisir le difficile chemin de indépendance et de la résistance, la vraie et non pas celle des menteurs et des raconteurs de chimères. Aujourd'hui tous les Libanais en paie le prix et ce n'est que le début!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 32, le 18 janvier 2019

  • Voici la nouvelle trouvaille des copains du beau-fils: "...la différence entre les présidents forts...et les chefs d'Etat ordinaires..." Cela va faire bien plaisir aux chefs d'Etat précédents ! Bon, après tout ce parti est dirigé par un chef "fort", grand spécialiste en déclarations "vertes et pas mûres"... Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 49, le 18 janvier 2019

  • ET LA SERIE NOIRE, MUE PAR LES INTERETS PERSONNELS, CONTINUE ! DE PRESIDENT FORT NE PARLEZ PLUS... LA FAIBLESSE S,ETALE AU GRAND JOUR ! LES PARAVENTS GARDENT LES AUTRES DU VENT MAIS S,EN EXPOSENT EUX-MEMES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 18 janvier 2019

  • Un véritable triangle des Bermudes. Mais on est pas libanais pour rien, ça se mérite.

    FRIK-A-FRAK

    01 h 14, le 18 janvier 2019

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