La préparation du sommet économique de la Ligue arabe prévu dimanche 20 janvier à Beyrouth a été parasitée par l'absence d'un nouveau gouvernement, ainsi que des polémiques autour de la représentation de la Syrie de Bachar el-Assad et l'invitation de la Libye, accusée par le leader du mouvement Amal, Nabih Berry, de ne pas fournir des informations sur la disparition du fondateur du courant chiite, l'imam Moussa Sadr, lors d'un voyage en Libye en 1978. Face aux nombreux appels au report, notamment lancés par M. Berry, les organisateurs du sommet ont assuré que le sommet se tiendra à la date prévue.
Alors que les tensions ne cessent de croître, notamment entre Amal et le Courant patriotique libre, et que le risque que la crise dégénère en dérapage dans la rue, voici un résumé de ce qu'il faut savoir sur ce nouveau nœud de crispation qui pollue la scène politique libanaise
Gouvernement
En début d'année, plusieurs responsables politiques avaient déclaré que le blocage du processus de formation du gouvernement, dont la naissance semblait imminente à la veille des fêtes de fin d'année, menaçait la tenue du sommet économique arabe. Dans certains médias, des informations sur un report du sommet ont circulé, basées sur le fait que le Liban ne pouvait accueillir un tel événement sans un nouveau cabinet de plein exercice.
Le 8 janvier, le chef de l'Etat, Michel Aoun, avait écarté cette hypothèse. "Le fait que le gouvernement soit en phase d’expédition des affaires courantes n’est pas une raison valable pour reporter le sommet", avait-il souligné, rappelant que "le cabinet sortant exerce ses prérogatives conformément aux règles constitutionnelles en vigueur".
Aujourd'hui, le processus de formation du cabinet semble reporté sine die, alors que les tensions montent entre les différentes parties. Le dernier obstacle sur lequel bute le gouvernement est le fameux noeud sunnite, né de l’insistance des six députés hostiles au Courant du Futur – et bénéficiant de l’appui indéfectible du Hezbollah – à prendre part au cabinet. Dans ce contexte, le Hezbollah fait porter la responsabilité du blocage de la formation du cabinet au Premier ministre désigné Saad Hariri. Ce dernier accuse pour sa part le parti chiite d'entraver la formation d'une nouvelle équipe ministérielle.
Syrie
Le 9 janvier, Nabih Berry a lancé un nouveau pavé dans la mare, estimant que le sommet ne pouvait "absolument" pas avoir lieu sans la Syrie, dont la participation à la Ligue a été suspendue en novembre 2011 en raison de sa répression du soulèvement. Tout comme le mouvement Amal et ses alliés proches de Damas, le Courant patriotique libre a également estimé que la Syrie devait être présente à ce sommet.
L'invitation de la Syrie à la réunion est réclamée par les responsables libanais qui soutiennent le régime de Bachar el-Assad, mais refusée par les partis pro-14 Mars, notamment par le Premier ministre désigné, Saad Hariri. La classe politique libanaise est divisée depuis plusieurs années sur l'attitude que le Liban doit adopter envers la Syrie, alors que le gouvernement sortant applique une politique de distanciation à l'égard des conflits régionaux.
Répondant à ces appels, la Ligue arabe a rappelé que la décision d'inviter ou non la Syrie revenait exclusivement au Conseil de la Ligue arabe qui regroupe les ministres des Affaires étrangères des pays arabes membres.
Libye
Autre dossier qui a suscité une polémique, l'invitation de la Libye au sommet arabe de Beyrouth. Un litige oppose depuis des années les responsables chiites libanais aux autorités libyennes depuis la disparition en Libye de Moussa Sadr en 1978. L'affaire est revenue sur le devant de la scène libanaise avec les informations entourant la possible libération de Hannibal Kadhafi, fils du dictateur libyen déchu et tué en 2011 Moammar Kadhafi. Affirmant avoir été saisi par plusieurs requêtes internationales pour clarifier les raisons de l’arrestation de Hannibal Kadhafi depuis décembre 2015, le ministre libanais sortant de la Justice, Salim Jreissati avait décidé de s’en remettre à la direction de l’Inspection judiciaire, provoquant des protestations dans les milieux chiites, notamment de la part de la famille de l'imam disparu qui s'est opposée à sa libération.
Le 11 janvier, le Conseil supérieur chiite libanais a condamné l'invitation de la Libye, tout comme Nabih Berry, qui est allé jusqu'à menacer de recourir à la rue pour protester contre une telle invitation. Le même jour, le comité en charge de l'organisation du sommet économique a affirmé que M. Berry avait précédemment approuvé la venue de responsables libyens au Liban, ce que le leader d'Amal a aussitôt démenti.
La tension est montée d'un cran dimanche 13 janvier lorsque des militants Amal ont remplacé le drapeau libyen, installé sur le site qui accueillera le sommet économique arabe, au Seaside Arena (ex-Biel), par un drapeau de leur formation. Les "Brigades de Sadr" ont, de leur côté, menacé tout représentant de la Libye qui viendrait assister au sommet de Beyrouth.
Le lendemain, la Libye a annoncé qu'elle ne participerait pas au sommet arabe de Beyrouth, dénonçant les attaques contre le pays. Par ailleurs, des individus s'en sont pris aux locaux de l'ambassade du Liban dans la capitale libyenne.
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L,ABRUTISSEMENT LOCAL... ET TOTAL... PARASITE SA TENUE ! LES UNS VEULENT INVITER LA SYRIE ET LES AUTRES NE VEULENT PAS DE LA LYBIE. PLUS D,HEBETUDE ?
21 h 49, le 14 janvier 2019