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Liban - Pollution du Litani

Beaucoup de confusion autour de l’affaire Mimosa

Le ministre de l’Industrie justifie sa décision de réouverture de l’usine, mais le président de l’Office du Litani assure qu’elle reste fermée par décision judiciaire.

Les employés de l’usine rassemblés devant le Palais de justice de Zahlé, après la décision de libération sous caution de son propriétaire. Photo ANI

L’affaire de l’usine Mimosa, dont le propriétaire Wissam Tannouri a été arrêté pour délit de pollution du fleuve du Litani (notamment un de ses affluents), a connu hier un rebondissement : la décision de remise en liberté de M. Tannouri contre une caution de 26 millions de livres libanaises. Cependant, comme le précise à L’Orient-Le Jour Sami Alawiyé, président de l’Office national du Litani, M. Tannouri n’a pas été remis en liberté en attendant la décision de l’avocat de l’office sur un éventuel recours contre cette décision, qui pourrait être présenté aujourd’hui, dans le délai de 24 heures accordé au plaignant dans ces cas. L’affaire Mimosa se complique en effet : l’usine de papier hygiénique a été scellée à la cire rouge par décision judiciaire depuis que sa responsabilité dans la pollution du fleuve Berdawni, un affluent du Litani qui traverse Zahlé, à plusieurs reprises, a été prouvée. Elle faisait auparavant aussi l’objet d’une décision administrative de fermeture de la part du ministère de l’Industrie, en vue d’un règlement de problèmes techniques. Or le ministère est récemment revenu sur sa décision, et le ministre Hussein Hajj Hassan en a expliqué les raisons lors d’une conférence de presse tenue mercredi. Il a souligné que « l’on ne peut pas demander à un propriétaire d’usine de régler ses problèmes alors que son établissement est clos », précisant que « la décision de fermeture temporaire prise par le ministère dans ces cas fait suite à des avertissements et vise à rectifier le tir ».

M. Hajj Hassan a par ailleurs spécifié que « la décision administrative du ministère et la décision judiciaire sont distinctes l’une de l’autre, et l’usine devra rester fermée si l’une d’entre elles reste en vigueur ». Le ministre était injoignable hier pour un commentaire.

Interrogé par L’OLJ, Sami Alawiyé donne une autre version et considère que la décision du ministère de l’Industrie est contraire aux règles. « En principe, une décision de ce type ne mène pas à la fermeture de l’établissement, mais à l’arrêt de la production, jusqu’à ce que l’usine se conforme aux exigences administratives et techniques, dit-il. Dans un tel cas, le ministère est supposé imposer à cette usine un programme de traitement des eaux usées, et attendre que son problème soit résolu avant qu’elle ne soit autorisée à reprendre la production. Pourquoi, sinon, impose-t-on ces mêmes règles aux nouvelles usines si l’on ne doit pas les exiger de celles qui sont déjà fonctionnelles ? »


(Lire aussi : Des dizaines d'usines, contribuant à la pollution du Litani, fermées)


Une décision « utilisée en plein tribunal »

Toutefois, le ministre Hajj Hassan a bien spécifié dans sa conférence de presse que la décision administrative de son ministère et la décision juridique de fermer l’usine étaient distinctes… « Nous ne tenons pas compte des paroles à la presse, mais des décisions écrites et publiées, souligne M. Alawiyé. Or on peut bien lire, dans le second article du texte de la décision du ministère de l’Industrie de rouvrir l’usine, que toutes les autorités judiciaires et administratives sont tenues de mettre (cette décision) en application. » Et le propriétaire de l’usine s’est prévalu de cette décision en plein tribunal, l’utilisant pour tenter d’influencer le juge. Qui accepte une chose pareille ?

M. Alawiyé insiste sur le fait que l’usine Mimosa reste fermée, tout comme quatre autres industries de laitage à Marj (Békaa), par décision judiciaire. Quant à la libération de Wissam Tannouri, il précise qu’« une décision a effectivement été prise dans ce sens aujourd’hui (hier), mais nous avons 24 heures pour décider, ou non, de présenter un recours, notre avocat tranchera demain (aujourd’hui) ».

Il poursuit : « Notre objectif n’est pas de garder l’usine fermée, mais de faire en sorte que les réformes soient appliquées. Or ces changements, c’est un expert néerlandais qui les a définis, dans un rapport rédigé à la demande du ministère de l’Environnement. Il faudra que l’usine acquière un filtre à sable, qu’elle se dote des moyens de traiter les eaux usées et qu’elle arrête de jeter celles-ci dans les cours d’eau superficielle, mais plutôt dans les réseaux d’égouts. De plus, l’usine consomme bien plus d’eau du Berdawni qu’il ne lui revient de droit, et cette question devra être réglée. »

(Lire aussi : Usines polluantes le long du Litani : la justice se met en branle)


Les eaux usées municipales… bientôt

M. Alawiyé souligne que les améliorations au niveau des usines au bord du Litani vont bon train, avec 41 industries qui, après avoir fait l’objet de poursuites, sont en phase de réhabilitation. « Ce ne sera pas à nous de décider si elles sont devenues conformes ou pas aux règles de protection de l’environnement, ce sera à la justice ou au ministère de l’Environnement de le décréter, le moment venu », précise-t-il.

Les poursuites contre les usines vont bon train, mais celles-ci ne sont pas les seules sources de pollution du Litani. Qu’en est-il des eaux usées municipales ? « Cette question va être relancée en début d’année, souligne le président de l’Office national du Litani. Nous comptons d’une part poursuivre les municipalités contrevenantes, mais d’autre part les aider à se conformer aux règles de protection de l’environnement. Nous allons également suivre la question de la construction de stations d’épuration des eaux usées tout au long du fleuve avec le Conseil du développement et de la reconstruction. Mais il était important de commencer par traiter le problème des industries, parce que les eaux usées industrielles non traitées in situ auraient été de nature à abîmer les stations de traitement. »

Par ailleurs, l’Office national du Litani a annoncé hier avoir « terminé le recensement des empiètements sur la canalisation de sa branche à Tyr et du terrain attenant ». Le communiqué précise que « les empiétements comportaient des constructions illégales et un détournement des eaux usées vers la canalisation, ainsi que la construction de réseaux d’égouts dans les environs de la canalisation ».



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commentaires (4)

Plus de mimosa dans mon jardin. Plus que des poison Ivy!

Wlek Sanferlou

17 h 14, le 28 décembre 2018

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Commentaires (4)

  • Plus de mimosa dans mon jardin. Plus que des poison Ivy!

    Wlek Sanferlou

    17 h 14, le 28 décembre 2018

  • betise supreme et couverture politique grossiere Il est evident que l'ont ne peut reparer et faire le necessaire pour demarrer la production quand l'usine est fermee MAIS LE PROPRIETAIRE A RECU DIX AVIS DE DEVOIR FAIRE LES REPARATIONS ET IL N A RIEN FAIT JUSQU A CE QU'ON LE FERME LA SOLUTION EVIDENTE: une enorme peine d'argent et un peu de prison aux proprietaries leur feront respecter le devoir de se conformer aux lois puis ouverture de l'usine UNIQUEMENT pour faire les travaux de reparation et de conformite aux lois SANS POUVOIR PRODUIRE QUOI QUE CE SOIT sous peine de prison immediate et sous supervision des autorites FACILE A FAIRE EN FAIT ET CELA METTERA LES POLITIQUES ET LA JUSTICE ENSEMBLE POUR RESOUDRE CE PROBLEME TOUT EN PUNISSANT LES PROPRIETAIRES QUI NE VOULAIENT RIEN FAIRE POUR S'EQUIPER PROPREMENT

    LA VERITE

    14 h 57, le 28 décembre 2018

  • L'OFFICE NATIONAL DU LITANIE OU L'OFFICE NATIONAL DE LA LETHARGIE? QUE FAISAIENT DONC CES BONS MESSIEURS DES DECENNIES DURANT SINON TOUCHER LEURS SALAIRES ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 13, le 28 décembre 2018

  • Bravo à l'Office National du Litani qui a soulevé le lièvre. Tout le monde parle de l'"État" , c'est le moment d'appliquer cette notion dans la protection de la santé de la population. L’appareil judiciaire indépendant doit décider du sort des pollueurs invétérés qui ont détruit la vie dans notre mythique fleuve. Ils faut qu'ils paient pour les dizaines d'années d'impunité dont ils ont bénéficié soutenus par des politique véreux et corrompus.

    Stephane W.

    08 h 38, le 28 décembre 2018

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