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Liban - Environnement

Usines polluantes le long du Litani : la justice se met en branle

Le propriétaire de l’usine Mimosa et quatre autres propriétaires d’usines de produits laitiers ont été arrêtés sur ordre du procureur général financier.

Vue générale d'une partie du fleuve Litani, dont les eaux sont lourdement polluées. Danielle Khayat/Photo d’archives

Les procès intentés par l’Office national du Litani contre les usines qui rejettent leurs eaux usées dans le fleuve suivent bien leur cours. Hier, le propriétaire de l’usine Mimosa et président du conseil municipal de Qaa el-Rim (Békaa), Wissam Tannouri, ainsi que quatre autres propriétaires d’usines de produits laitiers à Marj ont été arrêtés sur ordre du procureur général financier, le juge Ali Ibrahim. Ils doivent être interrogés sur la pollution du fleuve Litani ainsi que pour empiétement sur le domaine public. Leur dossier a été transféré au premier juge d’instruction de la Békaa, dans le cadre d’un procès engagé contre plus de 80 établissements suite à une plainte déposée par l’Office national du Litani, après inspection des sites incriminés par l’office lui-même, la police judiciaire de Zahlé et les ministères de l’Industrie et de l’Environnement. Toutes ces usines ont été contraintes de signer un engagement à ne plus polluer et à payer des amendes pour toutes les années de non-respect de la loi. Interrogé par L’Orient-Le Jour sur ces derniers développements, le président de l’Office national du Litani, Sami Alawiyé, estime simplement que « la justice suit son cours, ce qui prouve son indépendance ». « Ce qu’on demande aux usines, c’est de respecter la loi, rien de plus », dit-il.

Dans un communiqué, l’Office du Litani s’est dit très satisfait des mesures prises par le parquet financier, ce qui « renforce l’indépendance de la justice et consacre la règle des poursuites contre les contrevenants ». L’institution assure « mener jusqu’au bout ses poursuites contre les pollueurs » et espère que « le code de l’eau sera entièrement appliqué et que toutes les usines se conformeront aux règles imposées volontairement, dans le cadre de leur engagement à protéger l’environnement ».

Sur les procès en cours, M. Alawiyé précise que des plaintes ont été déposées contre près de 90 établissements polluants et que la séance d’hier avait porté sur près d’une quarantaine d’usines polluantes, en attendant une autre séance pour le reste. De plus, dans un communiqué, l’Office national du Litani a précisé que son avocat a demandé que des mesures préventives soient prises, en vue d’empêcher que les eaux usées ne soient rejetées dans le fleuve, étant donné qu’il n’est pas acceptable que ceux qui sont coupables d’un délit continuent de le perpétrer au cours du procès. Ainsi, poursuit le communiqué, les usines ayant commencé à prendre des mesures de précaution ont vu leur procès reporté jusqu’au 7 janvier, alors que la prochaine séance consacrée à celles qui ont encore des efforts à faire pour respecter leurs engagements a été fixée au 13 janvier.

À la question de savoir quelles sont les mesures que doivent prendre ces usines et quelle est leur capacité de le faire dans les circonstances actuelles, M. Alawiyé explique que « les stations d’épuration des eaux usées sont nécessaires, mais pas suffisantes, il faut arrêter le flot d’eaux usées qui sort de ces usines sinon les stations seront rapidement débordées ». Il assure que « toutes les mesures sont faciles à prendre et prévues dans le décret 8471/2012, qui définit les normes à respecter pour chaque type d’usine ».


(Lire aussi : Des dizaines d'usines, contribuant à la pollution du Litani, fermées)


« Le Berdawni bien plus propre depuis cinq jours »
Interrogé par L’OLJ sur ces progrès rapides dans le procès contre les usines incriminées, Assaad Zoughaib, président du conseil municipal de Zahlé, pense que « les autorités font preuve de fermeté, après des années de laxisme, mais le plus important c’est que cela dure ». Zahlé a particulièrement souffert dernièrement de la pollution de sa principale rivière, le Berdawni, un affluent du Litani, qui a pris plusieurs fois des couleurs différentes, en raison de la pollution industrielle provenant notamment de Qaa el-Rim.

« L’État joue actuellement son rôle, précise M. Zoughaib. Auparavant, on se contentait de lancer des avertissements qui n’étaient jamais suivis d’actions. » Il plaide cependant pour la mise en place d’un programme avec des délais précis afin d’aider les usines à se conformer aux règles, parce que « l’objectif est de lutter contre la pollution, pas de fermer des usines ». Il se dit satisfait cependant de la fermeté du processus actuel et appelle tous les acteurs concernés à faire preuve d’un même souci écologique.

Sur le terrain, que peut-il dire de la pollution dont souffre Zahlé, capitale de la Békaa ? « Je peux assurer une chose, c’est que cela fait de nombreuses années que l’on n’a pas vu le Berdawni aussi propre que depuis cinq jours », lance-t-il.

Au-delà des comptes demandés aux usines polluantes se profile déjà la nécessité de régler les ravages des années sur le fleuve lui-même, et notamment le très épineux problème du lac artificiel de Qaraoun.


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commentaires (4)

Pourrait-on esperer qu'un jour pas trop lointain on ait le loisir de se baigner et faire du ski nautique sur le lac de Karaoun comme au bon vieux temps ?

Remy Martin

10 h 36, le 19 décembre 2018

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Commentaires (4)

  • Pourrait-on esperer qu'un jour pas trop lointain on ait le loisir de se baigner et faire du ski nautique sur le lac de Karaoun comme au bon vieux temps ?

    Remy Martin

    10 h 36, le 19 décembre 2018

  • Parfois on est tenté de réfléchir à deux fois avant d'accuser ou jeter l'anathème. Mais est-ce que ces individus pensent un peu au mal qui font à toutes ces populations qui bénéficiaient des eaux du Litani ? La mal qui dont à l'écosystème du pays ? C'est bien triste.

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 10, le 19 décembre 2018

  • C’est une excellente nouvelle ! Franchement j’applaudis les autorités . Il s’agit de l’avenir et de la santé immédiate des libanais et de nos enfants qui sont aujourd’hui en jeu. Il était temps et il faudrait que ces initiatives se poursuivent ailleurs sur le territoire. Dans les écoles un programme pédagogique environnemental spécifique destiné à la compréhension et à la sensibilisation devrait être mis en place pour une prise de conscience dès le plus jeune âge . Hélas les comportement actuels suicidaires de beaucoup de libanais restent toujours présents ....

    L’azuréen

    08 h 58, le 19 décembre 2018

  • L,EAU C,EST LA VIE ! LA POLLUER C,EST TUER LA VIE. IL FAUT AVANT TOUT NETTOYER TOUT LE LIT DU LITANI AUX FRAIS DE CES SOCIETES POLLUANTES ET RENDRE SON EAU PURE ET LIMPIDE SINON NOUS SERONS DES INCAPABLES A GOUVERNER ET DES NULLITES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 28, le 19 décembre 2018

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