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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

Makan, les cuisines du monde...

« Hoppers and Sini Sambol », pancakes à la noix de coco. Photo C.C.

À ne pas confondre avec al-Makan, le centre communautaire de Beyrouth à Mar Élias, Makan réunit en un lieu des cuisines exotiques du monde entier. En effet, tous les trois soirs, lundi, mardi et mercredi, puis jeudi, vendredi et samedi, le menu change. Le dimanche, le restaurant est fermé. 30 cuisines différentes y ont été proposées à ce jour. Toutes n’ont pas connu le même succès, mais les 4 ou 5 qui continuent à tourner sont certainement tentantes et valent la peine d’être testées. Il faut consulter la page Makan dans les médias sociaux pour savoir quel menu est présenté le jour de votre visite. En raison de ces changements fréquents, il est difficile de faire une critique standard de Makan. Par conséquent, afin de mieux évaluer le lieu, la critique sera divisée en quatre sections : le concept, le lieu, les plats et le service.

Le concept

Tout a commencé par un concept insolite et nouveau au Liban, et cette devise : « Payez ce que vous pensez être bon. » Une idée originale, amusante et même intrigante de Tony Sfeir et Karim Ghazzi (un ancien banquier d’affaires), qui l’avaient déjà essayée avec Motto, également situé à Mar Mikhaël. Pour Makan, le duo a opté pour un rez-de-chaussée et un charmant jardin à l’arrière, à l’abri des bruits, situés dans un ancien bâtiment rénové, connu aujourd’hui sous le nom de « Baffa House », construit dans les années 1940 et faisant désormais partie des célèbres maisons d’hôtes de la ville. Le concept de payer ce que vous pensez être juste aurait peut-être mieux fonctionné dans des villes où les gens ont un sens de la communauté et une conscience sociale. De plus, avec « un minimum suggéré » par la direction, la démarche était biaisée. Quoi qu’il en soit, le modèle a échoué pour différentes raisons, dont certains abus de clients, et l’idée a été judicieusement abandonnée au profit d’un prix fixe très raisonnable, pour un menu d’environ 8 plats proposés par repas, en fonction de la cuisine du jour.

Le lieu

Makan est logé dans un local élégant et sans prétention. Ce qui crée une belle ambiance, notamment dans le patio arrière et son jardin ponctué de bougainvilliers et de jasmins. Le cadre extérieur est charmant et l’intérieur également très accueillant. Lorsqu’on y accède la première fois, la sensation, agréable, d’être dans une maison privée ou le jardin d’un ami est bel et bien là. Mais pour cela, encore faut-il trouver l’endroit ! En l’absence de toute signalisation dans les rues de la capitale, il faut se renseigner au gré du chemin ou, mieux encore, y accéder par la porte arrière menant au jardin depuis le parking voisin. Le bel espace vert dans le jardin crée une atmosphère relaxante, silencieuse et confortable, jusqu’à oublier qu’il est situé au cœur de Mar Mikhaël, un quartier plutôt animé, surtout le soir. C’est ce qui, avec des prix plus que raisonnables, encourage les touristes à affluer. Les étrangers sont d’ailleurs beaucoup plus nombreux que les locaux... L’atmosphère amicale se prolonge toute la soirée et tard, après le départ des derniers clients, le personnel se retrouve pour partager un repas autour de la table, dans une atmosphère très amicale.

Les plats

Quelle que soit la cuisine du jour, le menu, constitué de 7, 8 ou 9 plats, est fixe, et toujours proche de 38 000 LL par personne, boissons non comprises. À la fin du repas, le client repart parfaitement rassasié, car les portions sont assez généreuses. Les vins proposés proviennent de Zawya, un caviste proposant exclusivement des vins de vignobles indépendants de familles libanaises, principalement en provenance de la vallée de la Békaa – encore une entreprise appartenant aux mêmes personnes qui dirigent Makan. La présentation des plats ressemble au style de la maison, mais n’est pas suffisamment attrayante pour les yeux. Globalement, les plats sont bons, même s’ils manquent parfois d’authenticité. Il s’agit surtout de mets épicés, ce qui n’est pas un gage de qualité, surtout s’ils manquent de saveur.

Comme mentionné précédemment, le thème de la cuisine change régulièrement, parfois même avec des chefs invités venant cuisiner leurs spécialités. Une option très attrayante qui, avec chacun des menus, peut s’adapter aux végétariens. La variété ethnique comble tous les palais, mais certaines cuisines sont meilleures que d’autres. Pour ma part, je vous conseillerais plutôt les menus thaï, vietnamien, indonésien ou indien … Dans le menu thaïlandais, les Summer Rolls sont très rafraîchissants, les Tod Man Khao Pods sont des beignets croquants et savoureux. La Yam Neua est une salade de bœuf thaïlandaise typique dans sa vinaigrette bien épicée. Le Pad Thai et le riz à la coriandre sont un délice, mais le gâteau à la noix de coco a une texture trop poudreuse. Il aurait mieux valu éviter ce dessert. Dans le menu vietnamien, la salade croquante au chou rouge de Goi Xoai est la vedette avec sa vinaigrette à la cacahuète et au soja. Les rouleaux de riz Goi Cuon et les dumplings à la farine de tapioca Banh Bot Loc sont également réussis, et les brochettes de poulet assaisonnées Chao Tom sur des bâtons de canne à sucre sont en tête de liste. Encore une fois, le dessert, un pudding Sogo, est un désastre qui a mis fin à notre repas.

Dans le menu indonésien, certains plats comme le Mangga Rojak, qui ressemblait plus à une salade de fruits tant il contenait de la mangue, et les crêpes Roti Jala, fades et totalement dépourvues de saveur, nous ont presque fait regretter notre visite. Mais la soupe Soto Telor Puyuh avec son galanga et son lait de coco, ainsi que le Satay au poulet Sate Ayam nous ont consolés. Et les savoureux Beef Rendang dans leur sauce Sumatra, ainsi que le curry de légumes mélangés Sayut Lodhe avec sa citronnelle au lait de coco, nous ont totalement fait changer d’avis. Mais encore une fois, il y avait le dessert : cette fois-ci un pudding au riz noir qui nous a laissé un dernier goût amer. Je suggérerais également d’éviter les cuisines péruvienne et sri-lankaise. Bien que, ironiquement, le chef de Makan, Pradip, soit originaire du Sri Lanka. Malheureusement, les pancakes à la noix de coco sont insipides, le curry au poulet épicé n’est pas désossé, les Egg Rolls trop frits, le Paripu Hodi pas assez épais et la salade de dates fade.

En ce qui concerne le menu péruvien, il semble plus limité que les autres. Les sauces Aji Amarillo et Aji Panca (pâte de piment jaune et pâte de piment rouge fumé) sont ratées. N’importe quel amateur aurait fait mieux ! De plus, nous nous attendions à des grillades péruviennes avec une sauce spéciale et peut-être un plat avec une sauce de Huacatay (menthe noire) pour compléter notre expérience authentique. Mais en vain… Cela étant dit, les choix sont suffisamment nombreux pour que vous puissiez trouver une cuisine à la hauteur de vos attentes. Aucun plat n’est mauvais, mais certains sont bien meilleurs que d’autres. En règle générale, quel que soit le menu, vous dégusterez une assez bonne cuisine, mais un dessert infect. C’est l’un des deux points que les responsables doivent absolument revoir et améliorer. L’autre étant le service.

Le service

Seuls trois membres du personnel sont là pour aider, à la fois dans l’espace intérieur, au jardin et derrière le bar. Il nous est arrivé de débarquer et d’être ignorés, parfois même pendant 10 minutes, avant d’être installés. En groupe, l’attente peut paraître moins longue. Le service est parfois très lent, douloureusement lent. Les serveuses manquent clairement de formation. À leur tour, les boissons peuvent prendre une éternité avant d’être servies. Une tare qui lèse la qualité du restaurant et son charme, ce qui est regrettable. Pour une moyenne de 35 $ par personne, un meilleur service est indispensable. Il ne suffit pas d’être souriant et chaleureux.


*Critique gastronomique

Il agit dans l’ombre, même si sa signature énigmatique lui donne des airs de gentlemen franco-anglais. Cordon Courtine sévit dans les restaurants de la capitale undercover pour y goûter le meilleur, et parfois le pire. Il revient, un samedi sur deux, pour vous donner ses impressions, toujours très objectives, sur tout ce qui fait la (bonne) réputation d’un restaurant, des saveurs aux odeurs, en passant par la décoration et la propreté des lieux. Bon appétit.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/

Insta : cordon.courtine

E-mail : cordoncourtine@gmail.com 


DATA

Son : niveau max = 106,5 dB, TWA = 70,2 dB

Qualité de l’air : 67/100 (moyen), COV 0,64 ppm, humidité 62 %, température +21°C

NOTES

Son : 2,5/5

Décoration : 4/5

Personnel : 2/5

Plats : 3,5/5

Propreté : 4/5

Avis : bon

Prix : raisonnable


En résumé…

On aime bien : la rotation des menus, tous les trois jours, les prix très raisonnables, le jardin, les cuisines thaïlandaise, vietnamienne, indonésienne et indienne.

On aime moins : la lenteur du service, le choix restreint des vins, l’absence de vrai bar ou cocktails, les cuisines sri-lankaise et péruvienne.

Le conseil : allez dîner avec des amis (choisissez n’importe quelle cuisine asiatique), et si la météo le permet, optez pour une table au jardin et laissez-vous envoûter par le charme des lieux.

MAKAN, rue du Patriarche Arida, Mar Mikhaël.


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À ne pas confondre avec al-Makan, le centre communautaire de Beyrouth à Mar Élias, Makan réunit en un lieu des cuisines exotiques du monde entier. En effet, tous les trois soirs, lundi, mardi et mercredi, puis jeudi, vendredi et samedi, le menu change. Le dimanche, le restaurant est fermé. 30 cuisines différentes y ont été proposées à ce jour. Toutes n’ont pas connu le même succès,...

commentaires (2)

Je préfère la cuisine Libanaise et Italienne

Eleni Caridopoulou

21 h 05, le 22 décembre 2018

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Commentaires (2)

  • Je préfère la cuisine Libanaise et Italienne

    Eleni Caridopoulou

    21 h 05, le 22 décembre 2018

  • Depuis le depart de Karim Ghazzi, l’endroit n’est plus ce qu ‘il etait. L’accueuil, le sourire, la spontanéité et le professionnalisme y font légèrement défaut malgre la toute bonne volonte du personnel attentif mais surmene et parfois depasse par les evennements... Effectivement, les cuisines thai, vietnamienne et indienne sont sublimes avec le gout de ...la bas, les ingredients utilises etant d’origine et les plats cuisines dans les regles et les traditions de leur pays d’origine. Generalement, c’est la personne qui fait l’endroit et en l’absence de l’ancien associe, le bat blesse, et ce n’est plus la meme chose.

    Cadige William

    13 h 51, le 22 décembre 2018

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