Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a demandé aux Etats-Unis, via le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, d'imposer des sanctions au Liban et à l'armée libanaise, en représailles aux tunnels creusés par le Hezbollah au Liban sud et parvenant en territoire israélien, ce que Washington a refusé, rapporte mercredi le Haaretz.
Selon le quotidien israélien, M. Netanyahu a demandé l'imposition de ces sanctions lors de sa rencontre avec M. Pompeo à Bruxelles le 3 décembre, un jour avant de lancer son opération "Bouclier du nord" à la frontière, afin que Beyrouth et son armée "assument la responsabilité des tunnels creusés par le Hezbollah vers Israël, en violation de la résolution 1701 des Nations Unies". Mais les Etats-Unis ont rejeté cette requête, refusant de faire l'amalgame entre l'Etat libanais et le mouvement chiite. Mike Pompeo a souligné, lors de sa réunion avec le chef de l'Exécutif israélien, que les Etats-Unis et le Liban ont des liens militaires forts qu'ils n'ont aucun intérêt à saboter.
(Lire aussi : Tunnels du Hezbollah : la diplomatie continue de prévaloir)
Depuis le début de l'opération, lancée la semaine dernière par l'armée israélienne et visant à détruire des tunnels traversant la frontière qui auraient été creusés par le parti pro-iranien, les responsables politiques et militaires de l'Etat hébreu tentent de faire l'amalgame entre le Hezbollah et l'Etat libanais. Au premier jour des manoeuvres à la frontière, un porte-parole militaire israélien avait affirmé que "le gouvernement libanais est responsable des tunnels creusés par le Hezbollah au Liban-Sud".
Mardi, le Premier ministre Netanyahu a prévenu le parti chiite qu’il s’exposait à une riposte "qu’il ne pouvait même pas imaginer" s’il lançait une attaque contre son pays, malgré les affirmations du chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, qui a affirmé que "les Etats-Unis ont assuré au Liban qu'Israël n'a pas d'intentions belliqueuses".
Au cours de la semaine écoulée depuis le début des excavations, Israël a annoncé avoir repéré trois coursives souterraines. La Force intérimaire des Nations-Unies au Liban (Finul) a confirmé la présence de trois de ces tunnels, au cours d'enquêtes menées en territoire israélien.
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Imposer des sanctions au Liban forcerait ce dernier à se tourner vers des pays à même de contribuer, ne serait-ce qu’à une partie de ses besoins dans les secteurs qui seraient touchés, autrement dit l’Iran, la Russie et la Chine, faisant ainsi le jeu du Hezbollah et de ces pays à l’encontre des intérêts américains. Allez pas croire que c’est l’amour des États Unis pour le Liban qui inspire leurs décisions.
Chady
17 h 38, le 12 décembre 2018