Les habitants du quartier qui jouxte le Bois des Pins à Tayyouné se sont réveillés mercredi sur une nouvelle mauvaise surprise. Une grue appartenant au poste de gendarmerie des Forces de sécurité intérieure s’affairait à déposer une sorte de conteneur en métal sur un lopin faisant partie du terrain 1925, en d’autres termes le terrain du Bois des Pins (le plus grand espace vert de Beyrouth), qui est inconstructible par définition. Ce lopin de terre, dont les FSI semblent avoir grignoté une partie, hier, est le même qui avait fait scandale en septembre, quand un autre service de sécurité, la Sûreté générale, avait voulu y construire un bâtiment et l’avait déboisé à cette fin (voir L’OLJ du 13 septembre 2018). Le tollé provoqué par l’affaire avait poussé la SG à se rétracter et à décider, conjointement avec la municipalité (qui est propriétaire du terrain), de créer un jardin dédié aux militaires de la SG tombés dans l’exercice de leur fonction (voir L’OLJ du 14 et du 15 septembre).
Or voilà que survient ce rebondissement hier. Les photos envoyées par les habitants montrent clairement une grue postée en plein dans le terrain qui avait fait polémique quelques semaines plus tôt, et que l’entrepreneur était en train de remplir de sable à nouveau, afin d’effacer les traces de l’excavation. Une source autorisée confirme à L’Orient-Le Jour que les FSI sont bien en train d’agrandir leur parking derrière la gendarmerie. Selon elle, les FSI possèdent à la base l’autorisation d’occuper une partie de ce lopin de terre, même quand la SG comptait y ériger un bâtiment, et donc ne font qu’exploiter ce qui leur a été autorisé par la municipalité. Cette source fait valoir qu’un poste de gendarmerie ne peut fonctionner sans parking, sous peine de gêner la circulation de manière notable.
Autre son de cloche du côté du conseil municipal de Beyrouth, où l’on fait valoir que ce lopin, comme tout le terrain 1925 d’ailleurs, est propriété municipale. Gaby Fernaini, président du comité des espaces verts au sein du comité, confirme à L’OLJ que suite à la polémique du déboisement de ce lopin, la décision a été prise de le transformer entièrement en jardin. « Pas plus tard que la semaine passée, le conseil municipal a approuvé un projet de design pour le jardin, qui a été effectué par un architecte paysagiste et sera financé par une donation de cette même personne, souligne M. Fernaini. Nous ne pouvons accepter que le terrain ne soit pas intégralement transformé en jardin. » Il regrette par ailleurs l’absence d’une police municipale.
Dans une ville particulièrement privée d’espaces verts, le Bois des Pins, connu sous le nom de « poumon de Beyrouth », est davantage cité dans la presse pour les scandales qui l’entachent que pour ses bienfaits sur l’environnement de la ville. Ce que l’association Nahnoo appelle de manière récurrente son « grignotage » à des fins d’urbanisation. À quel épilogue s’attendre dans ce nouveau bras de fer ?
Pour mémoire
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Une nouvelle fois, des empiétements légalisés en plein Beyrouth...
commentaires (6)
Et pourquoi pas un parking souterrain pour ces chers FSI, et préserver ainsi un espace vert...en attendant que nos super-responsables se mettent à réfléchir pour organiser des réseaux de bus ou autres transports en commun ? Ou c'est trop leur demander, occupés en permanence qu'ils sont par leurs affaires personnelles ? Irène Saïd
Irene Said
17 h 30, le 23 novembre 2018