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Liban - Liban

Gouvernement : retour à l’accalmie, mais l’impasse se confirme

Le cabinet d’entente nationale regroupera les principaux protagonistes pour lancer les réformes économiques, assure Saad Hariri.


Saad Hariri. Andreas Solaro/AFP

Après la guerre autour des prérogatives constitutionnelles du président de la République et du Premier ministre désigné à laquelle se sont livrés les milieux du courant du Futur et du Courant patriotique libre (CPL), qui a pris une dangereuse coloration confessionnelle, c’est le retour à l’impasse.

C’est ainsi que l’on pourrait décrire l’état des tractations en cours en vue de la formation du cabinet d’entente nationale que le Premier ministre désigné Saad Hariri cherche à mettre sur pied. Une impression que confirment les informations selon lesquelles le chef de l’État Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri ainsi que le leader du CPL Gebran Bassil seront en voyage la semaine prochaine. Le président de la République et le ministre des Affaires étrangères se rendront lundi à Bruxelles pour participer à une réunion de l’Union européenne. M. Bassil présidera ensuite la conférence dite LDE (Lebanese Diaspora Energy) au Canada, le 13 septembre. Saad Hariri, quant à lui, prend l’avion pour La Haye pour participer aux séances du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), entre le 11 et le 14 septembre.

À quelques jours de son voyage, M. Hariri poursuit ses contacts pour défaire les nœuds qui l’empêchent encore de former son équipe. Il a donc dépêché hier à Baabda son conseiller, le ministre sortant de la Culture Ghattas Khoury, pour un entretien avec le chef de l’État. L’occasion pour les deux hommes de discuter des obstacles retardant encore la mise sur pied de l’équipe ministérielle.

De sources bien informées, on apprend dans ce cadre que lors de l’entretien tenu lundi dernier, M. Aoun a formulé des remarques autour de la mouture que lui a remise le Premier ministre. Il attend l’issue des contacts que M. Hariri devrait mener avec les divers protagonistes, surtout que ceux-ci n’ont pas eu l’occasion de se faire une idée de la nouvelle formule gouvernementale. Dans les mêmes milieux, on fait toutefois savoir qu’il est toujours possible que le président adresse une lettre au Parlement qui porterait sur les derniers développements sur la scène locale, notamment les négociations gouvernementales.


(Lire aussi : Aoun et le CPL : une course vers l’isolement ?)


Les nœuds habituels…
Entre-temps, les nœuds empêchant Saad Hariri de mener à bien sa mission n’en finissent pas de se compliquer. On en veut pour preuve le fait que le tandem Forces libanaises (FL)-Parti socialiste progressiste (PSP) campe toujours sur ses positions : il faut que le cabinet reflète les différents poids politiques issus des législatives. D’où l’insistance du chef du PSP Walid Joumblatt sur ce qu’il appelle son « droit » à nommer les trois ministres druzes dans un cabinet de trente. Une demande que M. Hariri aurait satisfaite dans la mouture qu’il a remise à Baabda, et qui s’est heurtée au veto de Michel Aoun et du CPL. Ces derniers poursuivent leur forcing pour intégrer le principal adversaire de M. Joumblatt, Talal Arslane, à l’équipe Hariri en arguant de la nécessité de ne pas accorder au leader de Moukhtara un droit de veto communautaire qui risquerait de paralyser le gouvernement.

En dépit de ce constat, Rami el-Rayess, responsable média du PSP, a assuré que sa formation tient à trois ministres (druzes) conformément aux résultats des législatives. Interrogé par l’agence locale al-Markaziya, M. Rayess a appelé au respect des résultats du scrutin, estimant que les vraies raisons du blocage résident « chez ceux qui veulent outrepasser ces résultats et tentent d’arracher des postes ministériels à certains protagonistes ». Une allusion à peine voilée au parti de Gebran Bassil, qu’il a accusé implicitement de « tenter de torpiller l’accord de Taëf ». Le cadre du PSP faisait ainsi référence à la dangereuse guerre des prérogatives observée récemment entre ténors du CPL et de la communauté sunnite.

Comme pour le PSP, Saad Hariri a répondu favorablement aux demandes des FL. Selon les fuites dans la presse, le Premier ministre désigné aurait attribué quatre portefeuilles dits consistants – sans ministère d’État, jugé d’importance mineure – au parti de Samir Geagea, contrairement à la volonté de Michel Aoun et du parti qu’il a fondé, qui estiment que les FL devraient avoir un ministère d’État.

Dans un entretien accordé à la chaîne MTV le 22 août dernier, Samir Geagea a ouvertement déclaré que c’est à la demande de Saad Hariri lui-même qu’il a renoncé à la vice-présidence du Conseil et à cinq ministères. Sauf que face à l’attitude du tandem Baabda-CPL à l’égard de la dernière formule du cabinet, Meerab, qui assure avoir facilité au maximum la tâche de M. Hariri, semble revenir à l’escalade au sujet de ses demandes gouvernementales. Les FL demandent donc le portefeuille de l’Énergie, en échange d’un (possible) ministère d’État qui leur serait attribué.

En attendant le discours de Samir Geagea prévu demain lors de la messe pour le repos de l’âme des « martyrs de la résistance libanaise », un cadre FL explique à L’OLJ que « la demande du ministère de l’Énergie n’est pas une condition préalable à notre présence au cabinet. Il s’agit d’une tentative de lancer un débat politique à ce sujet ».

En face, Ibrahim Kanaan, député CPL du Metn (qui représentera Michel Aoun à la messe de Meerab), s’est efforcé d’adopter une attitude positive à l’égard des FL. Dans une interview accordée hier à la MTV, M. Kanaan a insisté sur le fait que les tractations gouvernementales sont « passagères » et que « la réconciliation interchrétienne est sacrée ». Il a toutefois noté que l’accord de Meerab n’exclut pas l’existence de la compétition politique, tout en soulignant que « le processus gouvernemental est dans sa dernière phase ».


(Lire aussi : Berry : Toutes les parties politiques sont responsables de la lenteur dans la formation du gouvernement)


Les aides menacées ?
À l’heure où tous les protagonistes sont occupés à réserver leurs places au sein de l’équipe Hariri, les atermoiements sur ce plan semblent menacer les aides que le Liban devrait recevoir de la communauté internationale. Selon notre chroniqueur politique Philippe Abi-Akl, des responsables de plusieurs pays, dont la France, ont incité le Liban à former un cabinet dans les plus brefs délais, pour bénéficier des aides approuvées dans le cadre de la conférence de Paris dite CEDRE (6 avril).

Des propos auxquels Saad Hariri a répondu lors d’une cérémonie tenue hier au Sérail. « Le cabinet sera un gouvernement d’entente nationale qui regroupera les principaux protagonistes, pour qu’il puisse mettre en application les réformes et les investissements dont la première partie du financement a été assurée lors de la CEDRE », a-t-il déclaré.

Sur un autre plan, M. Hariri a confirmé l’accalmie au niveau de la guerre des prérogatives. « Tout le monde, dont moi-même, connaît la Constitution. Pas besoin des querelles dont il est actuellement question, et qui n’ont aucun rapport avec l’objectif principal, celui de former un gouvernement dans les plus brefs délais », a souligné le Premier ministre désigné, avant d’ajouter : « La meilleure façon de respecter les résultats des élections législatives, voire le seul critère, c’est que le gouvernement, comme le stipule la Constitution, demande la confiance du Parlement, qui est issu des élections parlementaires. Si la mouture ne respecte pas les élections législatives, le Parlement ne lui accordera pas sa confiance. Mais si elle obtient la confiance, elle ne peut être en contradiction avec les résultats de ces élections. »


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commentaires (8)

Depuis 18 ans la Somalie n'a pas de gouvernement. L'état n'existe plus des petits chefs de quartier gouvernent et appauvrissant la population Si nous continuons à vivre sans gouvernement, nous risquons le même resultat HN , avec sa milice, et ses missiles est également le deuxième danger. On a déjà gouté à ses victoires divines Ou va le Liban ? Avec un Président aux ordres, flanqué d'un ministres des affaires étrangères provocateur ? Un PM nommé qui bourlingue d'un parti à un autre , cherchant à plaire à Ryad ??? Quel avenir ? Et si Teheran donne l'ordre d'attaquer Israel ? Qui retiendra HN ? La grande mode est actuellement de se rapprocher de la Syrie. Le Liban a souffert pendant 40 ans des atrocités syriennes avec les Assad. L'importante armée russe est entrain d'imposer un criminel ! Qui négocie avec un criminel ? Visibilité d'avenir pour le pays = nulle

FAKHOURI

22 h 05, le 08 septembre 2018

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Commentaires (8)

  • Depuis 18 ans la Somalie n'a pas de gouvernement. L'état n'existe plus des petits chefs de quartier gouvernent et appauvrissant la population Si nous continuons à vivre sans gouvernement, nous risquons le même resultat HN , avec sa milice, et ses missiles est également le deuxième danger. On a déjà gouté à ses victoires divines Ou va le Liban ? Avec un Président aux ordres, flanqué d'un ministres des affaires étrangères provocateur ? Un PM nommé qui bourlingue d'un parti à un autre , cherchant à plaire à Ryad ??? Quel avenir ? Et si Teheran donne l'ordre d'attaquer Israel ? Qui retiendra HN ? La grande mode est actuellement de se rapprocher de la Syrie. Le Liban a souffert pendant 40 ans des atrocités syriennes avec les Assad. L'importante armée russe est entrain d'imposer un criminel ! Qui négocie avec un criminel ? Visibilité d'avenir pour le pays = nulle

    FAKHOURI

    22 h 05, le 08 septembre 2018

  • Que chacun de ces "chefs" de ceci et cela se fasse son petit état, avec ses ministres régaliens, de service, d'état ou de simple figuration préférés, ses courtisans assidus, sans oublier les chefs religieux de sa communauté, mais pas trop nombreux...sinon le petit peuple ne saura plus à quel...Saint se vouer...! Et nos présidents de ceci et cela auront le temps libre pour voyager et assister à toutes les conférences dans le monde entier...et leur raconter le Liban heureux, nouveau et fort. Irène Saïd

    Irene Said

    21 h 42, le 08 septembre 2018

  • BOYCOTTAGE : GENDRISSIMO-BEAUPERIEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 11, le 08 septembre 2018

  • Mathématiques, formule de gouvernement àvec variables connues : Variables: a=11 millards de CEDRE b= milliards espérés de pétrole c= nombre de ministères pondérés du nombre de partis politico-comico-serieux g= delai de discussion et d'accord sur les parts G=delai de formation du gouvernement G= ((a + b) x g)/ c Presque toute les variables sont connues... Allah Karim, irbit tin-firij

    Wlek Sanferlou

    16 h 40, le 08 septembre 2018

  • Je n'aurais pas admis que Nabih Berry et Saad Hariri interviennent dans un différend inter-maronite, pour que j'admette que Michel Aoun et Gébran Bassil interviennent dans un différend inter-druze. Je souhaiterais que le ministère de l'Energie soit attribué aux FL. Ledit ministère n'est pas propriété privée du CPL. Les élections législatives avec leurs "hajm" et leurs "wazn" n'ont rien à voir avec la formation du gouvernement. Quant aux voyages, surtout ne pas manquer une réunion à Reykjavik (Islande) sur les poissons des mers froides !!!

    Un Libanais

    09 h 58, le 08 septembre 2018

  • Notre pays est au fond du gouffre, mais notre président et son ministre des affaires étrangères voyagent: à Bruxelles pour participer à une réunion de l'Union européenne... Pour faire quoi au juste ? Leur dire: "vous avez devant vous ceux qui ne veulent pas contribuer à la formation d'un gouvernement et font tout pour l'empêcher, tant qu'il ne satisfait pas leurs visées personnelles " ? Quant au voyage au Canada de Gebran Bassil, "l'énergie de la diaspora libanaise" est vraiment indispensable en ce moment pour le Liban, n'est-ce pas ??? Une question toute simple...qui paye les frais de ces voyages et qui va en profiter ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 49, le 08 septembre 2018

  • QUELQU,UN DOIT TRANCHER CE NOEUD GORDIEN ET CET HOMME NE DEVRAIT ETRE AUTRE QUE LE P.M. DESIGNE ! SON ARME : LA CONSTITUTION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 08 septembre 2018

  • “Si ce n'est aujourd'hui, ce sera demain : rappelons-nous que la patience est le pilier de la sagesse.” de Frédéric Mistral Extrait de Les Olivades ou se trouve la sagesse de Saad Hariri et de tous ces politiques qui font semblant de gouverner notre pays???? On ne peut pas parler de patience avec ces politiques mais de sordides combines

    FAKHOURI

    08 h 34, le 08 septembre 2018

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