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Lifestyle - La Mode

Dior croisière 2019, une ode à l’indépendance féminine

Tailles serrées, voire corsetées, jupes amples, Maria Grazzia Chiuri, la directrice artistique de Christian Dior, livre une collection croisière dédiée à l’amazone contemporaine.

Dior croisière 2019. Bertrand Guay/AFP

Il pleuvait fort à Chantilly en cette fin mai maussade où se préparait la présentation de la collection Dior croisière 2019. Mais sous le chapiteau fait de rubans de bolduc rayé annonçant la palette de cette nouvelle ligne, l’humeur des éléments n’a pas entaché celle des cavalières-mannequins qui présentaient en caracolant sur le sable alourdi du manège une des lignes les plus séduisantes de la grande maison parisienne.

Il y a MeToo et MeToo. Le slogan de celles qui ont été agressées par un homme et celui à travers lequel on revendique une place à laquelle les femmes n’ont habituellement pas accès. C’est précisément ce second manifeste que célèbre une fois de plus Maria Grazzia Chiuri dans la nouvelle collection Dior croisière 2019. La créatrice avait frappé fort, dès son arrivée à la direction artistique de la maison parisienne, en dédiant sa première ligne prêt-à-porter à l’univers de l’escrime. L’hiver suivant, avec un premier imprimé équestre emprunté à une scène de chasse à courre de la collection du château de Blenheim, en Angleterre, elle introduisait un thème qu’elle n’a pas fini d’épuiser. Ainsi, la collection Dior croisière 2018, baptisée « Dior sauvage », s’inspirait à la fois des peintures de la grotte de Lascaux, des peintures étranges et sensuelles de Georgia O’Keeffe et de la guérisseuse chamane, par ailleurs activiste féministe, Vicky Noble. Une collection où dominait une allure gaucho, avec force jupes plissées et chapeaux boléro. Creusant davantage cette veine abondante, Maria Grazzia Chiuri poursuit son remodelage de la veste Bar, et à travers le thème de l’amazone et de l’écuyère contemporaine, célèbre la liberté féminine avec force jupes amples, corsets de cuir et flots de tulle et de dentelles (puisque nous sommes à Chantilly, pays, avec Calais, des derniers métiers traditionnels). La désuète toile de Jouy, parfois jugée mièvre, retrouve avec la créatrice une nouvelle jeunesse et une réinterprétation vigoureuse.


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Amazones, « escaramuzas » et Isabel Allende

Les escaramuzas sont des cavalières traditionnelles mexicaines qui ont revendiqué le droit de participer à la charreada – pratique équestre qui consiste à exécuter plusieurs épreuves en public – au même titre que les hommes. Ces femmes au corps sculpté, vêtues d’un costume qui souligne leur féminité (jupe ample, broderies, couleurs, grand chapeau, fleurs), ont inspiré Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique des collections femme de Dior. Pour les créations de la collection croisière 2019, elle a interprété de manière contemporaine ces éléments qui conjuguent tradition et liberté.

Les jupes amples et extravagantes sont portées avec des vestes cintrées qui accentuent la finesse de la taille, marquée par une ceinture haute. Les différentes matières ponctuent la collection, à l’instar de la toile de Jouy, grand classique de la confection française, qui est revisitée et modernisée avec une série d’animaux sauvages, tels que le tigre et le serpent. Les dentelles, tantôt légères, tantôt opulentes, superposées en volants plissés ou réalisées dans des arrondis parfaits, sont mises en valeur par des bottes noires caoutchoutées contrastant avec des éléments plus contemporains : les jupons en tulle et la veste Bar se transforment pour adopter une attitude affirmée. Le tulle s’épanouit dans la force du rouge ainsi que dans les superpositions de teintes poudrées.


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La puissance de ces femmes solidaires, évoquant les sororités consacrées à la transmission d’un savoir-faire artisanal dans une forme de liberté créative commune, a incité Maria Grazia Chiuri à reprendre une série de matériaux de confection typiques pour les réinterpréter avec des techniques contemporaines. L’image de l’amazone, beauté tourmentée venant de l’Antiquité, l’a également poussée à explorer ce vestiaire qui, dans sa dimension sportive, transgresse les genres. Ainsi, les vestes en coton japonais sont associées à des pantalons de formes variées, à des jupes-culottes et à des jupes dont les plissés rappellent le modèle Drags, robe d’après-midi haute couture imaginée par Christian Dior pour la collection printemps-été 1948. L’allure est parachevée par le sac emblématique Saddle, revisité par Maria Grazia Chiuri, ainsi que par une chemise masculine blanche ou à rayures, et par une fine cravate noire.


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La collection s’articule également autour d’allusions à La Maison aux esprits, premier roman de l’écrivain chilienne Isabel Allende, qui dresse le portrait de figures féminines indépendantes. Les chapeaux de paille à large bord, réalisés par Stephen Jones, sont portés avec des robes blanches, brodées selon des méthodes de confection traditionnelles, avec des incrustations de dentelles déclinées dans des versions graphiques par l’utilisation du noir. Ainsi, Chantilly, ville liée à la tradition de la dentelle, mais aussi à la grande tradition équestre française, offre un cadre unique à cette collection.


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Il pleuvait fort à Chantilly en cette fin mai maussade où se préparait la présentation de la collection Dior croisière 2019. Mais sous le chapiteau fait de rubans de bolduc rayé annonçant la palette de cette nouvelle ligne, l’humeur des éléments n’a pas entaché celle des cavalières-mannequins qui présentaient en caracolant sur le sable alourdi du manège une des lignes les plus...

commentaires (2)

...""L’hiver suivant, avec un premier imprimé équestre emprunté à une scène de chasse à courre de la collection du château de Blenheim, en Angleterre"" Mais quel décor somptueux, chez les Marlborough lieu de naissance de Churchill. Dans le parc du château, on peut admirer les plus beaux cèdres du Liban, immortalisés par mes photos, of course...

L'ARCHIPEL LIBANAIS

11 h 43, le 30 mai 2018

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Commentaires (2)

  • ...""L’hiver suivant, avec un premier imprimé équestre emprunté à une scène de chasse à courre de la collection du château de Blenheim, en Angleterre"" Mais quel décor somptueux, chez les Marlborough lieu de naissance de Churchill. Dans le parc du château, on peut admirer les plus beaux cèdres du Liban, immortalisés par mes photos, of course...

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    11 h 43, le 30 mai 2018

  • """Les escaramuzas sont des cavalières traditionnelles mexicaines qui ont revendiqué le droit de participer à la charreada – pratique équestre qui consiste à exécuter plusieurs épreuves en public – au même titre que les hommes.""" Mais pourquoi la mode dans cette rubrique se décline très souvent au féminin ? Au nom de quoi cette remarque ? Au nom de l’égalité homme/femme ! Quelles sont les nouvelles tendances en cravates cet été ? Si, si, la cravate est toujours de rigueur, même en été, surtout pour un homme qui s’habille avec recherche. Par de fortes chaleurs, (en Europe) le port du bermuda est autorisé ou toléré au travail et à l’école !!! Les nouveautés ? Pour aider la gente masculine à faire son choix… Ceci n’a rien à voir avec votre article, mais c’est ce que j’ai envie d’écrire….

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    11 h 33, le 30 mai 2018

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