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Moyen Orient et Monde - Ghouta

« Le régime de Damas ne tient jamais parole, trêve ou pas »

Les habitants de l’enclave confirment une poursuite des violences ; Moscou dénonce une offensive des rebelles.

Quelques personnes se sont risquées hier dans les rues de Douma, dans la Ghouta orientale. Bassam Khabieh/Reuters

« On ne s’attendait pas à ce que la trêve soit respectée », lance le docteur Mohammad Kharboutly, interrogé par L’Orient-Le Jour via WhatsApp. De Kfarbatna, dans la Ghouta orientale, il dénonce les frappes du régime de Bachar el-Assad et de son parrain russe, malgré le début hier de trêves quotidiennes de cinq heures, de 9h du matin à 14h, décrétées par Moscou lundi. « Le régime de Damas ne tient jamais parole, trêve ou pas. Les avions russes aussi n’ont pas cessé de survoler la Ghouta », affirme-t-il. Selon lui, des avions ont survolé – et bombardé – plusieurs emplacements en matinée. Un dispensaire à Kfarbatna a été touché de deux fusées, qui n’ont fait que des blessés. La localité de Zamalka a également été visée par les frappes, comme celle de Douma, qui n’a connu aucun répit, touchée par les tirs de mortier, les frappes aériennes et les missiles sol-sol. Trois personnes ont été tuées, dont un enfant. À Harasta également, plusieurs personnes ont été blessées par diverses frappes. « Je dois admettre en revanche que la situation est plus calme que les jours précédents. Les quartiers résidentiels sont moins visés que d’habitude. Seulement, au lieu de 7 ou 8 avions, on en entend un ou deux », tient-il à préciser.

Dès l’annonce du début de l’arrêt temporaire des hostilités, les belligérants se sont accusés de l’avoir violé. Plusieurs personnes ont été tuées dans des frappes aériennes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), selon lequel « obus, bombes et barils d’explosifs ont été déversés sur l’enclave rebelle ». Les groupes rebelles auraient quant à eux lancé des roquettes sur les couloirs humanitaires près d’al-Wafidaïn, à la périphérie de l’enclave, pour couper court à la fuite de civils, d’après l’agence officielle SANA. Moscou a également accusé les rebelles d’avoir lancé une « offensive » contre des positions du régime, prenant ainsi la population en otage et empêchant l’ouverture d’un couloir humanitaire ou d’évacuation. 


(Lire aussi : Moscou offre un cadeau empoisonné à la Ghouta)


Pas de convois humanitaires

Pour l’ONU, une aide humanitaire est pour l’instant irréalisable, alors que l’enclave, où vivent quelque 400 000 personnes, est assiégée par le régime depuis 2013, provoquant de graves pénuries en vivres et médicaments. La plupart des hôpitaux et centres médicaux ont été touchés ou détruits par les bombardements, et plusieurs milliers de personnes ont urgemment besoin d’aides. « Aucun convoi humanitaire n’a pu entrer dans la Ghouta orientale, et notre dernier convoi remonte au 12 novembre 2017 », déplore Iolanda Jaquemet, porte-parole pour le Proche et Moyen-Orient du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), interrogée par L’Orient-Le Jour. « En revanche, nous avons déposé une demande pour amener des médicaments, du matériel médical, du matériel pour purifier l’eau et des vivres, qui sont urgemment attendus dans la Ghouta, sans toutefois de nouvelles », indique-t-elle, avant de préciser que la fenêtre de cinq heures offertes actuellement est « absolument insuffisante ». « Notre large expérience en matière de traverser des lignes de front en Syrie nous a appris que très souvent, nous avons besoin d’une journée entière, ne serait-ce que pour passer les checkpoints. Ce sont des processus lents », explique la porte-parole.


(Lire aussi : Grozny 3l'édito de Michel Touma)


Ces violences surviennent après l’adoption, samedi, de la résolution 2401 à l’ONU, qui réclame « sans délai » une trêve humanitaire de trente jours dans toute la Syrie, sans résultat. En visite hier à Moscou, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a tenu à souligner que la Russie était « l’un des seuls acteurs internationaux en mesure d’obtenir la mise en œuvre de la résolution » de l’ONU. Il a également déclaré, lors d’une conférence de presse avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, que trois groupes rebelles de la Ghouta orientale avaient confirmé leur intention de respecter la trêve. Ces factions – Faylaq al-Rahmane, Jaïch al-Islam et Ahrar al-Cham – ainsi que des membres de la société civile se sont engagés hier, dans une lettre consultée par L’Orient-Le Jour et adressée au président en exercice du Conseil de sécurité, le Koweïtien Mansour el-Otaïbi, ainsi qu’au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à « déporter » de la Ghouta les combattants de Hay’at Tahrir al-Cham dans « un délai de 15 jours après le début de la trêve ». Ils s’engagent également à faciliter les évacuations de personnes blessées et malades, ainsi que l’acheminement des aides humanitaires apportées par les convois de l’ONU.




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« On ne s’attendait pas à ce que la trêve soit respectée », lance le docteur Mohammad Kharboutly, interrogé par L’Orient-Le Jour via WhatsApp. De Kfarbatna, dans la Ghouta orientale, il dénonce les frappes du régime de Bachar el-Assad et de son parrain russe, malgré le début hier de trêves quotidiennes de cinq heures, de 9h du matin à 14h, décrétées par Moscou lundi. « Le...

commentaires (1)

C'est le droit de ceux à qui on a voulu comploter contre eux mais qui ont pris le dessus sur ce complot.

FRIK-A-FRAK

21 h 31, le 28 février 2018

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Commentaires (1)

  • C'est le droit de ceux à qui on a voulu comploter contre eux mais qui ont pris le dessus sur ce complot.

    FRIK-A-FRAK

    21 h 31, le 28 février 2018

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