Il y a déjà près de treize ans que le journaliste et écrivain libanais Samir Kassir a succombé dans un attentat à la voiture piégée, le 2 juin 2005. Pourtant, la mémoire de celui que l’on qualifie parfois de « penseur de la révolution du Cèdre » est loin de s’éteindre. La nouvelle édition du prix à son nom montre en effet que sa lutte pour la liberté d’expression et son encouragement à la liberté de penser sont encore bien vivaces.
Récompenser le courage des journalistes
Décerné depuis 2006 par l’Union européenne en collaboration avec la Fondation Samir Kassir, le prix se donne pour but de récompenser des articles et reportages « véridiques, courageux et objectifs ».
Ce prix sera décerné à trois journalistes de la presse écrite ou audiovisuelle, ressortissants des pays du pourtour méditerranéen, du Moyen-Orient et du Golfe. Il récompensera le meilleur article d’opinion, le meilleur article d’investigation, ainsi que le meilleur reportage audiovisuel d’information sur des sujets traitant de l’État de droit, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, les droits de l’homme, la liberté d’expression, le développement démocratique ou la participation citoyenne. L’article doit avoir été soumis dans un organe de presse de l’un des pays des régions susmentionnées ou encore d’un pays membre de l’Union européenne. La fermeture des candidatures a lieu le 10 avril 2018.
Composé de sept membres votants (médias arabes et européens confondus), ainsi que d’un observateur représentant l’Union européenne, le jury remettra à chaque lauréat des trois catégories un prix de 10 000 euros.
Depuis sa création, le prix a déjà attiré plus de 2 000 journalistes du Moyen-Orient, du Golfe et d’Afrique du Nord.
(Pour mémoire : Le cri de révolte de Gisèle Khoury : « Pour quelle République Samir Kassir est-il donc mort ? »)
La dégradation de la liberté de la presse
Après avoir passé en revue le règlement du concours, l’ambassadrice de l’Union européenne, Christina Lassen, et la présidente de la Fondation Samir Kassir, Gisèle Khoury, veuve de Samir Kassir, ont rappelé le danger qu’encourent les journalistes dans les régions du Moyen-Orient, du Golfe et d’Afrique du Nord.
« Le rapport de Reporters sans frontières pour l’année 2017 a montré une dégradation considérable de la liberté de la presse à l’échelle mondiale, et plus particulièrement au Moyen-Orient, où les journalistes sont soumis à des contraintes de toute sorte », s’est alarmée Mme Lassen. Elle a également alerté les démocraties menacées « par la montée en flèche des fausses informations » à l’ère de l’internet. « C’est la 13e année consécutive que nous décernons ce prix, ce qui montre malheureusement qu’il y a un besoin criant de le faire perdurer étant donné que la situation dans plusieurs pays de la région n’a fait que se détériorer », a-t-elle ajouté.
(Lire aussi : Samir Kassir, une cause toujours aussi vivace)
Un nombre accru de violations au Liban
Gisèle Khoury a quant à elle insisté sur « le refus d’abandonner la liberté sous le prétexte de la stabilité ». Elle rappelle qu’en deux mois, 2018 a déjà connu une quinzaine de cas journalistiques, qu’il s’agisse d’attaques, de tentatives d’assassinat ou d’interrogatoires. Dénonçant l’état de la liberté de la presse au Liban avec un « nombre accru de violations contre les journalistes et les activistes sur les réseaux sociaux », elle a encouragé les journalistes à participer massivement au concours cette année. « Nous devons porter un œil tout particulier à la liberté d’expression au Liban, a déclaré Mme Khoury à L’Orient-Le Jour à l’issue de la conférence de presse. Nous ne sommes pas en période de dégradation, mais dans une vraie période de danger pour les journalistes. »
Les règles et les conditions de participation du prix sont disponibles sur le site web de la fondation à l’adresse : www.prixsamirkassir.org.
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commentaires (3)
Nos journalistes sont toujours les plus téméraires et les plus vulnérables. Bonne poursuite de la lutte pour la libre expression ! #respect
Frida Anbar
21 h 18, le 08 février 2018