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Liban - Commémoration

« Il faut raviver l’intifada de l’indépendance »

Le 21 juin 2005, Georges Haoui, ancien secrétaire général du Parti communiste libanais, tombait à Beyrouth, victime d'une bombe placée sous sa voiture. Onze ans plus tard, l'intifada de l'indépendance pour laquelle il s'était battu peine à retrouver la force des débuts, victime du blocage local et des répercussions de la crise syrienne.

Georges Haoui. Photo archives « OLJ »

Le Liban est ébranlé, en 2005, par trois attentats qui touchent des figures majeures de l'opposition à la tutelle syrienne et dont deux appartiennent à la gauche libanaise. Rafic Hariri meurt le 14 février à Beyrouth, suivi de Samir Kassir, le 2 juin à Achrafieh, et de Georges Haoui, le 21 juin à Wata Mousseitbé. « Le jour de son assassinat, je devais voir Haoui pour discuter de la manière d'insuffler un vent de renouveau à l'intifada de l'indépendance. Il fait partie de ces grands symboles qui sont tombés en martyrs. L'utilité de leur lutte est reliée au mouvement politique général », indique à L'Orient-Le Jour l'ancien député Élias Atallah, compagnon de route et témoin de la lutte de Georges Haoui au sein du PCL puis du Mouvement de la gauche démocratique.

« Le 14 Mars n'existe plus. Le seul projet qui existe et qui a besoin d'être ravivé est celui de l'intifada de l'indépendance. Le 14 Mars a échoué dans la représentation de cette Intifada », confie M. Atallah. « Le 14 Mars est une formule d'organisation qui s'est désintégrée à cause des illusions et de l'éloignement à l'égard des attentes des gens alors que l'intifada de l'indépendance est un choix politique, explique-t-il. Le seul hommage que nous pouvons rendre aux martyrs consiste à insister pour retrouver l'emplacement sain à partir duquel l'intifada de l'indépendance a été lancée ».

M. Atallah dénonce par ailleurs « une grande haine de la part de ceux qui veulent mettre la main sur le pays ainsi que leurs alliés ». « Ils en sont arrivés à l'élimination physique et non seulement intellectuelle », constate-t-il. Pour lui, la solution réside dans l'établissement d'un dialogue entre « les forces qui refusent la situation actuelle ». Il exclut toutefois la possibilité de jeter des ponts entre les défenseurs de l'intifada de l'indépendance et les forces du 8 Mars (qui, selon M. Atallah, n'existe plus en tant que tel) « parce que le Hezbollah a laissé tomber les bases essentielles de l'union nationale lorsqu'il s'est engagé dans le conflit syrien ». « Je pense que le partenariat avec le Hezbollah en faveur de l'intérêt national recule jour après jour », ajoute-t-il.

M. Atallah critique en outre la volonté de certains de « noyer la cause essentielle » et qui est celle de l'élection présidentielle. « Nous devons élire un président de la République, reprendre le travail des institutions étatiques et ne pas toucher à la politique financière du pays », prévient-il.

 

(Pour mémoire : Les quatre questions centrales de Georges Haoui)

 

« Tout tourne aujourd'hui autour du Hezbollah »
Pour le journaliste Wissam Saadé, neveu de Georges Haoui, « les concepts de droite et de gauche doivent être remis en question aujourd'hui ». « Haoui a été un pionnier, à la fin des années 80 et début des années 90, quand il a suggéré de revaloriser la gauche libanaise et de la relier au travail de dépassement de la guerre civile, explique M. Saadé. Il est vrai qu'une partie de la gauche a décidé à un moment d'intégrer les rangs du 14 Mars, mais elle a subi le climat prévalant dans les partis libanais ». « Tout tourne aujourd'hui autour du Hezbollah. Il n'y a pas de présence indépendante de la gauche libanaise; elle est soit avec le Hezbollah, soit contre lui. Tant que certains gauchistes continueront à considérer que le Hezbollah est un organisme de résistance, ils lui seront affiliés », ajoute-t-il.

« Le Tribunal spécial pour le Liban reste l'unique cadre pour faire le lien entre les attentats de 2005 et les élucider. Aujourd'hui, le TSL ne suscite plus la même foi enflammée mais il n'y a pas d'autres alternatives pour comprendre ce qui s'est passé. Les gens pensaient que le travail du TSL se terminerait vite et qu'il serait moins compliqué », indique M. Saadé qui ajoute : « Le Hezbollah continue à prendre en considération le TSL ainsi que le danger qu'il pourrait représenter. »

« Rien ne garantit que les attentats ne recommenceront pas de sitôt. Le message de l'explosion qui a touché la Blom Bank (dimanche 12 juin) est que le scénario des attentats n'est pas encore arrivé à sa fin », souligne-t-il. « En 2005, certains mettaient encore en doute la responsabilité de la Syrie dans ces attentats en disant que Bachar el-Assad n'était peut-être pas aussi sanguinaire que son père, mais il s'est avéré être pire que Hafez el-Assad. Il faut toutefois pouvoir remonter à la source et dire qui a donné l'ordre d'exécuter ces assassinats. Il faut également pouvoir relier tous ces crimes entre eux. Nous avons établi le lien, mais il va falloir que le TSL puisse le prouver », indique Wissam Saadé.

Il recense en outre plusieurs types d'attentats perpétrés selon lui par le régime syrien, destinés à brouiller les cartes ou à faire taire certains. « Il y a eu des attentats pour faire diversion et cacher la vérité, d'autres pour que des informations ne filtrent pas au TSL ou pour éviter que la contestation au Liban ne se propage vers la Syrie. Il y a même eu des attentats au sein du régime syrien pour contrôler les accusations et les informations », conclut-il.

 

Pour mémoire

Élias Atallah raconte Georges Haoui : « Le modèle libanais du communisme, le fondateur de la résistance, l'initiateur du dialogue »

Repartir de zéro, par Wissam SAADÉ, politologue et journaliste

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LES MORTS NE RESSUSCITENT PAS... IL FAUT DU NOUVEAU !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 37, le 22 juin 2016

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  • LES MORTS NE RESSUSCITENT PAS... IL FAUT DU NOUVEAU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 37, le 22 juin 2016

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