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Liban - Éclairage

Un nouveau 7 mai aux couleurs d’Amal

Mohamed Azakir/Reuters

À peine les contacts politiques relatifs à la crise du décret de « la promotion 94 » ont-ils abouti à en résorber l’impact sur les institutions, qu’est venue lui succéder une nouvelle crise, « la crise de la vidéo de Gebran Bassil ». La fuite du segment où celui-ci qualifie de « voyou » le président de la Chambre, Nabih Berry, a provoqué une sorte de « coup d’État politique ».

En dépit de l’aveu fait par Gebran Bassil d’avoir failli à son « éthique propre », l’entourage du président de la Chambre lui a réclamé des excuses officielles, qui s’adressent à tous les Libanais, pour avoir attenté au chef du législatif. Certains ont été jusqu’à réclamer la démission de M. Bassil pour « inaptitude à remplir le rôle de chef de la diplomatie ».

En parallèle, le Hezbollah a mené campagne contre Gebran Bassil, en dépit de l’appel au pardon lancé par le président de la République Michel Aoun dans un communiqué avant-hier. Les milieux du Hezbollah reprochent avec virulence au ministre d’œuvrer à éloigner le chef de l’État du parti chiite. Au lieu de clore le dossier, les parties proches de Nabih Berry ont entre-temps opté pour l’escalade. Le mouvement Amal a mobilisé ses partisans dans la rue, en faisant croire à une initiative populaire spontanée. Les manifestants ont atteint le siège central du Courant patriotique libre à Sin el-Fil, qu’ils auraient voulu prendre d’assaut, n’était-ce l’intervention de l’armée. Le chef d’Amal a également mobilisé ses partisans de la diaspora à Abidjan. C’est par effraction que ceux-ci sont entrés à l’ambassade du Liban, avant de sommer le chargé d’affaires de « plier bagages », n’ayant pu reporter la conférence Lebanese Diaspora Energy prévue demain et après-demain dans la capitale ivoirienne, sous l’égide de Gebran Bassil. Cette mobilisation interne et externe, sur incitation de Nabih Berry, fait penser à un 7 mai aux couleurs d’Amal, aux dires d’un observateur.


(Lire aussi : Berry présente ses excuses... et attend celles de Bassil)


Bien que le mouvement de rue de ce parti n’ait pas dégénéré en violence, il n’a pas été non plus interrompu. En politique, l’heure ne serait ni à l’apaisement ni à la réconciliation, celle-ci étant devenue impossible. Pour certains milieux du Courant patriotique libre, la page de « la vidéo de Bassil » est tournée, depuis le communiqué du palais présidentiel. Un document jugé pour l’instant insuffisant par le tandem Hezbollah-Amal, sans des excuses en bonne et due forme de la part du ministre en question.

S’exprimant hier à la réunion hebdomadaire des députés à Aïn el-Tiné, Nabih Berry a assuré que le gouvernement, qui a dû reporter sa dernière réunion par crainte d’une exacerbation des tensions, devrait poursuivre sa marche normale. Il a toutefois prévu des « secousses » ponctuelles qui seraient dues à la crispation politique dans le pays. Une mise en garde qui sonne comme une menace…

Des observateurs indépendants assimilent la démarche du chef du législatif à une tentative de s’arroger un contrôle absolu sur tous les rouages de la vie politique et économique. Et d’acquérir, à cette fin, le pouvoir de blocage des institutions. Ce serait en somme une démarche calquée sur le coup de force du Hezbollah le 7 mai 2008. Prendre la rue serait une manière pour Amal, mais aussi pour le Hezbollah, de signifier au duo sunnito-chrétien, c’est-à-dire au président de la République et au Premier ministre, qu’un pouvoir bicéphale ne sera jamais toléré.

Le tandem chiite tient à imposer la répartition du pouvoir par tiers, qui n’a pas de fondement dans la Constitution. Selon des sources parlementaires ayant participé aux réunions de Taëf, Amal et le Hezbollah tentent d’imposer de facto un amendement de la Constitution.

Par ailleurs, l’ébullition de la rue n’est pas à dissocier de l’échéance prochaine des législatives. À l’heure où une large victoire du tandem chiite est prévue, ce dernier chercherait à discréditer cette lecture, en montrant qu’il n’a pas le monopole de la prise de décision au Liban. Cette crise vient en somme bouleverser de fond en comble le schéma politique, mettre en doute les propos sur une mainmise absolue du Hezbollah sur le pays et pousser à un abandon progressif de la parité instaurée par Taëf. Et sur ces trois points, c’est sans conteste le parti chiite qui tire les ficelles…



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À peine les contacts politiques relatifs à la crise du décret de « la promotion 94 » ont-ils abouti à en résorber l’impact sur les institutions, qu’est venue lui succéder une nouvelle crise, « la crise de la vidéo de Gebran Bassil ». La fuite du segment où celui-ci qualifie de « voyou » le président de la Chambre, Nabih Berry, a provoqué une sorte...

commentaires (8)

MAIS AUSSI ABDICATION DE L,AUTRE !

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 21, le 01 février 2018

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Commentaires (8)

  • MAIS AUSSI ABDICATION DE L,AUTRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 21, le 01 février 2018

  • Yaani, ces demonstrations de rues ne font que confirmer le caractere BALTAGI de ce mouvement....

    IMB a SPO

    11 h 51, le 01 février 2018

  • Même dans le quart monde, l'excuse existe sous plusieurs formes : Je m'excuse - Excusez-moi - Veuillez m'excuser - Pardonnez-moi - Je vous présente mes excuses - Je vous prie d'accepter mes excuses. Etc.

    Un Libanais

    11 h 32, le 01 février 2018

  • DESAMORCER LA CRISE : DEMISSION DE BASSILE ! SON VOCABULAIRE EST IMPARDONNABLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 45, le 01 février 2018

  • L,HEBETUDE CONTRE L,ABRUTISSEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 36, le 01 février 2018

  • Tout le monde se rend compte, depuis des mois, que c'est le parti irano-chiite le Hezbollah qui tire les ficelles dans notre pays, pour un projet qui n'a rien de libanais...mais personne n'a le courage de lui faire face et de lui dire: STOP ! Faudra pas pleurer quand ce sera trop tard, vous l'aurez voulu ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 52, le 01 février 2018

  • Le parti chiite vous dîtes, lequel des 2 voulez vous dire ? Amal ou hezb libanais resistant ? On y perd son taef qui de toute façon deviendra anachronique, les chiites n'accepteront plus jamais qu'on parle en leur nom. Logique ce raz de marée,ils ont bossé dur pour ça.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 17, le 01 février 2018

  • C’est exactement cela !! Et c’est ce que tout le monde pense ... ils veulent imposer une nouvelle règle constitutionnelle ... dommage on les avez prévenu !!

    Bery tus

    06 h 31, le 01 février 2018

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