Les principaux titres de la presse libanaise ont allégrement commenté dans leurs éditions du jour la violente poussée de colère des militants du mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berry, contre le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, s'inquiétant de ses conséquences sur les prochaines législatives, le journal al-Akhbar proche du Hezbollah parlant même de "paralysie du gouvernement".
"L'explosion des tensions menace de déraper vers la sédition !", titre le quotidien an-Nahar, proche du 14 Mars, qui ne cache pas son inquiétude. "Il serait intolérable que les Libanais se réveillent aujourd'hui comme si rien ne s'était passé hier", poursuit le journal qui note, sous la plume de Hoda Chedid, le "silence de Baabda" et le "positionnement du Hezbollah aux côtés de Nabih Berry et de Saad Hariri". Pour an-Nahar, l'affrontement entre le CPL et le mouvement Amal est une "bombe à retardement".
Les propos qui ont fuité de M. Bassil, qualifiant Nabih Berry de "baltaji" (voyou) avaient provoqué une explosion de colère des partisans du président du Parlement. Des dizaines de membres du mouvement Amal avaient coupé plusieurs routes à Beyrouth, à l’aide de pneus brûlés ou de bennes à ordures enflammées, notamment à Mar Élias, Mousseitbé, Ras el-Nabeh, Mazraa, ou Chatila. Des partisans d’Amal ont également bloqué l’autoroute Riyak-Baalbeck dans la Békaa, alors que d’autres ont battu le pavé à Saïda, ainsi qu’à Tyr, au Liban-Sud.
De son côté, le journal al-Joumhouria revient sur le face-à-face entre les partisans d'Amal et ceux du parti aouniste devant le siège du CPL au centre Mirna Chalouhi, à Sin el-Fil. Dans son article relatant les événements, la journaliste Marlène Wehbé évoque "les réminiscences des slogans de la guerre". De son côté, l'éditorialiste Tarek Tarchichi se demande si les événements de la veille constituaient "un début des préparatifs du report des élections législatives".
(Lire aussi : Le conflit politique dérape, la rue se réveille)
"La fin du compromis"
Pour sa part, le quotidien al-Moustaqbal, propriété de M. Hariri, cite le conseiller et porte-parole de M. Berry, Ali Hamdan, déclarant que "ceux qui tiennent des propos irresponsables doivent quitter les affaires publiques". "Ceux qui ont commis une faute doivent en payer le prix", poursuit M. Hamdan. "C'est un minimum que de demander à M. Bassil de présenter ses excuses", conclut-il.
Le journal al-Akhbar titre sur "la fin du compromis", notant que "le gouvernement, le Parlement et le régime sont paralysés". "Il ne manquait plus que ça!", s'exclame l'éditorialiste Ibrahim el-Amine. Le journaliste Nicolas Nassif titre son article du jour : "L'erreur de Bassil, le gendre ne ressemble pas au président". De son côté, Maytham Rizk cite un proche de M. Berry : "Sans excuses, pas de gouvernement ou de régime".
Le CPL et M. Berry s'opposent sur de nombreuses questions politiques, notamment le décret d'avancement de la promotion militaire de 1994. Cette polémique envenime les relations entre le chef de l’État, Michel Aoun (fondateur du CPL), et le président du Parlement depuis des mois. Et depuis quelques jours, une nouvelle crise oppose les deux formations autour du congrès de la "Lebanese Diaspora Energy" organisé par le ministère des Affaires étrangères et prévu les 2 et 3 février prochain. Selon plusieurs sources concordantes, une grande majorité des participants chiites vont probablement boycotter ce rassemblement, "sur directives" de M. Berry.
Ce nouvel épisode dans les relations tumultueuses entre M. Berry et le chef du CPL est à mettre sur le compte de la tension croissante qui se manifeste en amont des législatives, prévues en mai prochain. Les deux hommes étaient déjà à couteaux tirés à cause notamment du refus de M. Berry d’avaliser la proposition de M. Bassil de rouvrir l’inscription des électeurs libanais résidant à l’étranger.
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commentaires (7)
Liban pays super instable on va vers la faillite et chacun cherche le sexe des anges . Triste .
Antoine Sabbagha
17 h 40, le 30 janvier 2018