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À La Une - Liban

Mgr Raï : Ce n'est pas comme cela que l'on bâtit un Etat qui se respecte

Le patriarche maronite appelle les autorités à mettre un terme à la crise de la grille des salaires dans les écoles privées.

Réunion du conseil des évêques à Bkerké, le 1er février 2018. Photo Ani

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a tenu des propos d'une rare violence jeudi contre les responsables politiques libanais après l'explosion du conflit entre le président du Parlement, Nabih Berry, et le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil et réclamé l'intervention de l'Etat dans la crise entre enseignants et écoles privées.

Ces responsables "ont rompu le climat de confiance et de coopération entre eux", a déclaré Mgr Raï à l'ouverture d'un conseil des évêques exceptionnel à Bkerké, consacré à l'application de la grille des salaires pour les enseignants des écoles privées.

"Ils poursuivent jour après jours leurs conflits politiques, personnels, partisans et communautaires (...) en en utilisant le langage de la rue, en bloquant les routes et brûlant des pneus, en ayant recours à des provocations armées et au moyen des motocyclettes", a déploré Mgr Raï, en référence aux manifestations de colère des partisans du mouvement Amal de M. Berry à Beyrouth et sa banlieue, ainsi que dans d'autres régions du pays, mobilisés depuis lundi contre des propos de M. Bassil qualifiant le président de la Chambre de "voyou" ayant fuité.

Le prélat a également dénoncé "le refus de la réconciliation" et "les conditions imposées de part et d'autre" pour des "calculs d'épicier", le tout "au détriment du bien commun, de la bonne marche des institutions et du peuple". Mercredi, M. Berry s'était excusé "auprès de ceux qui ont subi des préjudices à la suite des manifestations populaires" mais réclame toujours des excuses à M. Bassil.

"Ce n'est pas comme cela que l'on bâtit un Etat qui se respecte et qui veut retrouver sa place centrale dans le monde arabe et au sein de la communauté internationale ; et ce n'est pas comme cela que l'on prépare des élections législatives  attendues depuis des années", a lancé Mgr Raï, appelant à tous ceux qui se sentent prêts à agir à se présenter.


(Lire aussi : Berry présente ses excuses... et attend celles de Bassil)


Grille des salaires
Par ailleurs, le patriarche maronite a appelé l'Etat à agir pour mettre fin à la crise de la grille des salaires pour la fonction publique, toujours pas appliquée dans les écoles privées et qui fait l'objet d'un bras de fer entre l'Etat, les établissements scolaires et les parents d'élèves.

"Les écoles privées, tout comme les écoles publiques, qui sont régies par les mêmes lois, doivent être financées de la même façon", a déclaré Mgr Raï à l'issue de cette réunion à laquelle plusieurs représentants des écoles privées et catholiques ont participé. "Les responsables n'ont pas le droit d'invoquer le fait que les caisses sont vides, un argument qui ne fait que les condamner", a-t-il ajouté.

"Nous appelons les écoles à respecter leur engagement de mettre en œuvre la nouvelle grille des salaires", indique un communiqué publié à l'issue de la réunion, appelant l'Etat à assurer le financement des six échelons supplémentaires. Par ailleurs, les participants à cette réunion ont appelé à la création d'un Conseil national supérieur de l'Education, chargé de superviser les lois concernant le secteur privé.

En cours de soirée, le syndicat des enseignants du privé a confirmé la tenue de la grève les 5, 6 et 7 février prochains. "Nous appelons les enseignants à ne signer aucun document officiel qui ne contienne pas (l'augmentation prévue par) la grille des salaires et les six échelons (d'augmentation) et à ne pas abdiquer face aux pressions", a déclaré le syndicat, dans un communiqué rapporté par la chaîne LBCI.


Plus de quatre mois après la publication de la loi 46 sur l'échelle des salaires, les enseignants des écoles privées, dont les écoles catholiques, attendent toujours de bénéficier de toutes les dispositions de la loi, dont des augmentations de salaire. Mais les établissements scolaires dans leur grande majorité, menés par la Fédération des associations privées et le secrétariat général des écoles catholiques, leur refusent les six échelons exceptionnels.

Pour éviter l'augmentation des frais de scolarité, une aide compensatoire de l'Etat, devant financer ces augmentations de salaires, est à l'étude. Une médiation du ministre de l'Education, Marwan Hamadé, est en cours. Les enseignants des écoles privées prévoient de faire grève les 5, 6 et 7 février prochain.



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commentaires (3)

DE QUEL ETAT PARLEZ-VOUS... DE CELUI QUE TOUS LES LIBANAIS REVENT OU CELUI DU FAKIH ?

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 19, le 01 février 2018

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Commentaires (3)

  • DE QUEL ETAT PARLEZ-VOUS... DE CELUI QUE TOUS LES LIBANAIS REVENT OU CELUI DU FAKIH ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 19, le 01 février 2018

  • Si seulement nos politiques avaient la moitié de cette sagesse ...on serait pas là aujourd'hui ! Quel gâchis.

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 47, le 01 février 2018

  • Avec un pays tribal qui grille de tout bord , difficile de discuter de salaires ou de réformes .

    Antoine Sabbagha

    13 h 20, le 01 février 2018

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