Le baromètre politique est en hausse. À l'issue d'une journée marquée par des concertations portant sur les moyens d'appliquer la politique dite de « distanciation » par rapport aux conflits régionaux, la présidence de la République a qualifié ces discussions de « positives ». Après avoir écouté les chefs des partis et formations représentés au gouvernement, le chef de l'État Michel Aoun a fait part au Premier ministre Saad Hariri de la teneur de ces discussions. À cette réunion s'est joint ensuite le président de la Chambre, Nabih Berry. Normalement, les discussions se poursuivront après le retour vendredi du chef de l'État d'Italie, où il effectuera une visite officielle de deux jours.
Des résultats de cette concertation dépendra le sort de la démission provisoirement gelée par le chef du gouvernement. Mais les chances d'une relance de l'exécutif, sans modification de la déclaration ministérielle, sont bonnes, affirme-t-on dans les milieux politiques informés. La reprise des réunions du Conseil des ministres suivra, avec une première réunion présidée au palais présidentiel, sous la présidence du chef de l'État, dont l'intervention fixera les nouvelles règles à observer en matière de « distanciation ».
(Lire aussi : La neutralité, encore et toujours, l'édito de Michel TOUMA)
« Choc positif »
« Je démissionnerai » si l'Iran et le Hezbollah n'acceptent pas le nouvel équilibre politique, a déclaré M. Hariri lors d'une interview télévisée accordée à la chaîne française d'information en continu CNews à la Maison du Centre, sa résidence privée, et diffusée dans la soirée. « Le Hezbollah s'ingère dans les affaires intérieures des pays arabes et c'est à cause de l'Iran », a-t-il ajouté. Mais « je crois que le Hezbollah est en train de faire un dialogue positif », a-t-il enchaîné. « Ils le savent. On doit être neutre dans la région, a-t-il insisté. J'attends la neutralité sur laquelle nous nous sommes mis d'accord dans le gouvernement (...). On ne peut dire quelque chose et faire quelque chose d'autre. »
Le Premier ministre n'a pas caché, par ailleurs, son désir de rester à son poste. « J'aimerais rester Premier ministre », a-t-il déclaré, ajoutant que l'annonce de sa démission avait été un « choc positif ». « C'était une manière de dire aux Libanais qu'il y avait un très grand problème », a-t-il justifié lors de cet entretien conduit par le journaliste français Jean-Pierre Elkabbach.
« Là, on est en train de faire le dialogue, mais moi je voudrais rester », a dit Saad Hariri, en souhaitant une issue positive au dialogue en cours. « Je voudrais que la stabilité du Liban soit la première chose pour tout le monde. »
« Le Liban a besoin de quelqu'un qui rassemble. Et lors de cette année où j'étais Premier ministre, j'ai rassemblé les Libanais », a ajouté le chef du gouvernement. « Ce qui s'est passé, et comment les Libanais se sont réunis autour de moi, montre peut-être que je suis le symbole de la stabilité. J'estime qu'il est de mon devoir de faire régner cette stabilité au Liban. »
(Lire aussi : Figures paternelles et unité nationale, En toute liberté de Fady NOUN)
Avec les ambassadeurs italien et égyptien
Les concertations d'hier ont été suivies de très près par les diplomates accrédités à Beyrouth. C'est ainsi que le Premier ministre a reçu l'ambassadeur italien, Massimo Marotti, qui l'a assuré que l'Italie, en tant que membre du Groupe de soutien international au Liban, se tient aux côtés du Liban dans le défi important auquel son gouvernement est confronté.
M. Hariri a également reçu l'ambassadeur égyptien Nazih Naggari, qui lui a assuré que l'Égypte a l'intention de renforcer le rôle qu'elle joue au Liban et « de lui offrir (son) soutien comme (elle l'a) fait ces dernières semaines ».
(Lire aussi : CPL-FL : une relation « solide » en quête de « baguette magique » ?)
Indiscrétions
En dépit des assurances officielles, des doutes ont été exprimés au sujet de la sincérité des positions exprimées par le Hezbollah. Ainsi, des sources ont relevé que le président du bloc parlementaire de ce parti, Mohammad Raad, est le seul à n'avoir pas prononcé le mot « distanciation », point névralgique de toutes les concertations.
Pour une source bien informée, cette absence n'est pas significative. « Ils ne prononceront jamais ce mot, car il ne figure pas dans leur vocabulaire politique, mais ils se conformeront aux exigences de cet engagement, s'il est pris par le chef de l'État », précise cette source qui souligne que M. Raad a parlé de « concordance de vues », et que ce sont les mots à retenir en l'occurrence. Le Hezbollah souhaite la reprise des réunions du gouvernement, la stabilité politique et la tenue des élections législatives de mai 2018, conclut la source précitée à ce sujet. Ce qui ne met pas l'Iran à l'abri de certaines accusations.
Lire aussi
Le Hezbollah se retirerait vers Qoussair « pour faciliter la tâche à Aoun »
De quoi cette fameuse « distanciation » est-elle le nom ?
Jaafari ben Abdel Aziz ?, l'édito de Ziyad Makhoul
Ce qui pourrait effectivement pousser Hariri à revenir sur sa démission...
Massirat Watan, nouvelle initiative citoyenne dans la perspective des législatives
FL-Futur : une relation « stratégique », troublée par des « vices de forme »
commentaires (5)
ou l'ART DE REVER EN COULEUR et en plus les YEUX OUVERTS!!
IMB a SPO
12 h 16, le 28 novembre 2017