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Liban - Focus

Saad Hariri, à la fois otage et symbole

Des tentatives de brouiller le système de sécurité du convoi du Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, à Beyrouth, ont été observées quelques jours avant sa démission, a rapporté lundi la chaîne al-Arabiya en citant "des sources occidentales". AFP / ANWAR AMRO

Le train de la stratégie régionale saoudienne revue et renforcée semble désormais en marche. Après le tweet du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri dimanche soir, qui a fait taire les rumeurs persistantes sur son arrestation, et dans lequel il posait aux côtés du nouvel ambassadeur d'Arabie saoudite à Beyrouth Walid ben Mohammad al-Yaacoub, c'est une photo de lui tout sourire et serrant la main du roi d'Arabie Salmane ben Abdelaziz qui a fait le tour des médias locaux et régionaux. La nouvelle a été martelée en deuxième titre par la chaîne satellitaire saoudienne al-Arabiya, pendant que le quotidien saoudien al-Riyad mettait à jour son site web en milieu de journée pour publier la photo de la rencontre, texte à l'appui. Une manière de démontrer, avec des preuves par l'image, que le Premier ministre démissionnaire est dans les bonnes grâces de Riyad et que le tapage médiatique orchestré dans le royaume en sa faveur n'est pas prêt de s'arrêter.

Rien n'a filtré sur la teneur des discussions, si ce n'est un tweet du Premier ministre démissionnaire : « J'ai eu l'honneur aujourd'hui de rencontrer le roi Salmane ben Abdelaziz à son bureau au palais al-Yamama. » Durant l'entretien, les deux hommes ont passé en revue « la situation au Liban », où la peur d'un nouveau chaos a été soulignée par les experts après cette démission, a rapporté l'agence officielle SPA.

 

(Lire aussi : Le point d’inflexion de Hariri, l'édito de Michel TOUMA)

 

« Impensable »
Une source parlementaire du courant du Futur interrogée par L'Orient-Le Jour s'est refusée à tout commentaire sur ce point. Mais selon le quotidien al-Riyad, ce sont les poids lourds du pouvoir saoudien qui ont pris part à cette réunion : le ministre de l'Intérieur Mohammad ben Nayef, le ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, le ministre d'État pour les Affaires du Golfe Thamer al-Sabhane ainsi que le ministre d'État Mohammad al-Aybane. La thèse de la visite de courtoisie est donc à écarter et il semble de plus en plus évident que Riyad est en train d'aiguiser une stratégie régionale plus agressive pour contrer son ennemi intime : Téhéran.

Si officiellement, c'est toujours le flou qui plane concernant l'étape à venir – à tel point que même le secrétaire général du Hezbollah a appelé dimanche soir à attendre la suite des événements avant de réagir – il transparaît clairement que depuis cette démission, il y a désormais un « avant » et un « après ». Thamer al-Sabhane l'a d'ailleurs affirmé hier matin dans un tweet : « Le Liban ne sera plus jamais le même. Les dirigeants libanais ont le choix entre faire de leur pays un État de terrorisme ou de paix. » Si l'avant était truffé de compromis et de manœuvres d'équilibriste, l'après sera vraisemblablement fait de confrontations dont la nature reste aujourd'hui à définir. Et c'est probablement sur cela que planchait hier Saad Hariri au palais al-Yamama de Riyad avec les responsables saoudiens.

 

(Lire aussi : Une démission qui n’a pas fini de dévoiler ses secrets..., le décryptage de Scarlett Haddad)

 

Car l'ex-Premier ministre est aujourd'hui tout à la fois otage et symbole. Otage d'un axe anti-moumanaa auquel il appartient naturellement, mais dont le compromis ayant abouti à la naissance de son gouvernement l'avait éloigné. Symbole, car le voilà grâce à cette démission – orchestrée sans aucun doute par Riyad – hissé au rang de leader régional sunnite et pouvant compter sur l'appui de la monarchie saoudienne.

Sa démission « est sans conteste un grand chamboulement, un nouvel élément sur la scène politique. Saad Hariri avait accepté le compromis dans le but de sauvegarder la stabilité du pays. Or il découvre que ceux-là mêmes avec qui il a choisi de pactiser ne veulent en fait rien de moins que mettre la main sur le Liban, le mener à sa perte », affirmait hier à L'Orient-Le Jour la source parlementaire précitée. L'agence saoudienne d'informations qualifie d'ailleurs d'ores et déjà M. Hariri d'ex-Premier ministre alors même que son départ du gouvernement n'a pas encore été accepté par le président de la République Michel Aoun. À la question de savoir quand le Premier ministre démissionnaire se rendrait à Beyrouth – certaines informations faisant état d'un retour au Liban dans les prochaines heures– la source parlementaire souligne qu'« avant même la tentative d'assassinat, ses déplacements n'étaient pas rendus publics par souci de sécurité. À l'heure qu'il est, il est impensable qu'il les rende publics pour des raisons évidentes de sécurité ».

 

(Lire aussi : Une nouvelle politique saoudienne au Liban)

 

Matraquage médiatique
Quoi qu'il en soit, les médias saoudiens ne perdent pas une miette de ce rebondissement politique qui secoue Beyrouth depuis samedi dernier. Okaz titrait hier « Le Hezbollah... l'histoire de la destruction du Liban », avec, en sous-titre, « Les milices, carburant du confessionnalisme iranien », et toujours en toile de fond cette même photo d'un Saad Hariri à l'air grave que la presse saoudienne exploite depuis samedi. Arab News titre pour sa part sobrement : « Le Liban subit les répercussions de la démission-choc de Hariri. » Un autre article souligne de son côté « la colère du Liban vis-à-vis de l'arrogance du président iranien ». Pendant ce temps, al-Arabiya poursuivait soigneusement son matraquage médiatique, notamment dans le cadre de son émission phare Maraya. Avec en filigrane la démission de Saad Hariri, le présentateur n'y est pas allé par quatre chemins hier pour dénoncer l'Iran et l'accuser de tous les maux. « Le Hezbollah a perdu la garantie sunnite, voire la garantie civile qu'il avait obtenue » grâce au gouvernement de Saad Hariri. Et de comparer « l'occupation iranienne du Liban à l'occupation israélienne » dont le pays a été otage « par le passé ».

 

 

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Saad Hariri, à la fois otage et symbole IL AURAIT DU DEMISSIONNER AU LENDEMAIN DE SA NOMINATION POUR EMPECHER LES NOMINATIONS QUI ONT PERMIS AU PARTI DU DIABLE ET A SES SATELLITES D'INFILTRER TOUS LES ROUAGES ET DE CONTROLER TOUS LES SEGMENTS DE L'ETAT

Henrik Yowakim

13 h 52, le 07 novembre 2017

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Commentaires (1)

  • Saad Hariri, à la fois otage et symbole IL AURAIT DU DEMISSIONNER AU LENDEMAIN DE SA NOMINATION POUR EMPECHER LES NOMINATIONS QUI ONT PERMIS AU PARTI DU DIABLE ET A SES SATELLITES D'INFILTRER TOUS LES ROUAGES ET DE CONTROLER TOUS LES SEGMENTS DE L'ETAT

    Henrik Yowakim

    13 h 52, le 07 novembre 2017

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