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Économie - Éclairage

Le blocus ne devrait pas menacer les exportations de gaz du Qatar

Le méthanier qatari le Duhail, l’un des plus grands du monde, franchissant le canal de Suez en 2008. Archives Reuters.

Le blocus diplomatique et économique du Qatar, décidé par l'Arabie saoudite et ses alliés, aura un sévère impact à court terme sur les importations de nourriture, mais les exportations de gaz et de pétrole du petit émirat ne devraient pas souffrir.

La décision coupe le seul accès terrestre pour le Qatar, menaçant ainsi ses importations de produits alimentaires frais et de matières premières nécessaires pour ses projets d'infrastructure de quelque 200 milliards de dollars liés au Mondial 2022 de football, selon des analystes.

Mais les exportations qataries de gaz naturel liquéfié (GNL) et de pétrole, qui procurent plus de 90 % des revenus publics, resteront quasiment intactes. « Environ 40 % de l'approvisionnement alimentaire du Qatar transite par la frontière terrestre avec l'Arabie saoudite », selon une étude d'Anthony Skinner, directeur pour le Moyen-Orient du cabinet de conseil Verisk Maplecroft, citée par l'AFP. Désormais, les autorités qataries « dépendront de plus en plus du fret maritime et aérien, ce qui augmentera les coûts et l'inflation », explique M. Skinner.

 

(Lire aussi : Riyad persiste et signe : Doha doit « changer sa politique »)

 

L'impact a été immédiat puisque des habitants de Doha, paniqués, ont dès lundi pris d'assaut les supermarchés pour se faire des stocks en vivres malgré les assurances du gouvernement qu'il n'y aurait pas de pénurie. L'alternative pour le Qatar est d'importer des vivres d'Iran ou de Oman par voie maritime, et par avion depuis la Turquie, l'Europe et l'Asie du Sud-Est. Un responsable iranien a déjà fait savoir que son pays était prêt à approvisionner le Qatar par bateau, une traversée de 12 heures.

Riyad et ses alliés ont suspendu les liaisons aériennes avec le Qatar et fermé les bureaux de Qatar Airways (voir page 6). Selon M. Skinner, ces mesures obligeraient la compagnie aérienne – déjà affectée par l'interdiction à bord des ordinateurs portables décidée par l'administration Trump – à changer de route, causant des surcoûts d'exploitation.

Bien que les échanges commerciaux du Qatar avec ses voisins du Golfe soient limités, ses exportations vers l'Arabie saoudite, estimées à 896 millions de dollars par l'ONU, seront réduites à zéro. La fermeture du poste-frontière avec l'Arabie saoudite forcera en outre les constructeurs de projets d'infrastructure à importer leurs matériaux par mer, relevant les prix et retardant potentiellement ces projets, a indiqué M. Skinner.

 

(Lire aussi : Les véritables raisons de la colère saoudienne contre le Qatar, le décryptage de Scarlett HADDAD)

 

Gazoduc avec les EAU
Mais il n'y aura pas d'impact sur les livraisons énergétiques du Qatar, qui transiteront par le détroit d'Ormuz en route pour le Japon et l'Asie du Sud-Est. Premier exportateur mondial de GNL, le Qatar en livre annuellement 80 millions de tonnes par méthaniers, mais seules 10 % sont destinées à des pays du Moyen-Orient, dont les Émirats arabes unis et l'Égypte. Sa production pétrolière est de quelque 600 000 barils par jour.
« Je ne vois aucune menace pour les lignes d'exportation d'énergie du Qatar, qui continuera à approvisionner ses principaux clients en Asie », a dit l'expert koweïtien Kamel al-Harami à l'AFP.

Par gazoduc, le Qatar exporte quelque 88 millions de mètres cubes de GNL par jour aux Émirats arabes unis et à Oman. L'Égypte a importé l'an dernier 60 % de ses besoins en GNL du Qatar. Des responsables qataris et émiratis ont indiqué hier à Reuters que le gazoduc continuait à fonctionner et qu'aucune suspension de son activité n'était prévue. « Il est difficile pour les Émirats d'arrêter leurs importations de gaz du Qatar, surtout pendant les mois d'été. Il n'y a pas d'alternative », a affirmé M. Harami.

Le Qatar, qui dispose d'environ 350 milliards de dollars investis à l'étranger, pourrait toutefois voir son secteur bancaire souffrir de la crise, selon James Dorsey du S. Rajaratnam School of International Studies à Singapour. « Les banques du Qatar, déjà en difficulté avec la baisse des réserves de trésorerie et des taux d'intérêt élevés, pourraient être durement touchées si l'Arabie saoudite et les Émirats choisissaient de retirer leurs dépôts », a indiqué M. Dorsey à l'AFP.

La Banque centrale saoudienne a ordonné hier aux banques du royaume de ne plus traiter avec les banques qataries en riyals qataris. Selon Reuters, la Banque centrale émiratie préparait hier une circulaire sur ce sujet.

 

 

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