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Moyen Orient et Monde - Reportage

Dans le gigantesque aéroport Hamad, un calme inquiétant

Un calme inquiétant régnait hier dans le gigantesque aéroport international Hamad de Doha, l'un des plus luxueux au monde, visé par un boycott régional. L'interdiction faite à la compagnie phare qatarie, Qatar Airways, de voler vers l'Égypte, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Arabie saoudite – où sa licence a été retirée – a eu un effet immédiat sur l'aéroport Hamad qui se voulait la « porte d'entrée du Qatar sur le monde ».
« C'est l'aéroport le plus calme que j'ai jamais vu », s'étonnait Katie, en transit pour la Thaïlande. « C'est d'un calme presque inquiétant. » L'immense structure, qui a coûté 16 milliards de dollars (14 milliards d'euros) et qui a été ouverte il y a trois ans, semble en temps normal assez vide en raison de son gigantisme. Hier, l'aéroport était quasiment désert. Avec l'annulation de plus de 30 vols de Qatar Airways au départ et à l'arrivée à Doha, il n'y avait pas de files d'attente devant les comptoirs d'enregistrement. Les navettes de passagers et celles des taxis se faisaient rares devant l'entrée des départs. Dans le hall des départs, une atmosphère de résignation flottait.

Plans chamboulés
Ailleurs dans le Golfe, les clients de Qatar Airways se retrouvaient confrontés à une véritable course d'obstacles pour trouver des vols alternatifs. Des attroupements se sont formés hier devant les bureaux de la compagnie nationale qatarie à travers la région. En Arabie saoudite, les autorités ont décidé de fermer les bureaux de Qatar Airways « d'ici à 48 heures », et les employés de la compagnie, souvent des expatriés, se verront aussi retirer leurs permis de travail et de séjour dans le royaume saoudien. « Tous les vols (de Qatar Airways) ont été annulés », se désolait Marsudi, un Indonésien qui agitait le billet payé par son employeur et qui devait le ramener à Java. « Ils doivent faire quelque chose », ajoutait-il, en l'absence d'informations pour les passagers bloqués. L'aviation civile saoudienne a par ailleurs interdit aux compagnies aériennes du Qatar de survoler le royaume, ce qui devrait entraîner des déroutements, des retards et des surcoûts d'exploitation.
Aux Émirats arabes unis, la situation était aussi confuse pour les passagers des classes affaires et les travailleurs étrangers tentant de regagner leurs pays. « C'est carrément épouvantable », déclarait Farrukh Hafez, qui cherchait à savoir, devant un bureau de Qatar Airways à Abou Dhabi, s'il pouvait utiliser son billet pour rentrer à Manchester. « Si je ne peux pas l'utiliser, je ne pourrai pas voyager. Ça chamboule mes plans d'été et je ne sais même pas si je pourrai trouver un autre vol sur Manchester. »
Sur le site internet de Dubai Airport, également, tous les vols à destination de Doha portaient hier matin la mention « annulé ». Cela concernait au total 27 vols dans la journée. La compagnie Emirates de Dubaï a indiqué à ses clients qu'ils pouvaient soit se faire rembourser leurs billets, soit réserver des places vers d'autres destinations.
Dans ce contexte, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA) Alexandre de Juniac a réclamé hier le rétablissement au plus vite de la connectivité avec le Qatar, dans l'intérêt des compagnies aériennes et des passagers. « Nous admettons bien sûr que les pays aient le droit de fermer les frontières, c'est le droit souverain de chaque pays », mais « il faut rétablir la connectivité avec le Qatar le plus vite possible », a-t-il déclaré, interrogé par l'AFP en marge de la 73e assemblée générale de l'association à Cancùn, soulignant l'importance de frontières ouvertes pour l'industrie, le commerce et la circulation des personnes.
Le directeur général de Qatar Airways Akbar al-Baker a quitté dès lundi l'assemblée générale de l'IATA, qui se terminait hier. « Les États ont le droit d'exercer leur souveraineté, mais nous espérons que la crise va rapidement se dissiper et que l'aviation puisse retrouver un fonctionnement normal », a déclaré à l'AFP Abdul Wahab Teffaha, secrétaire général de l'Arab Air Carriers Organisation qui regroupe 33 compagnies aériennes arabes.
David HARDING/AFP

Un calme inquiétant régnait hier dans le gigantesque aéroport international Hamad de Doha, l'un des plus luxueux au monde, visé par un boycott régional. L'interdiction faite à la compagnie phare qatarie, Qatar Airways, de voler vers l'Égypte, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Arabie saoudite – où sa licence a été retirée – a eu un effet immédiat sur l'aéroport Hamad qui se...

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