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Culture - Dalida et son métier

Le flair, les galbes, la musique et l’accent de Dalida

Archives L’Orient-Le Jour

Sa voix rauque et grave a séduit tous les publics. Son accent anglo-égyptien a amusé tous les auditeurs. Et sa musique, venue des quatre coins de la terre, endiablée ou nostalgique, cadence speedée ou trémolos tristes, a fait danser tous les noctambules, fait se trémousser jeunes et moins jeunes, et porter aux rêves et à une douce mélancolie plus d'une génération.

Mais, par-dessus tout, Dalida, chanteuse aimée de toutes les tranches du public, est un phénomène de spectacle : un brin de jeune femme séduisante, boute-en-train pétillante, tyrannique pour que tout soit parfait, aussi bonne sur scène que devant les caméras des plateaux de TV. Star absolue avec une opulente chevelure à la Bardot (exit la piquante brune des films Misr), danseuse sexy et élégante avec strass, paillettes, fanfreluches et robes glamour hypermoulantes. Tout cela servi sur un plateau d'argent d'un vaste répertoire variété très tour de Babel incluant arabe, espagnol, hébreu, grec, japonais... Plus de 2 000 chansons et plus de 20 millions de disques vendus pour une inspiration à horizons ouverts et une performance confettis, sunlights et gaze, pot-pourri de plus d'un style et d'un courant, bien loin d'une simple ligne droite !

Pour une vie relativement courte, ponctuée de tragédies affectives (54 ans), sa carrière phénoménale, presque toujours au zénith, d'une richesse et d'un succès inouïs, trois décennies auront suffi pour lancer l'ex-miss Égypte Yolanda Gigliotti, dite Dalida (pseudonyme adopté sur les conseils de l'écrivain Marcel Achard) au firmament d'un fracassant vedettariat planétaire.

Les USA l'ont courtisée jusqu'au bout et jusqu'au bout elle les aura bêché ! Orientalo-européenne de cœur et de souche, il n'était jamais question de troquer cette identité et d'en arriver à tout autre compromis. Sa musique le disait, l'affichait, l'infirmait, l'affirmait, le confirmait. Une carrière qui se voulait d'abord non à la chanson, mais aux caméras du cinéma. Petite erreur de vue vite corrigée. La chanson est venue un peu par hasard et tâtonnement. Titanesque est le travail pour se trouver une place au soleil dans le panorama serré au coude à coude des gens de la chanson française entre rythmes marqués, tons sirupeux ou intellectualisme.

 

(Lire aussi : #France 2017 : Dalida, l'édito de Ziyad MAKHOUL)

 

Doctoresse ès remakes
Avec une aisance d'habile caméléon, elle enfile toutes les modes à son doigt et à sa taille. Et fait, du sur-mesure sans faille ! Elle supplante avec brio les plus grands. Et se hisse au top des tops de vente, d'audimat et de présence. Son tour de force est d'avoir non seulement rechanté et recyclé les succès des autres avec plus de succès (innombrables sont ses remakes retentissants), mais aussi elle s'est positionnée, en un volte-face de défi, au cœur des chansons à texte, graves et chargées de poésie. Pour qu'on ne la cantonne pas dans les ritournelles faciles aux paroles insipides et bêtasses.

À 23 ans, elle fonce dans la mêlée et c'est une reprise d'une chanson d'Amalia Rodriguez qui la met dans le peloton des premiers artistes de variétés. Bambino (encore une reprise de Marino Marini), gentille bluette prend le relais et la roue est lancée à vitesse de croisière. Dalida, doctoresse ès remakes et adaptations des tubes des autres à sa voix, son timbre, son accent et sa manière si particulière d'élocution, fera front à tous les courants et à toutes les vagues et déferlantes. Sans jamais se démonter.

Laissant un peu ses airs méditerranéens doux-doux ou espiègles, elle sera plus twist que les plus mordus de twist. Cheveux au vent et chevilles lestes, elle se fera yé-yé plus que les plus fervents et échevelés des yé-yé. Rompue au jeu des hanches, c'est en dansant et agitant les bras telle une pharaonne qu'elle se tourne vers l'Orient et réinterprète Sayyed Darwish à sa façon et en naît un solaire et jouissif Salma ya salamah.

 

(Lire aussi : « Devant Feyrouz au Piccadilly, Dalida a oublié les paroles de ses chansons... »)

 

Ce qui ne l'empêche guère d'alterner des opus d'une intense puissance sentimentale, avec une poigne existentielle tel Ciao amore de Luigi Tenco son amant suicidé ou les chansons cultes, empreintes de sensualité tel ce mythique Il venait d'avoir 18 ans... Sans parler de Gigi l'amoroso, ce tube festif, un vrai baume sur le cœur, un summum de liesse et de frivolité, un détonnant hymne à la liberté de l'amour et que tout le monde a fredonné ou continue à le faire... Oui, elle avait parfaitement le flair, le bon flair, pour ce qui habillait sa voix, sa personnalité, ses galbes, son accent. Et seyait à son tour de chant, sa taille de guêpe et sa chute de rein ! Ce n'est pas pure coïncidence si elle a collaboré avec la fine fleur des compositeurs de son époque.

Les paroles s'en vont et les chansons restent ! Dalida, flamboyante icône qui a marqué plus d'une génération, ADN greffé dans toutes les mémoires, ouragan qui a bouleversé le paysage musical français, tout comme Joséphine Baker ou Mistinguett, est encore omniprésente. Et son ombre plane dans les boîtes les plus allumées et sur les ondes de radio les plus prisées. Diva immortelle ? Le temps le dira. Mais de toute évidence, et une certitude, disco ou pas, trente ans plus tard, nul ne l'a encore oubliée...

 

 

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Sa voix rauque et grave a séduit tous les publics. Son accent anglo-égyptien a amusé tous les auditeurs. Et sa musique, venue des quatre coins de la terre, endiablée ou nostalgique, cadence speedée ou trémolos tristes, a fait danser tous les noctambules, fait se trémousser jeunes et moins jeunes, et porter aux rêves et à une douce mélancolie plus d'une génération.
Mais, par-dessus...

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