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Culture - Festival de Byblos

Astatke et Maalouf, pour l’amour du jazz

Mercredi soir, ce petit port phénicien s'est laissé emporter par des rythmes féeriques. Pendant plus de deux heures, Malatu Astatke et Ibrahim Maalouf ont ensorcelé un public conquis d'avance.

Deux heures de pur bonheur avec Malatu Astatke et Ibrahim Maalouf qui ont enflammé un public déjà acquis d’avance. Press Photo

L'un Éthiopien, l'autre fils du pays. L'un maître incontournable des percussions, l'autre magicien de la trompette. L'un père de l'ethio-jazz, l'autre du jazz-rock fusion. Chacun à son tour, chacun à sa façon, Malatu Astatke et Ibrahim Maalouf nous ont plongés pendant plus de deux heures au cœur de nos racines orientales. En tout dépaysement.

Le premier, du haut de ses 70 ans, a donné le ton au concert dès les premières notes. Malatu, comme un chef d'orchestre, a rassemblé ses musiciens autour de lui dans la plus grande harmonie. Ensemble, ils ont réussi à dépayser un public très réceptif, où l'on pouvait voir quelques ressortissants éthiopiens. D'un morceau à un autre, le paysage changeait. On quittait le vieux port de Jbeil pour se retrouver sur une plage de Rio, les pieds dans le sable. On s'arrachait du cadre magique de la citadelle de Byblos pour mieux s'imaginer dans les rues de Cuba. Et avec Magical River et Motherland, les larmes aux yeux, on s'est retrouvé comme par enchantement en Éthiopie, une terre que l'on connaît si peu finalement. C'est dans un standing ovation que le groupe a quitté la scène après plus d'une heure de concert.

En toute intimité
Place au très attendu Ibrahim Maalouf, une fierté nationale. Changement de registre : ambiance plus rock, plus sombre, plus orientale. Maalouf est entré en scène accompagné, entre autres, de trois trompettistes, trois complices parfaitement synchros.

Avec son public, Ibrahim a partagé confessions et aveux un peu coupables. « Je vais parler en français parce que mon arabe est ridicule » ou, « ma mère me dit toujours que je parle trop ». Il a d'ailleurs interrompu son solo de trompette pour accueillir sur scène Tania Saleh qui a chanté, pour la première fois en français, La Javanaise. Il a ensuite continué son solo, comme si de rien n'était.
Il a aussi repris son tube, Beyrouth, invitant le public à fredonner cet hymne à la capitale. Il l'a découverte un beau jour de 1993, en se promenant dans ses rues qui ont bien changé depuis, un morceau de Led Zepplin à fond dans les oreilles. On comprend mieux maintenant la fin hard-rock de la mélodie. Une façon aussi de laisser s'exprimer la colère que l'on ressent à 30 ans...

Les premières notes de Raje3 raje3 yet3ammar Lebnan ont fini par enflammer un public déjà conquis. Certains, surpris peut-être par cette ambiance trop rock, n'ont pas daigné attendre la fin du concert. « Ah, on vous a dit que c'était du jazz ? », ironise l'artiste. Et, pour finir en beauté, Ibrahim Maalouf a été rejoint sur scène par une dizaine de trompettistes de l'École de trompette libanaise.


Après ces deux heures de rythme, le temps est au bilan. Qui de Malatu ou d'Ibrahim a fait le plus rêver ? Les avis sont partagés. Ce qui est sûr, c'est que ces deux artistes ont mis l'accent sur le paradoxe qu'est le Liban. D'un côté, on mène une quasi-guerre à Ersal, de l'autre, on joue de la musique à Jbeil. D'un côté, on offre son corps, de l'autre, son âme.

 

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