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Liban - Liban

Vers un vide présidentiel... à moins d’un arrangement de « dernière minute »

La quatrième séance électorale a été reportée au 22 mai, en l'absence de données qui présageraient d'un changement de configuration.

À la sortie du Parlement, le chef du Front de lutte nationale, Walid Joumblatt. Photo Sami Ayad

La quatrième séance électorale a été reportée hier à cause d'un défaut de quorum, provoqué par une énième absence du 8 Mars, à l'exception du bloc du président de la Chambre. Le même scénario des deux précédents reports s'est répété avec, en moins, l'espoir qui avait quelque peu persisté jusque-là de tenir une élection « purement libanaise ».
Alors que s'ouvrait hier la période des dix derniers jours du mandat présidentiel, où le Parlement siège en collège électoral, la condition du quorum des deux tiers, pourtant controversée, n'a été évoquée que subsidiairement par les 73 députés qui se sont rendus à l'hémicycle. Le député Robert Ghanem est même allé jusqu'à contester la proposition du candidat du 14 Mars, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, d'amender la Constitution pour mettre un terme au blocage. « Les amendements ont saboté le pays », a-t-il dit.


Quelques élans agressifs se sont manifestés hier pour rappeler l'impératif d'élire un nouveau chef de l'État. Le député Kataëb Samy Gemayel a appelé à « décréter l'état d'urgence parlementaire », qui devrait se traduire par « une convocation quotidienne à des séances électorales avant l'expiration du mandat présidentiel ». Le député FL Antoine Zahra a également lancé un appel dans ce sens, « puisque la période de nomination d'un président par l'extérieur est révolue ».

 

(Lire aussi : Présidentielle : La politique du bord du gouffre se poursuit)


Ces appels resteront vains, selon les milieux proches du président de la Chambre. Il a ainsi fixé la prochaine séance au 22 mai en l'absence de nouvelles données qui présageraient d'un changement de configuration.
Le Front de lutte nationale continue de croire en une entente de « dernière minute », comme l'a affirmé le député Akram Chehayeb, révélant « des efforts pour un consensus, local et régional, en faveur du candidat sérieux que nous soutenons, Henry Hélou ». Mais les députés du Futur semblent plutôt préoccupés par la période postérieure au 25 mai. Certains dénoncent « la gravité » de la situation qui suivrait le vide présidentiel, mais reconnaissent l'influence qu'aura le rapprochement irano-saoudien, « lorsqu'il aura mûri, c'est-à-dire vers septembre ».
Ils veillent à écarter toutefois le lien entre cette entente et les chances pour le chef du CPL, le général Michel Aoun, de décrocher le soutien du président Saad Hariri. « Si le courant du Futur avait l'intention de répondre positivement au général Aoun, il l'aurait fait il y a belle lurette », a affirmé Ahmad Fatfat, laconique, tout en se montrant positif quant au maintien du contact entre le ministre Gebran Bassil et Saad Hariri, après leur dernière rencontre en Arabie saoudite.


En ce qui concerne les conséquences du vide, plusieurs problématiques pointent déjà. La première est liée à la compétence du Parlement à légiférer après le 25 mai, date d'expiration du mandat présidentiel. Si le président de la Chambre a déjà tranché la question en faveur de cette compétence, en fixant au 27 mai une séance de vote de la nouvelle grille des salaires, les députés chrétiens laissent entendre qu'ils boycotteront les activités parlementaires en cas de vide présidentiel. L'enjeu est clairement de protéger la valeur de la plus haute charge occupée par un chrétien, en démontrant que le fonctionnement des institutions ne saurait s'en dissocier.

 

(Voir: Qu'attendez-vous du prochain président libanais?)

 

« Une entente est possible »
Mais la décision n'a pas encore été prise officiellement dans ce sens. Le ministre Sejaan Azzi, présent à l'hémicycle, a précisé à L'Orient-Le Jour que « cette démarche doit nécessairement être officialisée par une décision prise par le comité exécutif des Kataëb ». Il reste qu'elle s'inscrit, comme il l'affirme, dans le prolongement naturel de l'initiative du président Amine Gemayel pour « sauver la présidentielle ». Il aurait pris cette initiative « non point en tant que candidat, mais en sa qualité d'ancien chef national et de président des Kataëb », rappelle le ministre. À la question de savoir si le président Gemayel pourrait être le candidat consensuel à même de débloquer l'échéance, il répond : « Oui, une entente est possible. »
Le député Ahmad Fatfat a réitéré pour sa part, d'une manière générale, « la solidarité du bloc du Futur avec les chrétiens ». Cette solidarité se serait traduite jusque-là par l'abstention du Futur de boycotter un candidat potentiel, fût-il le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun. Elle se serait également exprimée lorsque le Futur a incité les parties chrétiennes du 14 Mars à s'entendre sur la candidature de Samir Geagea, avant de la soutenir.
Sur le possible boycottage des séances parlementaires après le 25, le bloc du Futur n'aurait toujours pas pris de décision, le débat étant en cours sur la question. Certains estiment que le Parlement ne pourra légiférer que « sur des questions urgentes ». Encore faudra-t-il définir l'urgence.

 

(Repère: Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise)

 

« Faire exploser le gouvernement »
Une autre question a été débattue hier lors des conversations à bâtons rompus avec les députés : celle d'une éventuelle paralysie du gouvernement si le vide présidentiel était instauré.
Les milieux du 8 Mars défendent un avis constitutionnel selon lequel le gouvernement, qui exerce les compétences du chef de l'État en cas de vide présidentiel, ne peut prendre ses décisions qu'à « l'unanimité ». Cette approche serait « sans fondement », selon des députés du Futur.
« Il existe actuellement un gouvernement qui exerce toutes ses prérogatives, qui a réussi à mettre en œuvre efficacement les plans sécuritaires et à procéder à une série de nominations administratives, par ailleurs très satisfaisantes », précise Ammar Houry, avec le souci de démontrer la capacité du pays à s'autogouverner, et donc à honorer l'échéance présidentielle. « Quoi qu'il en soit, les esprits se seraient certainement apaisés après le 25 mai », a-t-il conclu.
Pourtant, d'autres députés du Futur se montrent plus sceptiques et mettent en garde contre une « volonté de faire exploser le gouvernement », une fois le vide présidentiel « obtenu » par les parties qui boycottent les séances électorales.

 

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commentaires (8)

BIDDON YIRTOU ÉKHÉR DA2IAA IL CHIRWÉL ? BI CHOU ? À LA SAUCE CAMÉLÉONISTE OU GOUPILISTE ?

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 08, le 16 mai 2014

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Commentaires (8)

  • BIDDON YIRTOU ÉKHÉR DA2IAA IL CHIRWÉL ? BI CHOU ? À LA SAUCE CAMÉLÉONISTE OU GOUPILISTE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 08, le 16 mai 2014

  • Sauf miracle le vide présidentiel est bel et bien instauré.Le Liban veut un homme fort ayant un passé propre .

    Sabbagha Antoine

    13 h 37, le 16 mai 2014

  • Le binsaoud en bas ca dort , est alle voir notre Patriarche , en ce moment il doit l'informer de quelque chose qui sent pas tres bon pour le candidat farceur ....L 'annonce sera faite lundi , pour pas gacher le W.E de certains ...

    FRIK-A-FRAK

    13 h 12, le 16 mai 2014

  • ARRÊTONS DE TOURNER AU ROND. LA PERSONNE RESPONSABLE DE CETTE SITUATION S'APPELLE WALID JOUMBLATT. IL FAUT LE NOMMER ET LE POINTER DU DOIGT. C'EST BIEN LUI QUI NOUS A AMENÉ LE HEZBOLLAH AU POUVOIR ET C'EST BIEN LUI QUI DÉTIENT LA CLEF POUR NOUS LIBÉRER UN PEU. DONC CET INDIVIDU TRAVAILLE CONTRE LE PAYS DEPUIS. C'EST UNE TRADITION DANS LA FAMILLE. SON PÈRE KAMAL NOUS A AMENÉ LE FAMEUX SLEIMAN FRANGIEH QUI A SACCAGÉ LE PAYS.

    Gebran Eid

    12 h 53, le 16 mai 2014

  • Les députés du 8 Mars, y compris ceux du bloc du changement et de la réforme, qui, sous l'ordre et le leadership du Hezbollah, sont en train de boycotter les séances parlementaires destinées à l'élection d'un président de la République, sont tout simplement en train de commettre un crime contre le Liban et la Constitution. Oui, c'est une crime d'oeuvrer pour le vide à la présidence de la République, comme le dit pratiquement le patriarche maronite. Il a absolument raison. Le devoir constitutionnel de ces députés est de se présenter à l'hémicycle de la Chambre et de voter. Ils n'acceptent pas la candidature du chef du parti des Forces libanaises ? On s'en fout. Qu'ils ne votent pas pour lui, qu'ils votent en blanc, que certains d'entre eux étalent leur enfantillage comme ils l'on fait à la première séance et votent pour leur grand'mère s'ils le désirent, mais qu'ils votent. Leur devoir est de voter et de ne pas commettre un crime contre le Liban et sa Constitution.

    Halim Abou Chacra

    11 h 52, le 16 mai 2014

  • Un dernier arrangement.... plutôt Catastrophique !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 04, le 16 mai 2014

  • TOUT ARRANGEMENT NON DÉMOCRATIQUE EST UNE "INSULTE" LANCÉE SUR LA FACE DU PAYS ET DE SON PEUPLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 16 mai 2014

  • N'ayant aucune légitimité du fait même qu'ils se sont auto-prorogé, ils ne sont donc pas habilités à élire un nouveau président avant qu'ils ne soient eux-mêmes remplacés suite à de nouvelles élections législatives avant même tout présidentielle.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 55, le 16 mai 2014

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