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Bonne vacance !

À chaque fin de mandat présidentiel, c'est le même gag : la bananeraie locale, cette virgule du Levant ingouvernable, est secouée par une pléthore de candidats qui se bousculent au portillon du palais, comme si l'enjeu mirobolant en était le gouvernement de la principauté du Liechtenstein ou du Grand-Duché de Luxembourg.
Tous les postulants, tous sans exception, sont prêts à se sacrifier pour tirer le Liban du purin. Touchante abnégation, larmoyante émotion et... Koullouna ! Préparez vos mouchoirs et grattez bien la chair de poule ! Aucun fauteuil n'est trop cher pour d'aussi augustes rondelles.
Autour d'eux, bien sûr, frétillent la truellée des lécheurs qui manient avec dextérité la brosse à reluire, sans doute avec l'espoir d'un retour rapide sur investissement. Sans oublier aussi ceux qui ont déjà investi et récolté, mais ayant encore une petite faim, négocieraient bien une rallonge au bail de l'actuel locataire du Château. Comme ce dernier n'attend plus que le 24 mai pour déguerpir en se bouchant le nez, ils l'auront profond dans le baba le jour de l'extinction des feux et de la fermeture des portes à double tour.
Déjà que le Parlement n'est plus qu'une coque vide depuis qu'il s'est magistralement autoprorogé, infoutu de pondre en quatre ans de mandat une loi électorale présentable. La politique est merveilleuse quand il n'y a pas d'électeurs !
Reste le gouvernement de Tonton Tammam, qui va probablement s'effilocher comme une chiffe molle le jour où le quarteron de barbus qui y pantouflent décideront de le larguer. Bref, plus de président, plus de Parlement et bientôt plus de gouvernement. Il y a pire que l'abus de pouvoir : c'est l'abus de vacance du pouvoir.
La politique au Liban, il y a les Iraniens et les Saoudiens qui la font... et les Libanais qui en parlent. Les premiers leur font miroiter des théocraties obscurantistes assorties de victoires divines, les seconds leur agitent des biftons verts en gavant en sous-main les excités de la barbe frisottée et de la chemise de nuit.
Une course aussi effrénée qu'inutile, parce que ce pays ne pourra jamais se payer un vrai chef d'État. La raison est pourtant simple : il y a trop de chefs et pas la moindre trace d'État.

gabynasr@lorientlejour.com

À chaque fin de mandat présidentiel, c'est le même gag : la bananeraie locale, cette virgule du Levant ingouvernable, est secouée par une pléthore de candidats qui se bousculent au portillon du palais, comme si l'enjeu mirobolant en était le gouvernement de la principauté du Liechtenstein ou du Grand-Duché de Luxembourg.Tous les postulants, tous sans exception, sont prêts à...

commentaires (5)

Pas la moindre trace d'état car tout le monde refuse l'état.Triste logique .

Sabbagha Antoine

13 h 58, le 16 mai 2014

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Commentaires (5)

  • Pas la moindre trace d'état car tout le monde refuse l'état.Triste logique .

    Sabbagha Antoine

    13 h 58, le 16 mai 2014

  • Comme vous avez raison, M Nasr, en disant : "le locataire du château n'attend que le 24 mai pour déguerpir en se bouchant le nez" pour se protéger de la puanteur de cette classe politique. Et dire que des lécheurs de bottes des tutelles ne cessent de prétendre, même à la dernière minute, qu'il désire la prorogation de son mandat !

    Halim Abou Chacra

    12 h 09, le 16 mai 2014

  • Merci Monsieur Nasr, pour votre lucidité explicitée ,nous comprenons hélas ..., que dans la succession de la bananeraie locale ...ils ont volé les bananes et nous ils laissent ...que les tronc et la république....!

    M.V.

    11 h 48, le 16 mai 2014

  • Marrant , et aussi transposable dans n'importe quelle republique a la veille d'election presidentielle ...

    FRIK-A-FRAK

    09 h 39, le 16 mai 2014

  • "Ce pays ne pourra jamais se payer un vrai chef d'État. La raison est pourtant simple : il y a trop de chefs et pas la moindre trace d'État." ! L i m p i d e.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 15, le 16 mai 2014

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