Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Présidentielle : La politique du bord du gouffre se poursuit

Une vue de l’hémicycle où, à peine entrés, les députés s’en sont retirés. Photo Sami Ayad

À dix jours de l'expiration du mandat de Michel Sleiman, le pays entre dans la dernière ligne droite avant... l'inconnu. Au cours des dix prochains jours et selon la Constitution (article 45), la Chambre des députés fonctionnera uniquement comme collège électoral, et non plus comme assemblée délibérante. Mais ces dispositions constitutionnelles ne semblent pas impressionner outre mesure les blocs parlementaires, engagés dans une espèce de politique du bord du gouffre qui devient de plus en plus périlleuse. Une politique démoralisante pour la population, et que le patriarche maronite et beaucoup d'autres considèrent comme étant d'une « légèreté criminelle » envers le Liban et les Libanais, entraînés comme ils le sont dans une dérive de non-droit..


Entre-temps, au palais présidentiel de Baabda, les préparatifs du départ s'accélèrent. Pour le chef de l'État et son épouse, ils sont même achevés. C'est dans sa résidence à Yarzé que le couple présidentiel a passé la nuit, et le président Sleiman ne se trouvera plus au palais présidentiel que durant la journée.
Avant son départ, le chef de l'État prononcera encore trois discours Les deux premiers au Chouf, demain samedi, au cours de la cérémonie de réconciliation et de retour de la population chrétienne à Brih, et la pose de la première pierre d'un hôpital gouvernemental portant son nom à Deir el-Qamar ; le troisième le 24 mai, dernier jour de son mandat, devant les membres du Conseil des ministres et tous les hauts fonctionnaires qui l'ont assisté au palais présidentiel.

 

(Lire aussi : Vers un vide présidentiel... à moins d'un arrangement de « dernière minute »)


Dans ses discours, le président fera un bilan de son mandat, de ses points forts, de ses réalisations et de ce qu'il reste à faire pour bâtir les institutions. Il réclamera le respect des échéances constitutionnelles et insistera sur l'importance d'une politique de neutralité par rapport aux axes régionaux qui traversent le Liban et, ce faisant, le déchirent.


Parallèlement aux préparatifs de départ, le premier ministre, Tammam Salam, se rendra au début de la semaine prochaine en Arabie saoudite pour une visite d'un jour au cours de laquelle il sera reçu par le roi Abdallah d'Arabie, à qui il remettra une lettre de remerciements du président Sleiman pour tout ce qu'a fait et continuera de faire le royaume wahhabite pour le renforcement de l'armée libanaise, en particulier le don de 3 milliards de dollars qui doit en assurer en partie le rééquipement.
Selon certaines informations, M. Salam rencontrera également le prince héritier Salman ben Abdel Aziz et quelques autres responsables du royaume.

 

(Voir: Qu'attendez-vous du prochain président libanais?)

 

Sur le plan constitutionnel
Sur le plan constitutionnel, la phase actuelle est marquée par des interprétations divergentes des articles qui gouvernent l'échéance, et notamment l'exercice de ce que certains députés considèrent comme « le droit » de s'absenter de la séance parlementaire convoquée par le président de la Chambre.
Par ailleurs, pourra-t-on légiférer après l'expiration du mandat présidentiel ? Oui, estime le président de la Chambre. Oui, jusqu'au 31 mai, précise le constitutionnaliste Hassan Rifaï, qui assure que la Chambre peut continuer à légiférer, en dehors des cas où elle se réunit en collège électoral. Passé ce délai, qui marque la fin de la session d'hiver ordinaire de la Chambre, une session extraordinaire doit s'ouvrir, dont les grandes tâches sont définies par le bureau de la Chambre.
En tout état de cause, la Chambre a été convoquée hier en collège électoral, le 22 mai, et en assemblée délibérante pour examiner la grille des salaires, le 27 mai.


Cette dernière séance, toutefois, reste aléatoire et pourrait ne pas se tenir, faute de quorum, si le président n'était pas élu. Cette fois, ce sont les blocs du 14 Mars qui se serviraient de cette arme pour bloquer toute activité parlementaire afin de protester contre la vacance présidentielle.
L'une des autres questions hypothétiques qui se posent porte sur le vote en Conseil des ministres en cas de vacance présidentielle. Les décisions du gouvernement, dans ce cas, devront-elles être prises toutes à l'unanimité où la règle du vote tient-elle toujours ?

 

(Repère: Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise)

 

Conseil des ministres
Un Conseil des ministres se tient aujourd'hui au Sérail gouvernemental, dont on espérait d'abord beaucoup, mais qui en définitive ne sera pas à la hauteur des espoirs politiques. En effet, des nominations, notamment au Conseil militaire, étaient attendues aujourd'hui. Elles n'auront pas lieu, assure-t-on de source informée, l'ancien commandant en chef de l'armée, le général Michel Aoun, s'y opposant. En fait, cette querelle remonte au printemps dernier, quand le mandat du commandant de l'armée, Jean Kahwagi, a été prorogé malgré l'opposition de M. Aoun, qui voulait voir son gendre, le général Chamel Roukoz, succéder à l'officier. Aujourd'hui, le chef du CPL cherche par tous les moyens à déchoir le général Kahwagi de son titre pour empêcher que sa position ne le catapulte à la présidence de la République.


Et pour en finir sur une note d'optimisme prudent, selon des sources politiques, le secrétaire général du Hezbollah, qui prononcera un discours à l'occasion du 24 mai, fête de la Libération du Liban-Sud, pourrait soulever ce jour-là l'affaire de la présence armée du Hezbollah en Syrie et un possible retrait des milices de son organisation, maintenant que l'armée syrienne semble s'être sortie de la mauvaise passe qui a justifié, à ses yeux et aux yeux du régime syrien, leur intervention.
Avec la possibilité d'un rapprochement saoudo-iranien, ce possible retrait pourrait paver la voie à un plus grand rapprochement qui serait salutaire pour le Liban et la présidence.

 

Lire aussi

Bonne vacance !, le billet de Gaby Nasr

Geagea impute le torpillage des séances surtout aux chrétiens du 8 Mars

L'élection présidentielle exige un sursaut national des députés...

 

 

 

À dix jours de l'expiration du mandat de Michel Sleiman, le pays entre dans la dernière ligne droite avant... l'inconnu. Au cours des dix prochains jours et selon la Constitution (article 45), la Chambre des députés fonctionnera uniquement comme collège électoral, et non plus comme assemblée délibérante. Mais ces dispositions constitutionnelles ne semblent pas impressionner...

commentaires (4)

Il vaut mieux ne pas etre marie que mal accompagne .

FRIK-A-FRAK

09 h 44, le 16 mai 2014

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Il vaut mieux ne pas etre marie que mal accompagne .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 44, le 16 mai 2014

  • "A vieux mulets, freins dorés !".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 38, le 16 mai 2014

  • ET L'ABRUTISSEMENT S'APPROFONDIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 27, le 16 mai 2014

  • En effet, tous de parfaits affidés à l'étranger ! Les Français auraient dû rester comme "protecteurs", au moins vingt ans de plus. Ç’aurait été, et de loin, plus honorable pour eux.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 00, le 16 mai 2014

Retour en haut