Le cheikh Hachem Safieddine. Photo d’archives/ANI
Une fois de plus, le Hezbollah prouve qu’il est bien plus qu’un parti politique doté d’un arsenal jugé « illégal ». Il s’agit d’une formation dont la structure est parfaitement autonome par rapport à l’État et son autorité. Même s’il s’efforce de se présenter comme « complémentaire » des autorités.
C’est à l’heure où le gouvernement libanais déploie de grands efforts pour résoudre la grave crise suscitée par le coronavirus, non sans craintes d’une possible saturation des hôpitaux, que le parti de Hassan Nasrallah a annoncé un plan complet pour faire face à ce problème sur le double plan sanitaire et matériel.
Dans une interview accordée mercredi à la chaîne al-Manar, organe médiatique du parti chiite, le sayyed Hachem Safieddine, président du conseil exécutif du Hezbollah, a exposé le plan en détail. « 1 500 médecins, 3 000 infirmiers et secouristes, ainsi que 5 000 cadres sanitaires et de service et 15 000 déployés sur le terrain (un total de 24 500 personnes) seront chargés de lutter contre le coronavirus », a-t-il déclaré.
Et le dignitaire chiite de poursuivre : « Nous avons entièrement consacré l’hôpital Saint-Georges (Hadeth) aux malades atteints de cette épidémie, sachant que les autres patients (non atteints du coronavirus) seront transportés à l’hôpital al-Rassoul el-Aazam. » « Nous avons loué des hôpitaux privés, afin de pouvoir les utiliser en cas de besoin, et formé 15 000 personnes à la lutte contre le virus », a ajouté le sayyed Safieddine, faisant savoir que cent ambulances sont équipées pour transporter les porteurs du virus, et 25 autres sont dotées de respirateurs.
Indiquant que son parti a mis en place des centres de quarantaine et d’isolation, ainsi que d’autres consacrés au diagnostic et aux examens de santé, le cadre du Hezbollah a fait valoir que les ingénieurs du parti ont déjà commencé à mettre en place un modèle de respirateur conformément aux critères mondiaux.
« Outre ce projet, nous avons élaboré un plan pour venir en aide aux familles dans le besoin, en leur fournissant de la nourriture et des produits de stérilisation », a-t-il encore dit, précisant que pendant un mois, trois milliards de livres libanaises ont été débloqués sous forme d’aides financières et de droits légaux. Il faisait ainsi allusion au « khoms », c’est-à-dire un cinquième des profits enregistrés par les fidèles (musulmans) et qui devrait être réservé aux donations et actions de bienfaisance.
(Lire aussi : Mièvre fièvre, le billet de Gaby NASR)
Hachem Safieddine a tenu à préciser que son parti ne se présente pas comme substitut à l’État, « mais lui fournit son aide pour faire face à la sérieuse menace » que représente le Covid-19. « Nous sommes prêts à répondre favorablement à toutes les demandes du ministère de la Santé », a lancé le dignitaire chiite.
Mais en dépit de ces assurances, le plan, ses dispositions et les énormes chiffres qu’il présente ne sont pas sans susciter des interrogations autour d’une éventuelle coordination entre le ministère de la Santé et le parti de Hassan Nasrallah. D’autant que le ministre de la Santé, Hamad Hassan, est perçu comme gravitant dans l’orbite du tandem Amal-Hezbollah.
Une source proche du ministère de la Santé confie dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que les partis politiques désirant aider l’État à affronter le défi du coronavirus ne sont pas tenus d’en informer le ministère de la Santé, dans la mesure où tout le monde devrait assumer ses responsabilités sur ce plan.
Ce point de vue, Ghassan Hasbani, ex-ministre de la Santé (Forces libanaises), ne le partage pas. « Il est vrai que nous devons tous contribuer à résoudre la crise. Mais les partis politiques devraient œuvrer pour renforcer le pouvoir et le prestige de l’État, et non essayer de s’y substituer », souligne M. Hasbani à L’OLJ, assurant qu’aucune coordination entre le ministère et le Hezbollah n’a précédé le lancement du plan. « Certains protagonistes ne reconnaissent pas l’État et son autorité », déplore-t-il.
« Un modèle à suivre »
De son côté, le Hezbollah préfère naturellement ne pas se noyer dans ce genre de querelles politiqueset s’emploie à s’imposer comme « partenaire » de l’État. Celui-ci n’est pas « responsable seul » de la crise du Covid-19, déclare à L’OLJ un proche du parti chiite. Selon lui, le Hezbollah se tient aux côtés du ministère de la Santé et ne fait qu’assumer ses responsabilités en tant que parti politique qui devrait protéger ses partisans, mais aussi tous les Libanais. « Nous ne critiquons pas l’action du gouvernement. Mais nous lui présentons le modèle à suivre en temps de crise », dit-il, avant de conclure : « Nous sommes un partenaire de l’État et nous pratiquons aujourd’hui la résistance sociale, aux côtés de celle à caractère militaire. »
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Une fois de plus, le Hezbollah prouve qu’il est bien plus qu’un parti politique doté d’un arsenal jugé « illégal ». Il s’agit d’une formation dont la structure est parfaitement autonome par rapport à l’État et son autorité. Même s’il s’efforce de se présenter comme « complémentaire » des autorités. C’est à l’heure où le gouvernement...
commentaires (23)
"1 500 médecins, 3 000 infirmiers"... Ils faisaient quoi ces gens avant la mobilisation ? Ont ils déserté leur poste pour aller au jihad ? Ca suffit les fanfaronnades stériles, agissez d'abord et nous ferons le bilan après la bataille.
Desperados
14 h 15, le 29 mars 2020