L’archevêque maronite de Beyrouth, Boulos Abdel Sater, a sommé dimanche les responsables officiels à "assurer une vie digne aux Libanais" alors que le Liban, secoué depuis près de quatre mois par un mouvement de contestation contre la classe dirigeante, traverse sa plus grave crise économique depuis 30 ans.
"Chers responsables, rappelez-vous que le pouvoir a pour mission de servir", a déclaré Mgr Abdel Sater dans une homélie prononcée à l'occasion de la Saint-Maron devant le président Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Hassane Diab et de nombreux ambassadeurs étrangers. "Nous sommes fatigués des polémiques. Nous sommes inquiets pour l'avenir de nos enfants. Nous voulons que des initiatives qui rendent l'espoir, qui rassemblement et construisent soient prises", a-t-il ajouté.
"Les dizaines de milliers de Libanais qui vous ont élus ne méritent-ils pas que vous amélioriez les comportements politiques, économiques et financiers, que vous travailliez jour et nuit avec les vrais révolutionnaires pour trouver ce qui assure à chaque citoyen une vie digne et décente ?", s'est-il interrogé. "A défaut, la démission est plus honorable", lance le prélat, dénonçant "ceux qui, dans leurs discours, encouragent l'intolérance et la division et considèrent le pays comme leur propriété".
Demandant aux responsables ce qu'ils attendent pour agir, Mgr Abdel Sater a ajouté : "Le vrai leader est celui qui a choisi de rester sur sa terre en ces temps difficiles, avec les siens jusqu'au martyre. Le leader national est celui qui résiste à l'implantation et la naturalisation afin de préserver l'image du Liban-message", a ajouté l'archevêque maronite de Beyrouth
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"Une torche"
De son côté, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui se trouve à Rome, a exhorté le mouvement de contestation à rester "une torche éclairant la conscience des responsables".
Le pays connaît une importante crise de liquidités depuis plusieurs mois. En raison de cette crise, le taux de change de la livre libanaise face au dollar a grimpé en flèche auprès des changeurs. Face à cette crise, les banques du pays ont imposé une série de restrictions à leurs clients et le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, cherche à réglementer ces restrictions. Cette détérioration économique s'est également traduite ces derniers mois par des licenciements en masse.
Mardi et mercredi, les députés libanais débattront de la teneur de la déclaration ministérielle approuvée jeudi par le cabinet afin d'obtenir la confiance du Parlement. Les manifestants prévoient de se rassembler près du Parlement dès 7h du matin mardi, afin de tenter de barrer la route aux députés. Des affrontements sont à craindre, et les forces de l'ordre devraient se déployer en masse et barricader les entrées du centre-ville.
Plusieurs formations politiques ont annoncé au cours des derniers jours qu'ils ne voteront pas en faveur du gouvernement, notamment le Courant du Futur (de l'ancien chef de l'Exécutif Saad Hariri), les Forces libanaises (du leader chrétien Samir Geagea) et le Parti socialiste progressiste (du chef druze Walid Joumblatt).
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Que dire de mieux ? Juste esperer qu,ils suivent la MENACE sous entendue et qu,ils s,en aillent, evitant ainsi plus de ruines a la nation
16 h 34, le 10 février 2020