Le président Michel Aoun a affirmé, dans un entretien paru samedi dans la revue française Valeurs Actuelles que le Liban n’a "pas besoin d’une aide extraordinaire" pour sortir de la grave crise économique et financière dans laquelle il est plongé, mais qu’il devrait être remboursé en partie pour les 25 milliards de dollars que lui coûté la crise syrienne.
"Notre situation est très mauvaise. Nous souffrons d'une crise économique très aiguë, très violente même. L’économie libanaise s’est transformée en économie de rente depuis que la Syrie est entrée au Liban, dans les années 1990. Nos budgets étaient nourris par l’endettement", déclare le chef de l’État. Selon lui, trois éléments ont aggravé la situation, tout d’abord la conjoncture mondiale, puis les guerres dans plusieurs pays arabes voisins et enfin la crise des réfugiés syriens.
Les réfugiés syriens "représentent aujourd’hui près de la moitié de notre population. C’est bien évidemment une situation intenable", poursuit M. Aoun. "Cette crise nous a coûté quelque 25 milliards de dollars, selon les estimations du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale", souligne-t-il encore.
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Alors que des restrictions bancaires draconiennes sont imposées au déposants, au Liban, depuis des mois, le président, interrogé sur les moyens de rassurer les Libanais inquiets pour leurs comptes en banque, répond : "Nous allons prendre des mesures fiscales et financières très strictes pour le redressement. Pour cela, nous n’avons pas besoin d'une aide extraordinaire, nous avons plutôt besoin du remboursement des pays qui ont entamé cette guerre en Syrie. Nous avons le droit de récupérer une partie des 25 milliards de dollars que cela nous a coûté".
Comment récupérer cette somme ? "Il existe un groupe de pays qui veut aider le Liban, dont la France qui a manifesté son intérêt. Lors de notre dernière conversation téléphonique, le président Macron m’a félicité de la formation de notre nouveau gouvernement. Nous avons aussi évoqué la crise actuelle, mais il y aura certainement un autre entretien plus spécifique sur la question dans les jours qui viennent", a-t-il ajouté.
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Un rôle économique pour Ghosn ? "C'est tout à fait possible"
Le chef de l’Etat assure par ailleurs que le gouvernement de Hassane Diab "n’est pas dirigé par le Hezbollah. Celui-ci est un poids pour ce gouvernement, car beaucoup de pays boycottent le Liban à cause du Hezbollah (…)", selon le président Aoun.
A la question de savoir s’il appuie une levée des sanctions occidentales imposées à la Syrie, le président Aoun répond : "Certainement ! Beaucoup de problèmes sont liés à la situation syrienne et au blocus qui est imposé. Les pays occidentaux n’autorisent même pas de négociations directes avec la Syrie afin de permettre le retour des déplacés syriens vers leur pays. Ce ne sont pas des déplacés sécuritaires. La guerre a pris fin dans leur pays et ils ne peuvent toujours pas revenir chez eux. Nous ne comprenons pas la position occidentale à cet égard, qui est lourde de conséquences pour nous".
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Le chef de l’Etat confirme par ailleurs, pour la première fois, avoir reçu Carlos Ghosn le jour de son arrivée au Liban, le 30 décembre, soulignant que Beyrouth s’était mobilisé en sa faveur lorsqu’il était en détention au Japon. "Un jour, Carlos Ghosn a appelé, au petit matin, je dormais encore. Il voulait me parler. J’ai été très surpris de constater qu’il avait laissé un numéro à Beyrouth. Quand je suis descendu dans mon bureau, je l’ai rappelé pour lui donner une audience dans l’après-midi". Interrogé sur un éventuel rôle que l’ancien PDG de Renault-Nissan pourrait jouer dans le redressement du Liban, il répond : "C’est tout à fait possible. J’espère qu’il aura un rôle économique. Je le souhaite, d’autant que c’est un ami personnel. C’est quelqu’un de bien".
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commentaires (19)
Super Mr le président alors demander à votre ami le boucher de vous rembourser
Bery tus
21 h 51, le 10 février 2020