Alors que les protestataires contre la classe dirigeante maintiennent la pression dans la rue depuis 19 jours et qu'aucune date n'a encore été fixée pour le début des consultations parlementaires contraignantes pour la nomination du futur Premier ministre, le chef du gouvernement sortant Saad Hariri s'est longuement entretenu lundi avec le chef de la diplomatie Gebran Bassil, loin des médias.
C'est sous la pression du soulèvement populaire, qui a commencé le 17 octobre, que Saad Hariri a annoncé sa démission mardi dernier. Le lendemain, le président Aoun avait chargé le gouvernement sortant d'expédier les affaires courantes. Les manifestants, eux, réclament la formation d'un gouvernement de technocrates. Sauf que, selon une source proche de la présidence, aucune date pour les consultations parlementaires n'a encore été fixée. Selon cette source, le traditionnel communiqué convoquant les députés au palais présidentiel pourrait être publié mercredi et les consultations se tenir jeudi.
Samedi, le bureau de presse de la présidence libanaise avait publié un communiqué se défendant de tout retard dans le lancement des consultations parlementaires contraignantes par le chef de l’État pour désigner un nouveau Premier ministre, ajoutant qu'il était nécessaire de gérer la situation calmement et sans précipitation.
En attendant une percée à ce niveau, le Premier ministre sortant a reçu lundi dans l'après-midi le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, cible privilégiée du mouvement de contestation. Aucune déclaration n'a été faite à l'issue de ces discussions, mais cette réunion semble paver la voie aux tractations devant déboucher sur la formation d'un nouveau gouvernement. Selon notre correspondante Hoda Chédid, citant des sources proches de M. Bassil, la réunion a duré près de quatre heures et a été qualifiée de "très positive". Ces sources ont ajouté que "les résultats de ces discussions apparaîtront dans les prochaines heures".
Selon des informations non confirmées, le leader druze Walid Joumblatt devrait lui aussi dépêcher en soirée un responsable de sa formation auprès du Premier ministre sortant.
Depuis le 17 octobre, des centaines de milliers de manifestants sont mobilisés à travers le Liban pour crier leur colère face à une classe politique accusée de corruption et d'incompétence, dans un pays en proie à une grave crise économique. Après la démission du gouvernement Hariri, saluée comme une "première victoire", les manifestants affirment vouloir accentuer la pression pour accélérer la formation d'un cabinet de technocrates. Utilisant des bennes à ordures, assis au milieu de la route, garant des voitures en travers de la chaussée, ils ont bloqué lundi plusieurs autoroutes et des axes de circulation importants.
(Lire aussi : Pour que la révolte devienne révolution, le commentaire d’Élie FAYAD)
Aoun veut un "dialogue"
Dans ce contexte, le président Michel Aoun a de nouveau appelé lundi à un "dialogue" avec les protestataires. "Il faut dialoguer avec les manifestants afin d'aboutir à une entente sur les questions soulevées" par les protestataires, a déclaré le chef de l’État lors d'un entretien au palais de Baabda avec le représentant du secrétaire général des Nations unies au Liban, Jan Kubis, rappelant avoir lancé à plusieurs reprises des appels au dialogue avec les manifestants, notamment lors de sa première prise de parole, une semaine après le début de la vague de contestation. "L'une des premières tâches du nouveau gouvernement sera de poursuivre la lutte contre la corruption", a-t-il ajouté, soulignant que "les enquêtes concerneront tous les responsables dans les administrations, à tous les niveaux". "Le soutien des Libanais est nécessaire pour faire les réformes", a-t-il ajouté.
Dimanche, le chef de l’État s'était adressé en direct du palais présidentiel aux milliers de partisans du Courant patriotique libre qu'il a fondé et qui est aujourd'hui dirigé par Gebran Bassil. Aux fidèles du CPL qui s'étaient rassemblés devant le palais, Michel Aoun avait notamment mis en garde contre un "affrontement des rues". Parallèlement à ce rassemblement, le mouvement de contestation contre le régime actuel au Liban, qui avait quelque peu baissé d'intensité ces derniers jours, reprenait de plus belle pour le "dimanche de l'unité".
Selon des propos rapportés par le quotidien al-Joumhouria dans son édition du jour, le président du Parlement Nabih Berry s'est de son côté à nouveau prononcé en faveur de la nomination de représentants du mouvement populaire de contestation. "Le mouvement doit être représenté au sein du futur Exécutif. Le vrai mouvement porte des revendications auxquelles nous croyons tous, pas celui qui insulte les gens", a déclaré M. Berry. Refusant de dire s'il allait nommer Saad Hariri pour diriger la prochaine équipe ministérielle, le chef du mouvement Amal a exprimé son opposition à un cabinet composé de technocrates, comme le demandent les manifestants, plaidant pour un gouvernement "techno-politique".
commentaires (17)
C est Terrible cette photo !!! Que les manifestants prennent garde lool
Bery tus
22 h 54, le 04 novembre 2019