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Liban - Assemblée générale de l’ONU

Aoun : La résolution 1701 « n’enlève rien à notre droit naturel à la légitime défense »

Le président de la République a rencontré Guterres et Rohani.

Les présidents Aoun et Rohani, lors de leur rencontre à l’issue du discours du président libanais, en présence des ministres des AE des deux pays. Photo Dalati et Nohra

C’était une journée chargée hier pour le président de la République Michel Aoun à New York, au cours de laquelle il a prononcé son discours face à l’Assemblée générale de l’ONU. Un discours dans lequel il a rappelé les violations régulières de la résolution 1701 du Conseil de sécurité par Israël, dont la dernière était une attaque aux drones en pleine banlieue sud. Cet incident a provoqué une escalade des tensions et des déclarations entre le parti chiite et Israël, et des échanges de tirs de roquettes limités à la frontière. Le président a, dans ce cadre, rappelé l’engagement du Liban envers la résolution 1701, qui avait rétabli une cessation des hostilités entre Israël et le Hezbollah après la guerre meurtrière de 2006. Mais pour lui, cet engagement « n’enlève rien » au droit naturel du Liban « à la légitime défense ». Il n’a cependant pas précisé qui, de l’armée régulière ou d’autres groupes, est responsable de cette légitime défense. « L’acte offensif qui a eu lieu le mois dernier dans une zone résidentielle au cœur de Beyrouth constitue la violation la plus grave de cette résolution », a déclaré M. Aoun. « Quant aux incendies qui ont persisté pendant des jours dans les fermes occupées de Chebaa, occasionnés par des tirs israéliens, ils sont sans conteste un crime international condamnable contre l’environnement », a ajouté le président.

« Nous ne laisserons passer aucune occasion pour délimiter nos frontières internationalement reconnues ainsi que pour établir et délimiter nos frontières maritimes sous les auspices des Nations unies, a-t-il également déclaré, réaffirmant l’attachement du Liban aux fermes de Chebaa et autres territoires. Toute contribution en ce sens est la bienvenue d’autant que le Liban va commencer les opérations de forage de pétrole et de gaz dans ses eaux territoriales d’ici à la fin de l’année. »


(Lire aussi : À New York, Bassil s’efforce de promouvoir la distanciation)


Le poids des réfugiés

Autre thème principal du discours du président, récurrent dans ses interventions, celui du poids des réfugiés sur le Liban. M. Aoun a ainsi affirmé que « la crise des déplacés » syriens avait un « impact négatif (...) sur notre territoire au niveau politique, social, économique et environnemental ». « Son poids sur l’infrastructure, la croissance et le taux de chômage menace de façon grave tout programme de développement durable au Liban et exacerbe la crise économique », a-t-il poursuivi.

« Nous essayons par tous les moyens de faire face à cette crise en mettant en place les mesures et les réformes nécessaires aux niveaux économique et monétaire, en coordination avec les instances internationales concernées, a-t-il ajouté. Cependant, pour assainir cette situation critique, je lance un appel à tous les dirigeants du monde afin qu’ils contribuent au retour en toute sécurité en Syrie des personnes déplacées, a lancé le président de la République. En effet le Liban, seul, ne peut pas faire face à un problème d’une telle ampleur et toutes les conséquences économiques qu’il implique. »

« La communauté internationale ne peut pas se contenter de fournir une assistance minimale aux personnes déplacées dans la terre refuge, nier tout programme de retour sûr et digne et le lier à des solutions politiques hypothétiques qui se font attendre », a-t-il ajouté.

M. Aoun a assuré que « les conditions d’un retour (en Syrie) sont devenues possibles ». « Selon les rapports internationaux, la situation sécuritaire dans la majeure partie de la Syrie s’est stabilisée et les affrontements militaires se sont cantonnés à la région d’Idleb, a-t-il rappelé. Quant à l’État syrien, il a officiellement annoncé et salué, à plusieurs reprises, le retour des populations déplacées au pays. D’ailleurs, 370 000 personnes ont quitté le Liban dont plus de 250 000 sont rentrées en Syrie et aucune information concernant des persécutions ou des mauvais traitements n’a été signalée. »


(Lire aussi : La vengeance du dollarl'édito de Issa GORAIEB)


Les agissements israéliens

Le président a également évoqué le cas des réfugiés palestiniens, et notamment la situation de l’Unrwa, l’agence onusienne qui se charge de l’aide à ces réfugiés au Liban. « Je voudrais mettre en garde contre la réduction des services fournis par l’Unrwa aux réfugiés palestiniens, qui engendre une pression sociale et financière accrue dont les effets se répercutent sur le Liban, a-t-il ajouté. Quant à la jeunesse palestinienne, au lieu d’être demandeuse d’enseignement, elle n’a plus soif que de revanche. Reste à affirmer, une fois de plus, notre rejet catégorique de toute tentative visant à éliminer ou à modifier le mandat de l’Unrwa et appeler les pays contributeurs à doubler leurs contributions pour permettre à cette institution de maintenir son rôle vital. »

M. Aoun a dénoncé les agissements israéliens qui mettent en péril une solution politique à deux États. « Toutes les pratiques israéliennes sont en contradiction avec les principes sur lesquels ont été fondées les Nations unies, a-t-il martelé. La judaïsation de Jérusalem, la politique systématique de colonisation, la législation contraire aux droits de l’homme, la reconnaissance de l’annexion des territoires occupés par la force – comme ce fut le cas pour les hauteurs du Golan – les promesses d’annexions de nouveaux territoires, pour des visées électorales... Mais aussi l’annonce de l’accord du siècle qui prévoit la suppression des frontières de certains États en menaçant leur intégrité territoriale, le maintien des Palestiniens là où ils se trouvent mettant en péril le Liban qui en accueille une grande partie... Tout cela compromet les tentatives de paix au Moyen-Orient et laisse présager un avenir certes incertain mais sombre sûrement ! Cependant les droits des peuples demeurent, même si le temps passe. »

La société libanaise pluraliste

Dans son discours, M. Aoun a aussi rappelé que le 16 septembre, l’Assemblée générale a voté la résolution 344 en faveur de la création au Liban de « l’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue ». « Je suivrai attentivement la mise en place de cette académie, car la paix véritable reste celle qui unit les humains et non pas celle inscrite sur le papier, a-t-il dit. En effet, je crois fermement dans le rôle et la mission du Liban, terre de convergence et de dialogue. L’expérience acquise par son peuple, de par sa société pluraliste, l’a amené à rejeter l’extrémisme intellectuel et religieux pour lui apprendre la tolérance et l’acceptation des différences. »

Le président a également évoqué le renforcement du rôle de la femme, rappelant que le gouvernement « a approuvé et lancé un plan d’action national complet pour l’exécution de la résolution 1325 qui concerne la femme, la paix et la sécurité ». « Nous avons également achevé toutes les étapes qui mènent à l’activation des travaux de la Commission nationale des droits de l’homme et ceux d’un Comité pour la prévention de la torture », a-t-il ajouté.


(Lire aussi : L’équation US : faire pression sans déstabiliser le Libanle décryptage de Scarlett Haddad) 


Rohani et Guterres

Après son discours, M. Aoun s’est brièvement réuni avec le président iranien, Hassan Rohani, en présence des ministres des Affaires étrangères des deux pays, Geban Bassil et Mohammad Javad Zarif. Les deux hommes ont discuté des relations bilatérales entre le Liban et l’Iran et des derniers développements dans la région.

Avant cela, M. Aoun s’était entretenu avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Ce dernier lui a affirmé que l’ONU « fera tout son possible » pour protéger la souveraineté et l’indépendance du pays du Cèdre et préserver l’intégrité de son territoire. De son côté, le chef de l’État a assuré que le Liban « est attaché au rôle des organisations internationales qui veillent à renforcer la sécurité et la stabilité dans le sud du Liban » et à l’application de la résolution onusienne 1701.

M. Bassil s’est, lui, entretenu avec son homologue irakien, Mohammad Ali al-Hakim, avec qui il a discuté de l’ouverture des passages entre l’Irak et la Syrie pour faciliter le transit de la marchandise libanaise et la réhabilitation de l’oléoduc pour le transport du pétrole entre les deux pays. Le ministre des Affaires étrangères a également rencontré ses homologues qatari, Mohammad ben Jassem al-Thani, à qui il a demandé que le Qatar investisse au Liban, et arménien Zohrab Mnatsakanyan, évoquant avec lui la coopération bilatérale en matière de tourisme et de commerce.



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commentaires (8)

Tenir ce discours avec la Force des moyens de pouvoir le faire , c'est quand même moins ridicule que de tenir ce même genre de discours sans rien avoir entre le mains. Merci Phare Aoun , le Liban n'a jamais eu de président aussi volontaire que courageux .

FRIK-A-FRAK

17 h 38, le 26 septembre 2019

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Commentaires (8)

  • Tenir ce discours avec la Force des moyens de pouvoir le faire , c'est quand même moins ridicule que de tenir ce même genre de discours sans rien avoir entre le mains. Merci Phare Aoun , le Liban n'a jamais eu de président aussi volontaire que courageux .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 38, le 26 septembre 2019

  • Avec mon respect pour les trois présidents qui gouvernent notre pays et particulièrement à la présidence de la République, je suis profondément étonné d'entendre le chef de l'Etat répéter pour la énième fois, ces temps-ci, "le droit naturel du Liban à la légitime défense". Des paroles d'un va-t-en-guerre qui cherche le combat, l'affrontement. Depuis Emile Eddé jusqu'à Michel Sleiman, jamais je n'ai entendu cela. Pourtant, le Liban n'est en guerre avec personne. S'il faut combattre les uns pour le compte des autres dans leurs guerres sur notre territoire national, je n'insiste pas, cela regarde le Conseil de Sécurité et personne d'autre.

    Un Libanais

    12 h 45, le 26 septembre 2019

  • Et l’Iran qui se soucie TELLEMENT de notre droit naturel a nous defendre decode d’armer une milice extrémiste chiite pour contrecarrer tout projet de développement au Liban en s’impliquant dans toute les guerres regionales. Qui se rappelle la premiere excuse de Nasrallah pour aller combattre en syrie: ils veulent défendre le tombeau de sayyida zaynab. Hahahahahahahaha bande d’hypocrite va. L’Iran n’est ni un amis ni in enemi du liban. Le plus loin il est le mieux

    Thawra-LB

    12 h 09, le 26 septembre 2019

  • La légitime defense est quand nous somme attaqué par Israel ou la Syrie et oui tout moyen sont les bienvenues! Par contre la légitime defense pour certains c’est: se battre contre Israel en s'alliant avec la Syrie pour des crimes commis CONTRE le peuple libanais pendant des décennies sous prétexte que La syrie fait partie de “l’axe de resistance” (la blague de l’année). “C’est pas grave on laisse passer” nous disait-il Pour les memes, la légitime defense c’est aussi aller guerroyer au Yemen et en Iraq (parce que bien sur Le liban a des intérêts énormes dans ces pays la lol), se mettre a dos les pays occidentaux parce que nous sommes devenu le caniche des perses. La légitime defense est UNIQUEMENT contre nos enemies (c.a.d israel et le regime assad). SOUFFREZ DE RECONNAITRE TOUT CRIMES CONTRES LES LIBANAIS. Ensuite on parlera de reconciliation nationales

    Thawra-LB

    11 h 46, le 26 septembre 2019

  • le president Aoun utilise la meme langue de bois d'antan. Il n'est pas evident qu'il se rend compte que le plus gros danger qui guette le liban est d'ordre interne .Corruption et mauvaise gestion de cette equipe au pouvoir.

    EL KHALIL ABDALLAH

    10 h 59, le 26 septembre 2019

  • LEGITIMES DEFENSES : SYRIE, IRAQ, YEMEN, BAHREIN ET ATTAQUES VERBALES CONTRE LA SAOUDITE, LES EAU ET D,AUTRES PAYS ARABES PAR LES DEUX MILICES NICHEES SUR NOTRE SOL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 22, le 26 septembre 2019

  • donc le pres a sur le coeur de delimiter nos frontieres...... : je cite ""Nous ne laisserons passer aucune occasion pour délimiter nos frontières internationalement reconnues ainsi que pour établir et délimiter nos frontières maritimes sous les auspices des Nations unie fin de citation "" fin de citation ! a l'evidence il sous entendait de delimiter nos frontieres avec israel. parfait. bravo, MAIS MAIS MAIS, QUID DE NOS FRONTIERES AVEC LA SYRIE SOEUR ???? AH mais que je suis bete, justement puisqu'il s'agit de notre 'soeur" point n'est besoin de faire intervenir des intermediaires n'est ce pas.

    Gaby SIOUFI

    09 h 59, le 26 septembre 2019

  • "...l'engagement du Liban envers la résolution 1701..." concerne-t-il aussi le creusement, par le Hezbollah, de tunnels en direction d'Israël, était-ce un acte "défensif" ? La "délimitation des frontières" avec la Syrie est-elle établie depuis l'indépendance du Liban ? Une milice iranienne sur le sol libanais, fait-elle aussi partie "des principes fondateurs des Nations Unies" ? En somme, son discours ressemble à celui de Rohani: beaucoup de paroles, de mots-diversion, d'accusations et...de propositions-pommade pour faire bien devant la Communauté internationale réunie à New York. Le plus navrant est de voir qu'il s'imagine que cette dernière sera dupe ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 12, le 26 septembre 2019

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