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À La Une - Liban

Le gouvernement poursuit l'examen de l'avant-projet de budget 2020

Pas de nouvelle taxe dans la loi de finances, réaffirme le ministre Ali Hassan Khalil. 

Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, présidant le Conseil des ministres le 18 septembre 2019. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement libanais, réuni pour le deuxième jour consécutif, a poursuivi mercredi au Grand Sérail l’examen de l’avant-projet du budget pour l’exercice 2020. Il se réunira à nouveau lundi à 16 heures, après le retour du Premier ministre, Saad Hariri, d'un déplacement à l'étranger, pour poursuivre l’étude du texte soumis par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil.

"Le gouvernement a approuvé aujourd'hui 14 articles sur les 32 que compte le texte de la loi de finances", a indiqué le ministre de l'Industrie, Waël Bou Faour, à l'issue du Conseil des ministres. "La séance du jour était consacrée à l'examen de la première partie du texte, relative aux dispositions légales", a ajouté le vice-Premier ministre, Ghassan Hasbani. De son côté, le ministre de la Défense, Elias Bou Saab, a précisé que certains chiffres, concernant notamment le secteur de l'électricité, ont été mis en suspens et seront examinés plus tard.

Lors de la séance du Conseil des ministres qui a eu lieu la veille, les discussions autour du budget ont principalement porté sur le rapport du ministre Khalil, constituant le préambule de l’avant-projet du budget, qui expose notamment les sources d’économies budgétaires potentielles à court terme. Mercredi, les ministres affilés au Courant patriotique libre de Gebran Bassil ont soumis dix propositions par écrit, s’articulant autour de cinq axes : les réformes budgétaires ; les mesures visant à résorber partiellement le déficit de la balance des paiements ; les réformes économiques ; la question des réfugiés ; la gestion des ressources et des actifs de l’État. Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a, lui, d’ores et déjà déclaré que sa formation allait s’opposer au budget de 2020 si ce dernier s’inscrivait dans la même démarche que celui de 2019.

Ce budget est attendu aussi bien par les donateurs de la conférence de Paris (CEDRE) que par les agences de notations financières. L’objectif prioritaire des dirigeants libanais dans le budget 2020 est d’accélérer le processus de réformes afin de réduire le déficit. L’avant-projet du budget de 2020 table sur un déficit public de 4,37 milliards de dollars (6.590,1 milliards de livres libanaises), en prenant en considération les transferts du Trésor public à Électricité du Liban. La part du déficit par rapport au PIB serait alors de 7,38 %, en se basant sur une prévision de croissance de 1,2 % et une inflation à 2,8 %. Un ratio légèrement inférieur à celui prévu dans le budget de 2019 (voté le 19 juillet dernier) fixé à 7,59 %, mais qui devrait plutôt osciller entre 9 et 10 % pour l’année en cours, selon les principales agences de notation.


(Lire aussi : Réformes : la Banque mondiale reste confiante dans le potentiel du Liban)


"Aucune taxe"
S'exprimant sur le budget lors d'une conférence de presse, le ministre des Finances a pour sa part affirmé que l'avant-projet de budget pour l'exercice 2020 ne contient "aucune taxe et aucuns frais supplémentaires", soulignant que la loi de finances ne contient "que des chiffres réalistes".

Lors de cette conférence de presse au cours de laquelle il a expliqué les principales dispositions et nouveaux projets de loi contenus dans le texte du budget qu'il a présenté à l'Exécutif, M. Khalil a souligné qu'il s'était basé, pour la rédaction du budget 2020, sur "les mêmes méthodes que celles prises en compte en 2019", c'est à dire, en donnant la priorité à la réduction du déficit budgétaire, ou au moins sa stabilisation, "sans exagérer les estimations des dépenses ni des rentrées". "Le budget est fluide et simple en ce qui concerne les différents articles, mais ses chiffres sont réalistes et reflètent la réalité, a-t-il estimé. Le budget 2020 ne contient aucune taxe ni aucun frais supplémentaire", a-t-il déclaré. Nous ne voulons pas augmenter les taxes, nous voulons améliorer le prélèvement des impôts existants, a-t-il ajouté. Nous ne voulons pas réduire les impôts, mais nous devons lutter contre le gaspillage et la corruption".

Le ministre des Finances a souligné que son ambition était d'atteindre un certain "équilibre dans les dépenses actuelles, notamment en ce qui concerne la dette publique, et les rentrées financières", précisant avoir notamment prévu de réduire les transferts envoyés par l'Etat à l'institution publique Electricité du Liban. "Il faut chercher sérieusement une solution au problème des dépenses d'EDL et des Télécommunications, qui atteignent des milliards de livres, a-t-il souligné. Nous nous engageons à respecter le plan établi pour la meilleure gestion du secteur de l'électricité, jusqu'à ce que le déficit dans ce secteur devienne nul, ce qui est prévu pour 2022". "Nous allons respecter scrupuleusement les dispositions du budget 2019 en ce qui concerne les dépenses, mais en ce qui concerne les rentrées, nous avons perdu près de deux mois en ne réalisant pas certaines des dispositions prévues", a regretté M. Khalil.



Pas d'effondrement financier
Il a encore affirmé "respecter les conseils émis lors des discussions parlementaires sur le budget 2020, concernant l'inclusion de cavaliers budgétaires" dans le texte, c’est-à-dire les dispositions sans caractère financier mais introduites dans les lois de finances de manière à accélérer leur adoption. "Il n'y a dans le budget aucun article qui peut être considéré comme un cavalier budgétaire", a-t-il insisté. Il a toutefois indiqué que le texte du budget impliquait l'adoption de certaines lois, soulignant que toutes les propositions "objectives" émises par les différents blocs parlementaires concernant les finances de l'Etat "qui auraient des répercussions positives sur le budget" seraient prises en compte.

Reconnaissant que la situation économique actuelle du pays est "compliquée", il a nié que le pays "s'effondre financièrement". 



(Lire aussi : Budget 2020 : ce que propose Ali Hassan Khalil)



Plan sur les carrières
Par ailleurs, M. Bou Faour a annoncé que le plan directeur des carrières a été définitivement adopté après le vote, aujourd'hui, des cartes correspondantes lors du Conseil des ministres. Le plan présenté par le ministre de l’Environnement, Fady Jreissati, est principalement axé sur le déplacement des sites d’exploitation vers la chaîne de l’Anti-Liban.

Il s’agit du premier plan directeur adopté par le gouvernement depuis 2009, document qui avait alors peiné à sortir des tiroirs des commissions et n’avait jamais été appliqué même s’il restait le seul en vigueur. Ce nouveau décret évoque néanmoins "des exceptions" dans le cas de futurs grands projets publics, ce qui ouvrirait la voie à des exploitations hors de la zone convenue, si le besoin se faisait sentir. En raison du retard à adopter ce nouveau plan directeur (le gouvernement avait accordé un délai de trois mois à partir de mars pour l’adoption de ce plan, qui a effectivement tardé), un délai supplémentaire avait en outre été donné aux carrières existantes, qui a expiré depuis peu.

En outre, le ministre de l'Industrie a annoncé la publication d'une circulaire sur les produits importés qui seront exemptés de la taxe temporaire de 3%, incluse dans le budget de 2019.

Sur un autre plan, M. Bou Faour a indiqué que le Premier ministre, le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, se sont entretenus hier sur le dossier des difficultés rencontrées par toutes les parties prenantes du secteur des carburants, qui étaient en grève aujourd'hui, pour convertir leurs livres libanaises en dollars. En effet, les grands fournisseurs de carburants étrangers qui alimentent notamment les stations-service imposent à leurs clients franchisés libanais de régler leurs commandes en dollars. Les propriétaires de stations-service se retrouvent donc obligés de convertir eux-mêmes les livres en dollars, et nombre d’entre eux passent par des bureaux de change, moins regardants sur les conditions mais dont les taux sont beaucoup plus élevés que ceux des banques.

Les discussions autour du budget 2020 interviennent alors que le ministre saoudien des Finances, Mohammad Jadaan, a déclaré dans la journée que le royaume saoudien était en pourparlers avec le gouvernement libanais pour lui "apporter un soutien financier". Après cette annoncé, les obligations en dollars du Liban ont bondi, selon Reuters. En début d'après-midi, l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, a été reçu par Saad Hariri, et lui a transmis une invitation à participer à une conférence, entre le 29 et le 31 octobre à Riyad. Le Premier ministre libanais est par la suite parti pour l'Arabie saoudite pour une visite à caractère personnel avant de se diriger vers la France où il sera reçu par le président français Emmanuel Macron.


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