Le commandant en chef de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), le général italien Stefano Del Col, a exprimé lors d'un entretien avec le Premier ministre libanais, Saad Hariri, sa vive "inquiétude", trois jours après la flambée de violence entre le Hezbollah et Israël, qui a fait craindre une escalade.
Dimanche, le Hezbollah a annoncé avoir détruit un véhicule militaire près d'une caserne israélienne se trouvant dans la région frontalière, en riposte aux bombardements d'une position en Syrie qui avait fait deux morts parmi les combattants du parti. L'armée israélienne a répliqué en lançant des dizaines de grenades incendiaires et de missiles sur "la source des tirs" du Hezbollah, provoquant uniquement des incendies dans des secteurs boisés.
"J'ai eu une discussion très utile avec le Premier ministre aujourd'hui. Je lui ai fait part de ma vive inquiétude concernant l'incident du 1er septembre dans la zone d'opérations de la Finul, lorsque des missiles anti-chars revendiqués par le Hezbolah ont été tirés à partir du Liban-Sud, à travers la Ligne bleue", a dit le général Del Col. "Ceci a constitué une grave violation de la cessation des hostilités et une violation flagrante de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies", a déploré le militaire italien. "L'attaque aux missiles (du Hezbollah) a déclenché des bombardements de représailles de la part de l'armée israélienne et aurait pu mener à une escalade non souhaitée de la situation qui aurait pu échapper au contrôle de la Finul et des parties concernées, ce qui aurait mis en danger les populations civiles", a ajouté le général Del Col. "Ma priorité était d'obtenir une désescalade rapide de la situation et de réinstaurer le calme dans le secteur, ce qui a pu être obtenu grâce à des contacts multiples avec les parties concernées, lors des développements", a expliqué le commandant en chef de la force onusienne.
"Une fois encore, le mécanisme de liaison et de coordination de la Finul a joué un rôle majeur dans la +déconfliction+ de la situation le long de la Ligne bleue", s'est-il félicité. "Actuellement, nous restons étroitement engagés auprès des parties concernées pour contenir les tensions et les incidents afin d'instaurer un environnement sûr dans le secteur. L'infrastructure sécuritaire de la Finul mise en place le long de la Ligne bleue en collaboration avec les parties concernées et grâce à notre coopération avec l'armée libanaise, a permis d'obtenir 13 années de calme et de stabilité dans cette région. Mais l'efficacité de ce mécanisme dépend des parties concernées", a ajouté le général Del Col.
Il s'est dit "très encouragé par les propos fermes du Premier ministre selon lequel le Liban reste engagé par la cessation des hostilités en vertu de la résolution 1701". "Il est extrêmement important que la région située entre la Ligne bleue et le fleuve Litani soit libre de toute présence armée, en dehors de celle des forces du gouvernement libanais et de la Finul", a insisté le général italien. "Nous nous sommes également mis d'accord sur la nécessité de renforcer les capacités de l'armée libanaise dans les zones d'opérations de la Finul, afin qu'elle puisse assumer de plus grandes responsabilités sécuritaires le long de la Ligne bleue", a conclu le général Del Col.
Mardi, M. Hariri avait souligné l'importance pour son pays de "continuer à appliquer" la résolution 1701 de l'ONU.
L'entretien entre M. Hariri et le général Del Col intervient quelques jours après le renouvellement pour un an, par le Conseil de sécurité de l'ONU, du mandat de la Finul, malgré des pressions américaines pour en réduire les effectifs, mettant en garde contre la résurgence d'un conflit entre le Liban et Israël.
(Lire aussi : Selon l'armée israélienne, le Hezbollah aurait une usine de missiles de précision dans la Békaa)
Le soutien des évêques maronites
De leur côté, les évêques maronites ont salué la décision prise par les autorités libanaises de porter plainte devant le Conseil de sécurité de l'ONU concernant l'attaque de deux drones, identifiés comme israéliens, sur la banlieue sud de Beyrouth, il y a dizaine de jours.
"Nous saluons la directive officielle des autorités libanaises de porter plainte devant le Conseil de sécurité contre les attaques israéliennes sur la banlieue sud", fief du Hezbollah, ont souligné les évêques dans le communiqué final de leur réunion mensuelle, présidée par le patriarche, Mgr Béchara Raï, au siège estival du patriarcat maronite à Dimane. Les prélats ont dans ce cadre appelé à la vigilance afin de faire échec à toute tentative d'entraîner le Liban dans une guerre par procuration.
Le 26 août, un drone est tombé dans une rue de la banlieue sud et un autre a explosé en vol. Cet incident était intervenu quelques heures après des frappes israéliennes en Syrie voisine, et a provoqué une escalade des tensions entre Israël et le parti chiite qui a culminé dimanche soir, avec un échange de frappes de part et d'autre de la frontière.
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10 h 22, le 05 septembre 2019