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À La Une - Liban

Premier Conseil des ministres sans accrochage après la crise de Qabr Chmoun

Pas de poignée de main entre Saleh Gharib et Akram Chehayeb ou Waël Bou Faour. 

Le gouvernement libanais du Premier ministre Saad Hariri (3e de gauche), réuni le 10 août au palais de Baabda sous la houlette du président de la République, Michel Aoun (c). Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement du Premier ministre libanais Saad Hariri, qui était paralysé depuis le 30 juin par la crise politique provoquée par les affrontements inter-druzes de Qabr Chmoun dans le caza de Aley, s'est réuni samedi pour la première fois au palais présidentiel de Baabda, au lendemain de la réconciliation entre les leader druzes Walid Joumblatt et Talal Arslane qui a mis fin à cette crise. Une réunion qui s'est déroulée sans accrochages politiques entre les différents ministres et durant laquelle le chef de l'Etat a été le seul à aborder la question de Qabr Chmoun.

"Récemment, un incident regrettable a eu lieu à Qabr Chmoun, affectant considérablement le pays. Lors de la réunion qui s'est tenue hier, nous avons ramené la situation à la normale. Les conséquences de cette affaire ont été traitées à trois niveaux : politiquement, la question a été résolue avec la réunion d'hier. Au plan judiciaire, elle est à présent entre les mains de la Justice qui va poursuivre son travail en vertu des lois, et les résultats (de l'enquête) seront transmis au gouvernement. Sur le plan sécuritaire, les forces de l'ordre prennent le soin d'appliquer le plan prévu à cet effet", a affirmé le chef de l'Etat en début de réunion.

Le 30 juin, des échanges de tirs avaient eu lieu entre partisans de Walid Joumblatt et de son rival, le chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane (allié au Hezbollah), au moment du passage du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib (membre du PDL). Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil effectuait une visite dans le caza de Aley, où il avait notamment tenu des propos controversés sur la guerre druzo-chrétienne de la Montagne dans les années 80. Deux partisans du parti de M. Arslane avaient été tués lors de ces affrontements. La semaine dernière, les Forces de sécurité intérieure avaient clôturé leur enquête et remis leur rapport au chef de l’État, au président de la Chambre et au Premier ministre. Cette enquête écartait la piste d'une embuscade tendue en vue d'assassiner le ministre Saleh Gharib par des partisans joumblattistes, comme le prétendaient M. Arslane et ses alliés. Mais l'affaire est encore entre les mains de la Justice militaire, au moment où M. Arslane et ses alliés réclament qu'elle soit transférée à la Cour de justice, une instance d'exception. Cette demande a été catégoriquement rejetée par M. Joumblatt, le Premier ministre, ainsi que le président Berry. Lundi, le président Aoun avait affirmé, selon des proches, que c'est Gebran Bassil qui était visé par "l'embuscade" et non Saleh Gharib.


(Lire aussi : Grand final du feuilleton : une réconciliation Joumblatt-Arslane dans l’urgence à Baabda)



Bassil absent

Avant le début du Conseil, le président, qui a eu un aparté avec le chef du gouvernement, s'est également entretenu avec Saleh Gharib. Il lui a exprimé son souhait de ne pas aborder la question de Qabr Chmoun durant la réunion, ce à quoi le ministre d'Etat a répondu favorablement. Aucune poignée de main n'a eu lieu entre Saleh Gharib, et les ministres de l'Education et de l'Industrie, Akram Chehayeb et Waël Bou Faour, membres du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt. "L'opportunité ne s'est pas présentée", a lancé M. Gharib à sa sortie du Conseil. "Ce sur quoi nous nous sommes entendus hier avait déjà notre aval dès le premier jour. La situation aurait pu être résolue depuis ce jour-là", a-t-il ajouté. Talal Arslane, qui a tenu une conférence de presse à midi, a pour sa part estimé que "la réconciliation politique a commencé", faisant savoir toutefois que d'autres aspects de la crise devraient être résolus pour que cette réconciliation se poursuive.

Le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, s'est absenté de la réunion du gouvernement, officiellement en raison d'un agenda chargé. Toutefois, il a profité de Twitter pour s'exprimer sur l'affaire de Qabr Chmoun : "L'incident a provoqué une vive tension qui aurait pu mener vers la sédition, mais nous avons évité cela. Nous avons également réglé la question de la paralysie du gouvernement. La réunion qui s'est tenue hier à Baabda a permis (...) de poursuivre le déroulement de l'enquête judiciaire et a fait que la logique de l'Etat dirigé par le président de la République l'a emporté. C'est ce qu'il y a de plus important. Mais cette réunion a également permis d'obtenir davantage de résultats, mais nous n'en parlerons que le temps venu (...)", a écrit M. Bassil.


(Lire aussi : Qabr Chmoun : "La réconciliation politique a commencé", annonce Arslane)



Pas de Conseil des ministres la semaine prochaine

A l'issue de la réunion, le ministre de l'Information, Jamal Jarrah, a donné un bref point de presse dans lequel il a abordé le contenu politique du Conseil des ministres qui s'est tenu.  "L'aspect politique dans l'affaire de Qabr Chmoun est clos, après la réunion d'hier. L'aspect juridique suit son cours, de manière à préserver les droits de toutes les parties concernées par l'affaire. C'est au gouvernement de prendre la décision adéquate à ce niveau, une fois l'enquête (menée par le tribunal militaire) achevée. En outre, des plans sécuritaires ont été mis en place, et une partie de ces plans a déjà été appliquée. Le reste suivra afin d'assurer la sécurité et la stabilité sur tout le territoire libanais", a déclaré M. Jarrah.

Il a également fait savoir que tous les points qui figuraient à l'ordre du jour du Conseil des ministres aujourd'hui ont été adoptés, sans plus de détails. Le cabinet a planché samedi sur l'ordre du jour qu'il s'était fixé le 2 juillet, lors de sa dernière réunion qui n'avait pu se poursuivre en raison de la crise politique. Le ministre de l'Information a en outre fait savoir que le gouvernement ne se réunira pas la semaine prochaine, mais celle d'après.



(Lire aussi : Joumblatt remporte une manche, mais pas la guerre...)


Hier, à l'issue de la réunion de Baabda, Saad Hariri avait déclaré que "la réconciliation a été scellée et à partir d'aujourd'hui, nous ouvrons une nouvelle page de coopération pour l'intérêt du Liban et des Libanais". "Les participants à cette réunion ont condamné les regrettables incidents de Qabr Chmoun, dont le dossier se trouve désormais aux mains de la justice militaire qui enquête sur leurs circonstances. A l'issue de cette enquête, le gouvernement prendra alors une décision", avait fait savoir le Premier ministre.

Dans une réaction notable à cette affaire, l'ambassade des États-Unis au Liban avait appelé mercredi à un règlement dans le cadre judiciaire, à l'écart de "toute ingérence politique". Le Hezbollah avait critiqué cet appel, estimant qu'il s'agit d'une "ingérence flagrante et grossière dans les affaires intérieures libanaises", et d'"une intervention inadmissible sur la forme et le fond dans le conflit politique local (..), qui rend la crise plus complexe".

Saad Hariri, qui se trouvait depuis la fin de la semaine dernière à l'étranger dans le cadre d'un déplacement familial, était rentré mercredi soir à Beyrouth et prévoit de se rendre dans les prochaines heures à Washington. Dans la capitale américaine, le Premier ministre doit s’entretenir avec le secrétaire d’État, Mike Pompeo, et d’autres responsables américains.


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J'aime bien quand le Hezbollah dit de l'ingérence américaine et l'Iran que fait elle?

Eleni Caridopoulou

17 h 30, le 12 août 2019

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Commentaires (2)

  • J'aime bien quand le Hezbollah dit de l'ingérence américaine et l'Iran que fait elle?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 30, le 12 août 2019

  • ESPERONS ET SOUHAITONS POUR LE MIEUX.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 50, le 10 août 2019

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