Le leader druze et député Talal Arslane, qui a perdu deux de ses partisans le 30 juin lors des affrontements de Qabr Chmoun (caza de Aley) avec des militants de son rival Walid Joumblatt, a affirmé samedi que "la réconciliation politique" a commencé, au lendemain de la réunion de réconciliation qui s'est tenue au palais de Baabda, sous la houlette du chef de l'Etat, Michel Aoun, du Premier ministre, Saad Hariri, et du président du Parlement, Nabih Berry.
"Hier à Baabda, lors de notre réunion, la forme et le contenu des discussions étaient bons et rassurants, et constituent un premier pas vers la suite qui n'a pas encore été abordée", a affirmé Talal Arslane, lors d'une conférence de presse. "Le président de la République, Michel Aoun, a déployé ses efforts pour que les droits des martyrs, ceux des habitants de la Montagne, ainsi que le prestige de l'Etat et de la Justice, soient préservés", a-t-il ajouté.
"Ce qui s'est passé à Qabr Chmoun-Bassatine a trois dimensions : politique, judiciaire et sécuritaire. Hier, la dimension politique a été abordée, et cela n'est qu'à ses débuts. Nous avons des divergences avec le PSP. Mais si une vraie réconciliation doit avoir lieu, elle doit se baser sur certains fondements, notamment le fait de régler tous les problèmes internes qui ont lieu dans la Montagne (...), a prévenu le chef du PDL. Oui, la réconciliation a débuté hier au niveau politique, mais poursuivre cette réconciliation nécessite de régler encore de nombreux détails, et j'espère que les trois présidents suivront de près cette affaire", a plaidé Talal Arslane.
Sur le plan judiciaire, le leader druze a fait montre d'ouverture. "Tous les suspects et les témoins doivent se présenter devant la Justice, qu'ils appartiennent à notre camp ou à l'autre. Nous sommes prêts à faciliter cela. Si le ministre Saleh Gharib doit répondre à cet appel, il le fera".
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"Il faut que justice soit faite"
Le 30 juin, des échanges de tirs avaient eu lieu entre partisans de Walid Joumblatt et de Talal Arslane (allié au Hezbollah), au moment du passage du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib (membre du PDL). Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil effectuait une visite dans le caza de Aley, où il avait notamment tenu des propos controversés sur la guerre druzo-chrétienne de la Montagne dans les années 80. Deux partisans du parti de M. Arslane avaient été tués lors de ces affrontements. La semaine dernière, les Forces de sécurité intérieure avaient clôturé leur enquête et remis leur rapport au chef de l’État, au président de la Chambre et au Premier ministre. Cette enquête écartait la piste d'une embuscade tendue en vue d'assassiner le ministre Saleh Gharib par des partisans joumblattistes, comme le prétendaient M. Arslane et ses alliés. Mais l'affaire est encore entre les mains de la Justice militaire, au moment où M. Arslane et ses alliés réclament qu'elle soit transférée à la Cour de justice, une instance d'exception. Cette demande a été catégoriquement rejetée par M. Joumblatt, le Premier ministre, ainsi que le président Berry. Lundi, le président Aoun avait affirmé, selon des proches, que c'est Gebran Bassil qui était visé par "l'embuscade" et non Saleh Gharib.
"Il faut que justice soit faite, sans concessions, ni de notre part, ni de l'autre", a insisté Talal Arslane, qui a dit "tendre la main à tout le monde". "Nous ne pouvons plus supporter la paralysie de l'Etat. C'est pour cela que nous avons consenti à ce que le gouvernement se réunisse aujourd'hui", a-t-il en outre souligné.
A l'issue de la réunion de réconciliation qui s'est tenue hier, M. Hariri avait déclaré hier qu'"à partir d'aujourd'hui, nous ouvrons une nouvelle page de coopération pour l'intérêt du Liban et des Libanais". "Les participants à cette réunion ont condamné les regrettables incidents de Qabr Chmoun, dont le dossier se trouve désormais aux mains de la justice militaire qui enquête sur leurs circonstances. A l'issue de cette enquête, le gouvernement prendra alors la décision adéquate", avait fait savoir le Premier ministre. Le gouvernement ne s'était plus réuni depuis les incidents de la Montagne, notamment en raison des divergences sur la saisine ou non de la Cour de justice pour juger ces affrontements.
Dans une réaction notable à cette affaire, l'ambassade des États-Unis au Liban avait appelé mercredi à un règlement dans le cadre judiciaire, à l'écart de "toute ingérence politique". Le Hezbollah et ses alliés avaient critiqué cet appel, estimant qu'il s'agit d'une "ingérence flagrante et grossière dans les affaires intérieures libanaises", et d'"une intervention inadmissible sur la forme et le fond dans le conflit politique local (..), qui rend la crise encore plus complexe".
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commentaires (10)
Elle est loin la politique nationale et patriotique de l'émir Majid et aussi bien du frère de l'actuel : L'émir Faycal décédé. Ils étaient plus éclairés. D'ailleurs, le leadership yazbaki" était de loin plus important l'actuel.
LE FRANCOPHONE
14 h 50, le 11 août 2019