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Liban - Décryptage

Qabr Chmoun : un conflit interdruze qui cache une crise de confiance

Pour la quatrième semaine consécutive, l’affaire dite de Qabr Chmoun continue de planer sur la vie politique libanaise. La tendance à laisser faire le temps pour calmer les esprits n’a pas été efficace et la tension ne cesse de monter entre les deux principaux protagonistes, le PSP de Walid Joumblatt et le Parti démocratique libanais (PDL) de Talal Arslane. L’incident de la nuit de vendredi à samedi devant le domicile du ministre Saleh Gharib, proche de M. Arslane, n’est qu’un nouvel indice de l’échauffement des esprits. Samedi, le PDL a accusé un partisan du PSP d’avoir tenté, la nuit précédente, « d’entrer par la force » au domicile de Saleh Gharib.

C’est d’ailleurs la première fois qu’un conflit entre deux groupes druzes prend une telle ampleur, sachant qu’en général, cette communauté tient à serrer les rangs et à éviter que du sang soit versé en interne en dépit des divergences politiques et stratégiques.

Mais cette fois, la situation semble différente. Les deux partis ne cachent pas leur impression d’être directement visés, avec le sentiment qu’il y a un plan pour les éliminer. C’est ce que laissent entendre Saleh Gharib et son camp, qui voient dans tous les développements depuis la visite du chef du CPL, Gebran Bassil, dans la Montagne le 30 juin, une volonté claire de les éliminer du paysage politique pour garder toute la représentation druze entre les mains du PSP. Quelle que soit la version des faits retenue par l’enquête préliminaire, il n’en reste pas moins que deux des partisans du PDL et gardes du corps officiels de Saleh Gharib ont été tués à Qabr Chmoun alors que vendredi soir, une nouvelle attaque a été déjouée contre le domicile de ce même ministre dans la même région. Pour les partisans du parti de l’émir Talal, le message est clair, on veut faire comprendre à Saleh Gharib qu’il devrait revoir à la baisse ses ambitions politiques et se rallier au leadership de Walid Joumblatt. Pour les partisans de M. Arslane, cette situation ressemble fort à celle qui avait prévalu dans les années 1990, lorsque le PSP, qui bénéficiait alors de l’appui des Syriens présents en force au Liban, monopolisait pratiquement la représentation druze dans la région de la montagne et au sein de l’État.



(Lire aussi : Raidissement de Joumblatt et Arslane : on est au « pic de l’escalade »)



Cette approche est totalement démentie par les sources du PSP qui affirment que c’est au contraire le leadership de Joumblatt qui est visé. Selon ces sources, le plan serait clair depuis l’arrivée du général Michel Aoun à la présidence et surtout depuis les changements dans la situation régionale, notamment en Syrie. Mesure après mesure, on chercherait donc à réduire l’influence du PSP et le leadership de Joumblatt pour imposer aux druzes de nouveaux représentants plus en phase avec les nouveaux rapports de force régionaux. C’est dans ce contexte que le coupable dans l’agression de Choueifate en 2018, qui avait fait un mort dans les rangs du PSP, n’a jamais été livré à la justice et nul n’a jamais poussé vers l’ouverture de ce dossier. Toujours selon les mêmes sources, s’il est vrai que les partisans du PSP ont attaqué le 30 juin le convoi du ministre Gharib, dans une volonté de lui bloquer la route, ils ont surtout agi dans un accès de colère et parce qu’ils sentent depuis quelque temps qu’on veut réduire l’influence de leur parti et de leur zaïm. Ce serait donc un cumul de décisions qui serait à l’origine de la colère des partisans du PSP dans cet état d’alerte et qui aurait provoqué des réactions violentes.

Le conflit entre les deux camps druzes a pris une telle ampleur qu’il ne peut plus être réglé par les démarches ordinaires, médiations et autres tentatives d’apaisement. D’ailleurs, le directeur de la Sûreté générale, qui depuis le début s’était chargé du volet sécuritaire du règlement de l’affaire de Qabr Chmoun, a pris une pause, alors que le Premier ministre a, de son côté, quitté le pays pour un court séjour à l’étranger, sans plus chercher à réunir le gouvernement qu’il préside.

Si des sources politiques qui suivent ce dossier estiment que le mieux serait une initiative de la part des cheikhs druzes et des sages en général, pour réunir les protagonistes et redonner la priorité à l’unité de la communauté, d’autres pensent que le véritable problème réside dans le fait que Joumblatt refuse de reconnaître Arslane comme son interlocuteur. Selon des sources proches du PDL, le camp de Joumblatt considère en réalité que l’émir Arslane et son parti sont des instruments entre les mains de parties au pouvoir ou même régionales. En réalité, pour Joumblatt et ses partisans (selon ces mêmes sources), le véritable conflit serait donc avec le Hezbollah, qui serait le seul, dans l’optique du PSP, à pouvoir donner au leader de Moukhtara les garanties qu’il réclame et apaiser ses craintes. Or, jusqu’à présent, le Hezbollah, ainsi que les autres protagonistes, refusent d’interférer, préférant laisser les deux camps druzes régler leur différend. C’est sur ce point que butent désormais les efforts de médiation et rien n’indique, à ce stade, qu’une partie est sur le point de céder à l’autre.


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commentaires (6)

Définition du LIBAN FORT ET NOUVEAU: 1) des partisans de chefs de communautés qui s'entretuent...et leurs chefs qui "exigent" ceci et cela 2) un président faible, otage du parti qui l'a mis sur le fauteuil, moyennant des accords en sa faveur et du pays qui l'arme et le finance 3) un gouvernement paralysé par ceux qui oeuvrent sur ordre de pays connus de tous, et qui ne sont pas forcément Israël, l'Occident etc., selon la formule habituelle 4) un peuple qui n'en peut plus de misère, une économie détruite, une corruption générant anarchie, morts et destructions, ainsi qu'une justice inexistante ou manipulée 5) une réputation semblable à celle des pires pays du quart-monde Vive donc ce LIBAN FORT ET NOUVEAU, et MERCI pour ce cadeau !!! Irène Saïd

Irene Said

17 h 08, le 29 juillet 2019

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Commentaires (6)

  • Définition du LIBAN FORT ET NOUVEAU: 1) des partisans de chefs de communautés qui s'entretuent...et leurs chefs qui "exigent" ceci et cela 2) un président faible, otage du parti qui l'a mis sur le fauteuil, moyennant des accords en sa faveur et du pays qui l'arme et le finance 3) un gouvernement paralysé par ceux qui oeuvrent sur ordre de pays connus de tous, et qui ne sont pas forcément Israël, l'Occident etc., selon la formule habituelle 4) un peuple qui n'en peut plus de misère, une économie détruite, une corruption générant anarchie, morts et destructions, ainsi qu'une justice inexistante ou manipulée 5) une réputation semblable à celle des pires pays du quart-monde Vive donc ce LIBAN FORT ET NOUVEAU, et MERCI pour ce cadeau !!! Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 08, le 29 juillet 2019

  • MEGA ABRUTISSEMENT ET SUPER HEBETUDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 37, le 29 juillet 2019

  • Il est clair comme "l'oeil du coq" que c'est le leadership de Walid Joumblatt qui est visé. Qui a tué Kamal Joumblatt ? Qui a tué Béchir Gemayel ? Qui a tué Rafic Hariri ? Les rivaux locaux de Walid Joumblatt ne sont que des bouffons et des paillassons au service de l'étranger et des forces régionales, ils sont nombreux, hélas, parmi ceux qui nous gouvernent "aala aynak ya tajer". Pauvre Patrie !

    Un Libanais

    12 h 08, le 29 juillet 2019

  • Tout ce qui est dit est vrai, joumgirouette ne veut pas d'ombre à sa prédominance et Arslane veut être reconnu comme force opposante alliée à l'axe de la résistance du nouveau et fort Liban. C'est tellement facile à comprendre qu'il faudrait tout simplement choisir son camp. Moi je suis pour le dégagement du fossile joumgirouette, comme j'étais pour le groupe des ministres opposants sunnites, comme je serai pour l'écartement du dinosaure berry. Comme je suis pour les actuels dirigeants maronites contre les préhistoriques de l'époque glaciaire. Si je dois faire un reproche à Scarlett ( hehe ) c'est dans le pléonasme du titre de son excellent article.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 38, le 29 juillet 2019

  • Crise de confiance ? Non, crise d'égoïsme tribal qui était encore utile il y a 1-2 siècles. Crise de vouloir dominer l'autre. Crise due aussi au manque de savoir faire et parler de certains des acteurs de cette mascarade ridicule, qui feraient mieux de se retirer au calme et de réflêchir... Crise attisée par ceux qui en profitent dans les coulisses ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 26, le 29 juillet 2019

  • MEME DANS CET ARTICLE LE PARTI PRIS A PRIS LE DESSUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 09, le 29 juillet 2019

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