Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 26 juillet 2019. Capture d'écran al-Manar
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a exprimé vendredi son soutien à son allié druze, le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, qui réclame que la Cour de justice soit saisie des affrontements armés de Qabr Chmoun (caza de Aley), il y a près d'un mois, démentant être à l'origine de cette demande qui paralyse le gouvernement.
"A Qabr Chmoun, un ministre aurait pu se faire tuer. Ce ministre appartient à un parti dont le chef a réclamé, sans aucune pression de la part du Hezbollah, que la Cour de justice soit saisie, car ces incidents constituent une menace pour la paix civile. Il s'agit d'une demande légitime", a déclaré le leader chiite lors d'une allocution télévisée prononcée à l'occasion du 31ème anniversaire de la création de Jihad al-Bina’, la Fondation pour l’effort de reconstruction, très active après l'offensive israélienne contre le Liban en 2006.
Le 30 juin, alors que des partisans du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt manifestaient contre la visite dans certains villages du caza de Aley du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, des échanges de tirs ont eu lieu à Qabr Chmoun entre les membres du convoi du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, allié de M. Bassil et membre du Parti démocrate libanais de Talal Arslane, rival traditionnel de M. Joumblatt sur la scène druze, et des partisans joumblattistes. Deux personnes se trouvant dans le convoi de M. Gharib ont été tuées au cours de l'échange de tirs.
Depuis, Talal Arslane, qui parle d'"embuscade" et de "tentative d'assassinat" du ministre Gharib, exige que les auteurs des violences soient déférés devant la Cour de justice, une instance d'exception. Ce que Walid Joumblatt et ses alliés refusent catégoriquement. Le gouvernement de Saad Hariri ne s'est plus réuni depuis, en raison de ces divergences.
"Nous sommes pour la tenue d'un Conseil des ministres le plus rapidement possible. Le gouvernement doit absolument discuter de ce dossier", a affirmé Hassan Nasrallah, assurant que sa formation ne paralysait pas le gouvernement. .
Le leader du Hezbollah a démenti être à l'origine de la demande de M. Arslane concernant la Cour de justice. "Nous n'imposons rien à nos alliés, nous les respectons. Il est ignoble de considérer que nous, ou la Syrie, utilisons nos alliés druzes, sunnites et chrétiens. Il s'agit d'une insulte, d'une injustice et d'un mensonge", a déclaré Hassan Nasrallah, ajoutant : "Le Hezbollah ne se cache pas. Si nous voulons exprimer notre opposition, nous le faisons nous-mêmes".
"Certains pensent que c'est le Hezbollah qui gouverne le pays. C'est le plus grand mensonge de l'histoire. Si je gouvernais le pays et contrôlais la justice, j'aurai fait en sorte que la Cour de justice soit saisie dès le premier jour des incidents de Qabr Chmoun", a-t-il poursuivi, soulignant que "ceux qui portent ces accusations poursuivent un but, celui de faire porter au Hezbollah la responsabilité de tous les problèmes du pays, servant ainsi les intérêts des États-Unis, d'Israël et de l'Arabie saoudite".
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Emploi des Palestiniens : "Rien à voir avec l'implantation"
Le dirigeant chiite est également revenu sur la colère des réfugiés palestiniens résidant au Liban contre le plan de lutte contre le travail illégal du ministère du Travail, appelant à un règlement de la question "dans le calme" à travers "un dialogue libano-palestinien".
"Il faut régler ce dossier d'un point de vue humanitaire et dans le calme, loin de toute surenchère", a-t-il affirmé. "Nous encourageons l'emploi des Libanais (...) mais il ne faut pas oublier que les réfugiés palestiniens n'ont pas de pays dans lequel ils pourraient retourner travailler. Les Syriens ou les Soudanais ont un pays, pas les Palestiniens", a ajouté le chef du Hezbollah, assurant que "l'emploi des Palestiniens n'a rien à voir avec la question de l'implantation".
"Il est triste de voir comment tous les dossiers sont politisés", a-t-il poursuivi, balayant les rumeurs selon lesquelles le Hezbollah et le mouvement palestinien Hamas seraient derrière les protestations des Palestiniens résidant au Liban. "Il s'agit d'un mensonge éhonté", a-t-il lancé, estimant que ce dossier "est lié à la cause palestinienne, auquel le Liban et tous les pays arabes sont attachés."
Les Palestiniens protestent contre la campagne menée par le ministère du Travail contre l'emploi illégal des étrangers. En juin, il avait donné un délai d'un mois aux entreprises pour régulariser leur situation et acquérir les permis de travail nécessaires. Après l'expiration de ce délai la semaine dernière, le ministère a procédé à des inspections, fermé des établissements en infraction et lancé une série d'avertissements. Des activistes ont critiqué ces mesures, affirmant qu'elles visaient particulièrement les Syriens qui se chiffrent à 1,5 million au Liban selon les autorités.
(Lire aussi : Abousleiman : Les motivations derrière l’application de la loi sont légales et non politiques)
Le port de Beyrouth
Par ailleurs, Hassan Nasrallah a catégoriquement démenti les accusations de l'ambassadeur d'Israël aux Nations Unies, Danny Danon, qui avait affirmé mardi lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation au Moyen-Orient, que le port de Beyrouth était devenu "le port du Hezbollah" par lequel l'Iran livre des armes au parti chiite. "Je démens catégoriquement ces accusations. Il s'agit d'une tentative d'imposer une tutelle sur le port de Beyrouth", a jugé le chef du parti chiite.
Au Conseil de sécurité, la représentante permanente du Liban à l'ONU, Amal Moudallali, avait répondu aux accusations israéliennes, en les qualifiant de "menaces directes contre la paix et les infrastructures libanaises". La dernière grande confrontation en date entre le Hezbollah et l’État hébreu remonte à 2006. Les 33 jours de guerre avaient fait 1.200 morts côté libanais, en grande majorité des civils, et 160 côté israélien, sans permettre une neutralisation du parti chiite.
En outre, le chef du Hezbollah a expliqué que sa formation avait pour la première fois voté en faveur du Budget contrairement aux années précédentes car, a-t-il dit, "nous sommes face à une situation économique difficile qui réclame coopération et prise de responsabilité".
Le président de la République Michel Aoun, rappelle-t-on, a refusé de signer le décret de publication du Budget de 2019, déjà paraphé par le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Saad Hariri. La raison invoquée par le palais présidentiel est qu’une disposition du texte aurait été retranscrite dans une version différente de ce qui avait été voté par les députés lors de la séance du vendredi 19 juillet.
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commentaires (16)
Qui a tue Kamal Joumblat?
Eleni Caridopoulou
13 h 07, le 02 août 2019