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Liban - Liberté d’expression

Mashrou’ Leila toujours dans le collimateur de ses détracteurs

La remise en liberté des membres du groupe et leur engagement à présenter des excuses n’ont pas dissuadé certains de poursuivre les appels à une interdiction du concert prévu le 9 août.


Le quatuor de Mashrou’ Leila. Photo tirée de la page Facebook du groupe

Une décision de justice ne semble être, pour certains, qu’une opinion parmi d’autres. La polémique autour du groupe pop Mashrou’ Leila, qui fait couler beaucoup d’encre depuis dimanche dernier, est censée pourtant s’achever après que la procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, a donné mercredi au département de la Sécurité de l’État l’ordre de relâcher deux membres du groupe. Ils avaient été interpellés le même jour, après une cabale menée contre Mashrou’ Leila sur les réseaux sociaux et des appels à interdire leur concert prévu le 9 août à Jbeil, sur fond d’accusations liées à une soi-disant atteinte aux croyances religieuses.

La décision de Mme Aoun ne paraît pourtant pas avoir convaincu le président de la municipalité de Majdel Akoura (caza de Jbeil), Samir Assaker. Dans un communiqué publié hier, il a exhorté les députés, présidents de municipalité et mokhtars de la région, absents de la réunion tenue mercredi par l’archevêque de Jbeil, Mgr Michel Aoun, à interdire l’événement inscrit dans le cadre du Festival international de Byblos. Au cours de la séance, à laquelle avaient pris part – outre des personnalités politiques et du monde administratif et partisan – les membres de Mashrou’ Leila, ces derniers avaient pourtant promis de tenir bientôt une conférence de presse en vue de présenter des excuses à ceux qui auraient été dérangés par ce qu’ils considèrent comme une atteinte aux signes religieux qu’ils auraient commise via des publications sur les réseaux sociaux ainsi qu’à travers deux de leurs chansons qualifiées d’offensantes. Le groupe s’était en outre engagé à retirer celles-ci de son concert.



(Lire aussi : « Mashrou’ Leila » pourra se produire, à condition que...)


Mais M. Assaker s’est rabattu sur les responsables qui n’avaient pas participé à la réunion, leur demandant de « prendre une position claire en appelant le plus rapidement possible à un meeting que parrainerait Mgr Michel Aoun pour exprimer le rejet d’un groupe qui porte atteinte aux religions et symboles religieux ». L’édile a même évoqué « l’organisation d’un mouvement populaire sur le terrain pour protester contre l’insulte aux croyances ». L’Orient-Le Jour a tenté d’entrer en contact avec Mgr Aoun pour lui demander s’il entendait répondre à l’appel de M. Assaker, mais ni lui, ni Mgr Charbel Antoun, ni le P. Joseph Ziadé, respectivement vicaire général et secrétaire de l’archevêché maronite de Jbeil, n’étaient joignables.

Contacté par L’OLJ, Ziad Hawat, député de Jbeil, affirme qu’il n’était pas présent à la réunion de Jbeil mercredi. « Nous sommes contre toute atteinte aux croyances religieuses, mais nous considérons qu’une telle offense ne doit être sanctionnée que par les autorités compétentes, à savoir le pouvoir judiciaire et la Sûreté générale », affirme-t-il, appelant à « se plier aux lois et laisser ces institutions faire seules leur travail ». M. Hawat estime d’ailleurs que « ce n’est pas une image ou une chanson qui parviendraient à ébranler une foi bien enracinée », demandant à « mettre fin à l’exagération, au populisme et à la surenchère ».


(Lire aussi : En arrière toute !le billet de Gaby NASR)



Pas de crime pénal
Une source judiciaire proche de la procureure générale du Mont-Liban affirme à L’OLJ que Mme Aoun a relâché les deux musiciens car, selon son appréciation, les faits qu’on leur reproche s’inscrivent dans le cadre de leur exercice de la liberté d’expression et ne constituent donc pas un élément de crime pénal. Ainsi, la juge n’a pas estimé opportun d’engager des poursuites, d’autant qu’aucune plainte personnelle n’a été déposée, ajoute la source précitée, soulignant, par ailleurs, qu’interdire le concert n’est pas du ressort de Mme Aoun, mais plutôt de celui du comité organisateur du Festival international de Jbeil.

Un proche de ce comité indique que, se basant sur les résultats de la réunion de mercredi, au cours de laquelle les musiciens avaient souscrit aux conditions requises, les organisateurs maintiennent leur volonté de produire l’événement. Au moment où L’OLJ est entré en contact avec l’un des neuf membres du comité, celui-ci n’était pas encore au fait de l’information concernant l’appel du président du conseil municipal de Majdel à interdire l’événement. « En tout état de cause, nous allons nous réunir au plus tard lundi ou mardi pour prendre la décision adéquate, qui sera fondée sur les derniers développements », indique-t-il.

C’est également en début de semaine prochaine que devrait avoir lieu la conférence de presse des musiciens, lesquels étaient inscrits hier aux abonnés absents, des sources bien informées affirmant qu’ils ne souhaitent pas pour l’instant s’adresser à la presse.


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commentaires (6)

Une éminente personne nous dit que le groupe pop "Mashrouh' Leila" s'est déjà produit à travers le Liban et dans le monde... C'est un peu vague. S'est-il produit dans les pays dits arabes ? Si oui, dans lesquels ?

Un Libanais

19 h 14, le 26 juillet 2019

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Une éminente personne nous dit que le groupe pop "Mashrouh' Leila" s'est déjà produit à travers le Liban et dans le monde... C'est un peu vague. S'est-il produit dans les pays dits arabes ? Si oui, dans lesquels ?

    Un Libanais

    19 h 14, le 26 juillet 2019

  • IL Y A QUAND MEME DES SUJETS INACCEPTABLES. RIRAIT-ON SI AU LIEU DE LA TETE DE SA MERE ON COLLAIT CELLE DE MADONA ? NON. ET CELLE DE LA VIERGE SE TAIRAIT-ON ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 13, le 26 juillet 2019

  • Je n'ai pas admis ni accepté que "Charlie Hebdo" s'attaque en France aux symboles de l'Islam , pour que j'accepte qu'un groupe dit pop s'attaque au Liban aux symboles des chrétiens. Point final.

    Un Libanais

    16 h 49, le 26 juillet 2019

  • Tout comme ces jeunes demandent a être respecté dans leur choix, aussi faux qu'ils soient, il faut comprendre que l’église ne peut accepter de telles actions et ne peut en aucun cas se rétracter. Ce sont les enseignements de Dieu que cela plaise ou non. Ce n'est donc point une question d’être borné ou pas. Ceux qui sont vraiment borné sont ceux qui refusent les enseignements de Dieu et qui, au nom de la modernité, veulent pouvoir se permettre de fouler certaines valeurs Chrétiennes aux pieds. Inacceptable! Maintenant, puisque les chanteurs ont fait amende honorable il faut leur foutre la paix. Ils ont eu leur Buzz et petit succès inespérés a travers les réseaux sociaux, basta le sujet est clos!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 50, le 26 juillet 2019

  • A ce stade le groupe devrait lui même se retirer du programme et aller se produire dans une région moins bornée; le Public devrait boycotter le festival pour que Mr Assaker apprenne à ne pas méler le sacré et le profane, ces jeunes se sont pliés aux demandes du clergé, que veut il de plus? Dieu reconnaitra les siens.

    Christine KHALIL

    08 h 36, le 26 juillet 2019

  • En anglais, « chicken » Tous. Ayez tous, ou aucun, le courage de publier ce qui crée le scandale. Force de suggérer, de sublimer, de rapporter sans informer, vous n’avez pas le courage de dévoiler ce qui gêne, choque, dérange le public qui s’oppose au groupe. Imprimer et publiez l’image qui a généré cette fureur. Sinon cessez de publier des innuendos, comme ci-dessus, Aoun a décidé, l’autre Aoun a déclaré, et je parie que personne ne comprend ce qui se passe. Ayez le courage de vos convictions, sinon, pas de journalisme, seulement du rapportage, dans son sens le plus « cour d’une école primaire » Je regrette d’avoir été aussi « cru »

    Evariste

    03 h 36, le 26 juillet 2019

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