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Culture - Musique

Mashrou’ Leila : Un peu de fraîcheur ne peut pas nous faire du mal

À l’occasion du Festival international de Amchit, le batteur de Mashrou’ Leila, Carl Gergès, revient sur l’histoire du groupe à travers trois chansons phares du concert de ce soir*.

De gauche à droite : Carl Gergès, Haig Papazian, Firas Abou Fakher et Hamed Sinno, les 4 mousquetaires de Mashrou’ Leila. Photo D.R.

Aoede
C’est la chanson avec laquelle nous entamons notre concert. Elle nous permet de rentrer dans le bain, d’instaurer une atmosphère avec le public. Elle a marqué l’histoire du groupe car elle représente une transition dans notre style musical. C’était le moment où on voyageait énormément. On écrivait nos textes et nos compositions dans des chambres d’hôtel, des avions, des trains, partout où l’on pouvait… Mais ce côté désorganisé ne nous empêchait pas d’être ambitieux. Au contraire. On voulait que la mélodie soit très symphonique. C’est pour cela qu’on a utilisé un orchestre et qu’on a travaillé deux fois plus assidûment pour écrire les partitions des violons, des chablloz (NDLR : sortes de clavecin) et du reste.
En plus, Hamed chante en voix de tête. Ce qu’il fait rarement. Donc, cela ajoute vraiment quelque chose d’inhabituel. Et il faut dire qu’on a enregistré cette chanson dans le mythique studio La Frette, à Lafrette-sur-Seine, à côté de Paris. C’est une maison isolée dans une énorme forêt où on peut vraiment se concentrer sur la musique. Les Arctics Monkeys enregistrent là-bas en ce moment. Quand on y était, on a rencontré par hasard Nick Cave… C’est un endroit de légende, un studio très vintage, avec des instruments des années 60… Le résultat ? Un son très sale, comme abîmé, enregistré sur bande où on a juxtaposé la musique de l’orchestre symphonique, beaucoup plus douce et plus légère. Le contraste entre les deux est très cool. C’est la chanson la plus cinématique qu’on ait jamais écrite.



(Pour mémoire : "Plus jamais seuls", une campagne "positive" pour "briser l'isolement" des LGBT au Moyen-Orient)



Roman
C’est une chanson importante pour nous. Très forte car elle se concentre sur la femme arabe. Dans la vidéo, sortie il y a un an, nous n’apparaissons que quelques secondes. C’était essentiel, à ce moment précis de notre histoire, de prendre du recul et de s’accorder un rôle secondaire.
On a travaillé uniquement avec des femmes sur ce projet : des danseuses, une chorégraphe ou encore Jessy Moussalem, la réalisatrice du clip. Pourtant ; ce n’était pas gagné. C’est une vieille chanson que nous avions composée il y a des années à Montréal et que l’on avait laissé tomber car musicalement nous n’étions pas satisfaits. Et puis un beau jour, il y a quatre ans, en fouillant dans nos archives, on est retombés dessus.
On a décidé de la retravailler en la poussant dans une nouvelle direction, beaucoup plus électronique. C’est un style qu’on aime de plus en plus, et c’est aussi pour cette raison qu’elle doit s’écouter en live. Sur scène, on utilise moins la batterie, les guitares, on se concentre sur les samples et les loops électroniques. C’est une influence qu’on explore beaucoup en ce moment et qui va occuper une place considérable dans notre travail dans les années à venir.


(Pour mémoire : Mashrou' Leila, porte-drapeau malgré eux des gays du monde arabe)



Are You Still Certain ?
Vendredi, ce sera la première fois qu’on jouera en live cette chanson. On est tous très excités de la tester sur scène. On se demande si le public va être réceptif. C’est une collaboration avec Hercules & Love Affair. Andy Butler, le chanteur, est venu enregistrer dans notre studio à Beyrouth, et au fil des jours, en écrivant tous ensemble, nous avons compris que nos visions du monde s’articulaient. Il y a une vraie complémentarité, une pensée commune qui dépasse le simple domaine musical. Un sentiment de solidarité entre nous. D’ailleurs, on va faire de plus en plus de collaborations avec d’autres personnes, élargir notre cercle.
On a, par exemple, un projet en cours avec un rappeur basé à Montréal, the Narcycist.
Cela fait maintenant 10 ans qu’on évolue tous les quatre et, même si on est encore sur la même longueur d’onde, un peu de fraîcheur ne peut pas nous faire de mal.

Mashrou’ Leila, ce vendredi 24 août, Amchit International Festival.

AoedeC’est la chanson avec laquelle nous entamons notre concert. Elle nous permet de rentrer dans le bain, d’instaurer une atmosphère avec le public. Elle a marqué l’histoire du groupe car elle représente une transition dans notre style musical. C’était le moment où on voyageait énormément. On écrivait nos textes et nos compositions dans des chambres d’hôtel, des avions, des...

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