Les Forces libanaises du leader maronite Samir Geagea ont exprimé mardi leur soutien à l'archevêché maronite de Jbeil et au Centre d'information catholique, ces deux instances qui ont appelé à l'annulation du concert du groupe libanais Mashrou' Leila qui doit se produire dans le cadre du festival de Byblos, sur fond de polémique autour de l'homosexualité du chanteur et d'une atteinte présumée à la religion chrétienne.
Dans la soirée, des poursuites ont été engagées devant le bureau du procureur général du Mont Liban à l'encontre du concert du 9 août, pour "insulte au sacré, atteinte aux religions et incitation aux dissensions confessionnelles".
Il semblerait que l’orientation sexuelle du chanteur du groupe, Hamed Sinno, ouvertement gay, ainsi qu’un article qu’il a partagé sur les réseaux sociaux montrant la chanteuse Madonna se substituant à la Vierge Marie sur une icône russe ou byzantine, aient suscité la colère ou la désapprobation dans certains milieux. Il en est de même pour ce qui est du titre Djin (2015), que certaines personnes ont ressorti sur les réseaux sociaux pour en scruter les paroles à la loupe, avant de l’accuser de porter atteinte au christianisme et de promouvoir l’occultisme.
Parmi le flot de responsables politiques et élus locaux qui réclament l'annulation du concert prévu le 9 août, figure aussi un cadre du Courant patriotique libre, Naji Hayek, qui a publiquement menacé le groupe de pop dans un message partagé sur Facebook, qu'il avait ensuite effacé.
Dans un communiqué publié mardi, le district de Jbeil au sein des FL a rappelé que "l'archevêché maronite de Jbeil a publié un communiqué, le 22 juillet, concernant le groupe Mashrou' Leila et le concert qu'il donne dans le cadre du Festival de Byblos, ainsi que son opposition à plusieurs chansons de la formation. Le Centre catholique d'information a également publié un communiqué concernant le même sujet et adoptant la même position". "En harmonie avec ces deux communiqués, le district de Jbeil des FL appelle à prendre en considération leur contenu, et exhorte les personnes concernées, notamment au sein du Festival de Byblos, à coopérer avec l'appel de l'archevêché et du Centre catholique d'information", conclut le communiqué.
Le parti chrétien ne dit toutefois à aucun moment et de manière claire qu'il appelle à l'annulation du concert de Mashrou' Leila.
(Pour mémoire : En Égypte, l'homophobie exacerbée après un concert de Mashrou' Leila)
"Nous ne vivons pas dans la jungle"
La veille, l’archevêché maronite de Jbeil avait toutefois clairement appelé dans un communiqué à l’annulation du concert. Le directeur du Centre catholique d’information, le père Abdo Abou Kassm, avait pour sa part expliqué à L'Orient-Le Jour avoir "reçu des plaintes concernant un groupe qui encourage l’homosexualité". "Ils s’en sont également pris aux symboles religieux chrétiens", avait-il également affirmé. Le dignitaire religieux évoquait également les paroles de certaines chansons du groupe qui, selon lui, "portent atteinte à la Trinité". Condamnant néanmoins les appels à la violence contre Mashrou’ Leila, le père Abou Kassm ajoutait sur ce plan : "Nous ne vivons pas dans la jungle. Si la loi les autorise à se produire, qu’il en soit ainsi, sinon ce sera à la loi de les en empêcher." Le père Abou Kassm a indiqué qu’il étudiait la possibilité de poursuivre le groupe en justice. D’ailleurs, une avocate, Christiane Nakhoul, a porté plainte au nom d’un activiste, Philippe Seif, contre le groupe devant le parquet du Mont-Liban pour "atteinte aux religions et incitation à la discorde sectaire et aux dissensions communautaires".
D'autres personnalités politiques, à l'instar du président du Rassemblement de Saydet el-Jabal et ancien député de Jbeil, Farès Souhaid, ont en revanche exprimé leur soutien au groupe.
Mashrou’ Leila avait répondu lundi à ses détracteurs, se disant étonné des attaques contre le groupe. "Le Festival de Byblos nous a invités à l’occasion du 10e anniversaire de la création de notre groupe. Nous avons été surpris par une campagne infondée menée contre nous et qui frappe la liberté d’expression et touche à l’apostasie", selon un communiqué du groupe, diffusé sur les réseaux sociaux.
Le Festival de Byblos ne s’est pas encore prononcé sur la question, mais des sources au sein de la direction affirment œuvrer pour le maintien du concert, grâce à des contacts avec les autorités compétentes.
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pourquoi la justice libanaise n' a pas deja arrette celui qui a profere des menaces violentes contre cet orchestrE? parce qu'il est CPL?? le CPL et son president n'arrette pas de fairE passer en justice des blogueurs pour des raisons mille fois inferieurs a ces menaces DEUX POIDS DEUX MESURES HONTE AUX DIRIGEANTS ET A CERTAINE JUSTICE ( HEUREUSEMENT PAS TOUTE ) QUI PENSE DEVOIR LEUR POSTE A DES PARTIS DONC NE PEUVENT PAS JUGER EN LEUR AME ET CONCIENCE
15 h 49, le 24 juillet 2019