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Liban - Incident de Qabr Chmoun

Cour de justice : des approches divergentes entre Baabda et le CPL

Pas de Conseil des ministres avant l’accalmie, affirme Saad Hariri.

Michel Aoun s’entretenant avec Ghattas Khoury, hier à Baabda. Photo Dalati et Nohra

Il semble que nous soyons en présence d’un désaccord, ou tout au moins d’approches divergentes, entre le président de la République, Michel Aoun, et le Courant patriotique libre. C’est en tout cas l’impression qui se dégage des divergences observées entre Baabda et le CPL au sujet des incidents survenus le 30 juin dernier à Qabr Chmoun (caza de Aley) et qui avaient coûté la vie à deux partisans du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, relevant du Parti démocrate libanais de Talal Arslane, lors d’échanges de tirs avec des éléments relevant du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt.

C’est surtout autour de l’éventuelle saisine par la Cour de justice, un tribunal d’exception dont les jugements sont sans appel, de l’affaire que le chef de l’État et le parti qu’il a fondé divergent.

À la faveur de l’alliance tissée entre le CPL et le Parti démocrate avant les législatives de mai 2018, la formation de Gebran Bassil appuie le leader de Khaldé qui insiste pour que le dossier soit déféré devant la Cour de justice, contrairement à la volonté aussi bien de Walid Joumblatt que du Premier ministre, Saad Hariri, du président de la Chambre, Nabih Berry, et des Forces libanaises. Pour les milieux du PDL, les affrontements de Qabr Chmoun sont « une tentative d’assassinat perpétrée contre Saleh Gharib ».

En face, le locataire de Baabda préfère attendre l’issue des enquêtes actuellement en cours, avant de déférer le dossier devant le pouvoir judiciaire, selon une source de Baabda contactée par L’Orient-Le Jour. C’est d’ailleurs cette position qu’il avait exprimée devant MM. Arslane et Gharib, lors de leur entretien, lundi dernier. Dans les mêmes milieux, on confie que des personnes soupçonnées d’être impliquées dans les échauffourées de la Montagne devraient encore être remises à la justice. Mais on s’empresse de faire état d’un « progrès » au niveau des contacts en cours pour calmer les esprits et remettre les suspects à la justice.


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Pour en revenir au CPL, il s’est démarqué une fois de plus de la dynamique d’apaisement initiée, il y a une semaine, par le président de la Chambre et à laquelle s’est joint le chef de l’État.

Dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion hebdomadaire au siège du CPL à Sin el-Fil, le bloc du Liban fort a évité de se prononcer explicitement en faveur d’une saisine par la Cour de justice de l’affaire Qabr Chmoun. Mais il a renvoyé la balle dans le camp du Conseil des ministres, tout en décrivant les affrontements de la Montagne comme des incidents portant atteinte à la sécurité du pays. Une façon pour le CPL de justifier son (éventuel) vote en faveur d’un transfert du dossier devant la Cour de justice, si la question est soumise au vote en Conseil des ministres. « La question de la Cour de justice revient au gouvernement, qui doit décider de la saisine » en établissant ou pas le caractère attentatoire de l’incident sécuritaire, sanglant et dangereux ayant mis en danger la vie d’un ministre et la sécurité «, a déclaré le ministre d’État pour les Affaires présidentielles, Salim Jreissati.

Le bloc aouniste emboîtait ainsi naturellement le pas à Gebran Bassil. Lors d’une interview accordée lundi soir à la chaîne NBN, le leader du CPL s’était posé la question de savoir pourquoi les incidents de Qabr Chmoun ne devraient pas être déférés devant la Cour de justice alors que d’autres crimes y ont déjà été transmis.


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Cette différence d’approche entre Baabda et le CPL suscite des interrogations autour de possibles divergences entre les deux camps. Mais dans les milieux de la présidence, on tient à mettre les points sur les i : le CPL exprime une position politique, alors que le chef de l’État évoque l’aspect technique de l’affaire. Mais cela ne signifie pas que les deux prises de position sont contradictoires, estime-t-on.

Pour en revenir au bloc du Liban fort, il s’en est ouvertement pris à Moukhtara, au sujet de la Cour de justice. « Personne n’est dupe face aux pleurnicheries des ministres et députés PSP. Et celles-ci n’ont jamais empêché et n’empêcheront pas l’État de dire son dernier mot » au sujet de la Cour de justice, a déclaré M. Jreissati ajoutant : « Les spécificités des régions ont été bannies par la représentation proportionnelle. Et les réserves communautaires vont à l’encontre du projet d’édification d’un État que nous portons. »

Des critiques auxquelles les milieux joumblattistes n’ont pas tardé à répondre. Ainsi, le responsable média au sein du PSP a posté ce tweet assassin sur son compte personnel : « Une des hontes actuelles (en arabe « jirsate », un jeu de mots articulé autour du nom de M. Jreissati), c’est de voir ceux qui ont bloqué tout un État, soit pour accéder à un siège, soit pour intégrer au gouvernement un candidat malheureux aux législatives, défendre un projet d’édification d’un État. » Une allusion à peine voilée à Gebran Bassil et Michel Aoun. Et d’ajouter : « Pour ce qui est des spécificités des régions, mieux vaut commencer à les bannir à Hadeth (une allusion à la décision de la municipalité de Hadeth d’interdire aux musulmans d’acheter des unités résidentielles dans la localité). »


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Le Conseil des ministres

Entre-temps, et à l’heure où Talal Arslane campe sur sa position au sujet de la Cour de justice, le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, poursuit sa médiation pour que soient remises à la justice toutes les personnes suspectées d’être impliquées dans les échauffourées de Qabr Chmoun. À cette fin, il s’est rendu à Baabda pour un entretien avec le chef de l’État et à Khaldé pour y rencontrer M. Arslane (qui a également reçu le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry). Une source bien informée confie sur ce plan à L’OLJ que le chef du PDL a accepté de remettre à la justice quelques-uns de ses partisans ayant pris part aux affrontements du 30 juin.

La position radicale de Talal Arslane au sujet de la Cour de justice n’en finit pas d’empêcher la tenue d’un Conseil des ministres. Pour rappel, et dans une volonté manifeste d’éviter l’implosion de son cabinet, tiraillé entre les partis favorables à la saisine par la Cour de justice des échauffourées de la Montagne et ceux qui s’y opposent, Saad Hariri avait reporté il y a plus d’une semaine la séance gouvernementale. Une décision prise après une réunion que les ministres du tandem Baabda-CPL avaient tenue au palais Bustros au moment de la réunion du cabinet, pour se solidariser avec leur collègue Saleh Gharib et appuyer sa demande de déférer l’affaire Qabr Chmoun devant la Cour de justice.

Cette réunion avait perturbé les rapports entre Saad Hariri et son partenaire, Gebran Bassil. Mais les contacts se poursuivent loin des feux de la rampe pour paver la voie à la tenue d’un Conseil des ministres, même si la possibilité de voir celui-ci se réunir cette semaine est exclue par certains milieux politiques.

Quoi qu’il en soit, c’est dans le cadre de ces efforts de redynamisation du cabinet que s’inscrit l’entretien, hier, entre Michel Aoun et Ghattas Khoury, conseiller politique de M. Hariri. À en croire les milieux de la Maison du Centre, l’émissaire haririen aurait insisté sur l’importance de ne pas lier le Conseil des ministres aux péripéties politiques.

En attendant l’issue de ces contacts, les aounistes multiplient les signaux positifs en direction de Saad Hariri. « Pour nous, le compromis est un gage. Et les contacts entre le Premier ministre et le leader du CPL sont permanents », a dit M. Jreissati.

Mais en dépit de ce ton jugé positif de la part du CPL, le Premier ministre semble déterminé à empêcher l’implosion de son équipe. Il ne convoquera donc pas à un Conseil des ministres avant qu’un climat d’accalmie soit distillé une bonne fois pour toutes. Une position qu’il a exprimée hier au Sérail, à l’heure où aussi bien le bloc du Futur que la Future TV (dans l’introduction de son journal de 20 heures) ont mis en garde contre toute tentative « d’imposer au chef du gouvernement un ordre du jour des séances ministérielles », dans ce qui sonne comme une critique implicite au camp du 8 Mars, accusé de vouloir soumettre au vote la question de la Cour de justice, contrairement à la volonté de M. Hariri.

Notons enfin que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, brisera vendredi, dans une allocution à l’occasion du 13e anniversaire de la guerre de juillet 2006, le silence radio observé, jusqu’ici, par le parti concernant les incidents de la Montagne.


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Il semble que nous soyons en présence d’un désaccord, ou tout au moins d’approches divergentes, entre le président de la République, Michel Aoun, et le Courant patriotique libre. C’est en tout cas l’impression qui se dégage des divergences observées entre Baabda et le CPL au sujet des incidents survenus le 30 juin dernier à Qabr Chmoun (caza de Aley) et qui avaient coûté la vie...

commentaires (5)

À QUEL POINT ILS SE MOQUENT DES GENS. ET CES MÊME GENS APPLAUDISSENT. YA LATIIIIIIIFFF. IL FAUT L,ENCADRER CETTE PHRASE DE DIVERGENCES ENTRE AOUN ET BASSIL.

Gebran Eid

12 h 55, le 10 juillet 2019

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Commentaires (5)

  • À QUEL POINT ILS SE MOQUENT DES GENS. ET CES MÊME GENS APPLAUDISSENT. YA LATIIIIIIIFFF. IL FAUT L,ENCADRER CETTE PHRASE DE DIVERGENCES ENTRE AOUN ET BASSIL.

    Gebran Eid

    12 h 55, le 10 juillet 2019

  • DE QUI ON SE MOQUE? UN TITRE ATTRAPPE NIGAUDS MAIS CE QUI COMPTE C'EST QUE CELA OBLIGE LE PREMIER MINISTRE A NE PAS CONVOQUER DE CONSEILS DE MINISTRES ET A RETARDER DONC AUSSI LA LOI DE FINANCES L'INCONSCIENCE DE NOS BOUDEURS FRISE LE CRIME CONTRE L'ETAT ET A FORCE DE RETARD LE BUDGET DE 2019 SERA VOTE EN DECEMBRE 2019 ET N'AURA DONC EU AUCUN EFFET SUR L'ANNEE 2019 EN FRANCE LES PROFESSEURS QUI N'AVAIENT PAS CORRIGES LES EPRUVES DU BAC ONT EU 15 JOURSS DE SALAIRES DEDUIT DE LEUR PAYE FAISONS LA MEME CHOSE A TOUS LES MINISTRES QUI NE VIENNENT PAS AU CONSEIL DE MINISTRE ET J'AJOUTE POUR NE PAS ETRE DE PARTI PRIS A TOUS LES PREMIERS MINISTRES QUI NE CONVOQUENT PAS LE CONSEIL DE MINISTRES DANS DES TEMPS PAREILS ET AU PRESIDENT MEME QUI NE TAPE PAS DU POING POUR REGLER ILLICO CETTE AFFAIRE

    LA VERITE

    12 h 53, le 10 juillet 2019

  • DIVERGENCES ENTRE BAABDA ET LE CPL. DE LA RIGOLADE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 01, le 10 juillet 2019

  • Les libanais attendent du gouvernement qu'il se mette au travail. Il n'est pas possible de se plier aux caprices de tel ou tel ministre. Que le gouvernement se réunisse, et que les ministres grévistes soient sanctionnés, voire démis de leurs fonctions.

    Yves Prevost

    07 h 04, le 10 juillet 2019

  • oyez oyez libanais de tout bords ,,,, libanais de l'etat du grand liban (et du petit).. sans oublier ceux de la diaspora.... il parait que la justice existe encore au liban... voila une preuve tengible de ce que je vous dit ... entre BAABDA ET LE CPL... ces deux negations essayent de reformer ,,,ce qui a ete deformer pour former un semblant de formation judiciaire... malformee depuis 1964 annee de la fondation du tribunal militaire.... depuis la formation de ce tribunal la justice est devenue un menu a la carte...........

    michel raphael

    07 h 02, le 10 juillet 2019

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