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À La Une - Liban

Incidents de Qabr Chmoun : les contacts s'intensifient pour un déblocage gouvernemental

Talal Arslane insiste pour que l'affaire soit saisie par la Cour de justice, ce que Joumblatt refuse catégoriquement. 


Le ministre d’État pour les Déplacés, Ghassan Atallah (CPL) a été reçu par le Premier ministre Saad Hariri, le 9 juillet 2019 au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra.

Au lendemain du retour du Premier ministre Saad Hariri à Beyrouth, les contacts se sont intensifiés mardi pour permettre la tenue cette semaine d'une réunion du gouvernement, dont l'action est paralysée depuis la tension née des affrontements de Qabr Chmoun, dans la Montagne, le 30 juin dernier. 

Le Premier ministre a ainsi dépêché son conseiller politique, l'ancien ministre de la Culture Ghattas Khoury, au palais de Baabda afin de transmettre un message au président Michel Aoun. Peu après cette brève entrevue, à l'issue de laquelle M. Khoury s'est contenté de préciser, selon notre correspondante Hoda Chédid, que les concertations se poursuivront pour aboutir à des résultats positifs. La chaîne locale LBC a rapporté de son côté qu'il y a peu de probabilité que le gouvernement se réunisse cette semaine.

Interrogé par des journalistes au Grand Sérail sur la tenue prochaine d'un Conseil des ministres, M. Hariri a répondu qu'il ne convoquera pas de réunion du gouvernement "avant que tout le monde se calme". "Qu'ils se calment, pour le bien des gens et du pays", a-t-il ajouté.

"Nous allons vers un dénouement. Tout le monde veut réactiver le travail gouvernemental qui doit bientôt discuter d'un plan pour les déplacés", avait pourtant affirmé plus tôt dans la journée le ministre d’État pour les Déplacés, Ghassan Atallah, affilié au Courant patriotique libre, après s'être entretenu avec M. Hariri.

Dimanche 30 juin, le convoi de Saleh Gharib, ministre d’Etat pour les Affaires des réfugiés, membre du Parti démocrate libanais (PDL de Talal Arslane), rival du Parti socialiste progressiste (PSP de Walid Joumblatt), avait été pris pour cible par des tirs de partisans du PSP, dans un contexte de tensions provoquées par des propos controversés du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, sur la guerre de la Montagne ayant opposé les factions pro-palestiniennes, dont les druzes, à l'armée et aux factions chrétiennes dans les années quatre-vingt.  Depuis ces incidents, la scène politique est divisée : d'un côté, M. Arslane et ses alliés, dont le CPL, exigent que cette affaire soit saisie par la Cour de justice, un tribunal d'exception dont les jugements sont sans appel, tandis que Walid Joumblatt et ses alliés refusent catégoriquement cette saisine. Cette question avait causé l'annulation du Conseil des ministres de mardi dernier et bloque toujours une réunion du gouvernement.



(Lire aussi : Incidents de Qabr Chmoun : Après l’escalade, place au compromis ?)



Talal Arslane reste intransigeant
"Nous assisterons à toute séance que convoquera M. Hariri. S'il avait convoqué une réunion la semaine dernière nous aurions répondu présents, a promis mardi le ministre de la Défense, Élias Bou Saab, proche du CPL, après avoir été reçu par M. Hariri. Nous n'étions pas présents à la dernière séance parce que lors de notre réunion préparatoire, notre collègue Saleh Gharib nous avait informés que l'ambiance était explosive et nous avons transmis ces données à M. Hariri". 

Lundi soir, lors d'une émission télévisée, M. Bassil avait de son côté assuré qu'il ne bloquait pas la tenue d'une réunion gouvernementale. "Nous ne bloquons pas le Conseil des ministres bien que cela relève notre droit, mais le Premier ministre a préféré reporter la séance pour éviter son implosion, avait déclaré M. Bassil. Nous sommes en contact avec M. Hariri même si certains insistent à s'imaginer un désaccord (entre nous)".

Talal Arslane reste pour sa part intransigeant et insiste sur la saisine de la Cour de justice. "Un incident isolé à Moussaytbé qui a fait deux morts avait été porté par Joumblatt devant la Cour de justice. Ils avaient aussi porté devant la Cour de justice un incident isolé qui avait eu lieu à Btedii dans la Békaa et qui avait fait deux morts, un homme et son épouse. Nos martyrs sont morts à Qabr Chmoun dans un incident planifié. Pourquoi pas de Cour de justice? Nous n'accepterons pas moins que cela", a écrit M. Arslane sur son compte Twitter.

Dans ce contexte, le président du Parlement, Nabih Berry, qui a multiplié ces derniers jours les entretiens et les réunions pour apaiser les tensions politiques entre le PSP et le PDL, a dépêché son plus proche conseiller, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, à Khaldé pour s'entretenir avec M. Arslane. L'entretien était positif, selon des sources citées par la LBC.

Mandaté par M. Hariri, le directeur général de la Sûreté générale libanaise, Abbas Ibrahim, mène de son côté depuis quelques jours une médiation auprès des différentes parties concernées. Il a été reçu mardi par le président Michel Aoun, par le Premier ministre Hariri et par M. Arslane. 


"Les lamentations du PSP ne trompent personne"
Le bloc parlementaire du "Liban fort", dont le CPL est la principale composante, a estimé que c'était au gouvernement de décider si la Cour de justice devait être saisie de l'affaire.
"Les lamentations des ministres et des députés du PSP ne trompent personne. Ils n'empêcheront pas l'Etat d'avoir le dernier mot".

De son côté, Walid Joumblatt s'est exprimé sur Twitter. "Le PSP ne fait pas partie des astronautes comme d'autres qui cherchent à tout prix à se mettre en orbite. De ce fait, l'intérêt du pays, qui passe avant toute autre considération, réclame que l'on soit ouvert à toutes les initiatives", a écrit le leader druze. "Je suis rassuré et à l'aise de ce point de vue, mais la situation réclame un minimum de respect et que cessent les surenchères médiocres", conclut-il.

Le bloc parlementaire du courant du Futur, la formation du Premier ministre Saad Hariri, a pour sa part affirmé que le chef du gouvernement était "le premier concerné" par l'établissement de l'ordre du jour du Conseil des ministres. "Le Conseil des ministres doit se réunir et son action ne saurait être paralysée pour quelque raison que ce soit. Dans ce contexte. Nous attendons que Saad Hariri tranche cette question cette semaine", indique un communiqué publié à l'issue de la réunion hebdomadaire du bloc.



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Au lendemain du retour du Premier ministre Saad Hariri à Beyrouth, les contacts se sont intensifiés mardi pour permettre la tenue cette semaine d'une réunion du gouvernement, dont l'action est paralysée depuis la tension née des affrontements de Qabr Chmoun, dans la Montagne, le 30 juin dernier. Le Premier ministre a ainsi dépêché son conseiller politique, l'ancien ministre de la...
commentaires (1)

On finira enfin et à la libanaise de trouver la solution du ni vainqueur ni vaincu , et le temps effacera tout .

Antoine Sabbagha

20 h 40, le 09 juillet 2019

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Commentaires (1)

  • On finira enfin et à la libanaise de trouver la solution du ni vainqueur ni vaincu , et le temps effacera tout .

    Antoine Sabbagha

    20 h 40, le 09 juillet 2019

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