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Liban - Tensions

Incidents de Qabr Chmoun : après l’escalade, place au compromis ?

« Nous ne voulons pas bloquer le gouvernement. Et nous participerons au Conseil des ministres », assure Gebran Bassil.

Nabih Berry reçu hier à Baabda par le président Michel Aoun. Photo Dalati et Nohra

C’est vers un compromis politique élargi que semblent s’orienter les efforts déployés actuellement pour permettre de tourner la page des tensions politiques suscitées par les incidents de Qabr Chamoun du 30 juin dernier, et paver la voie à la tenue d’une séance du Conseil des ministres.Plus d’une semaine après les échauffourées qui avaient coûté la vie à deux partisans du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, lors d’échanges de tirs entre des partisans de Talal Arslane, chef du Parti démocrate libanais, et du chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, le président Michel Aoun s’est entretenu, hier, avec le chef du législatif, Nabih Berry. Selon le bureau de presse de la présidence, la discussion a porté sur « les contacts en cours, notamment en ce qui concerne les incidents de Qabr Chmoun ». MM. Aoun et Berry auraient discuté « d’idées » dans le cadre des efforts pour régler la crise, selon cette source.

Si le président de la Chambre s’est contenté de déclarer à l’issue de la rencontre, qu’il s’est rendu à Baabda « pour dire bonjour au président Aoun », la rencontre intervient alors que M. Berry mène depuis la semaine dernière une médiation dans le cadre de laquelle il avait parrainé, mercredi dernier, une réconciliation entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le leader de Moukhtara, dont les relations étaient perturbés depuis des mois.

Perçu sous cet angle, l’entretien Aoun-Berry s’inscrit dans le prolongement des efforts du chef du législatif pour résoudre la crise actuelle. Interrogé par L’Orient-Le Jour, un proche de la présidence confirme que MM. Aoun et Berry se sont entendus pour fédérer leurs efforts afin de parvenir à une accalmie durable après les échauffourées de Qabr Chmoun.


(Lire aussi : Des efforts pour circonscrire la crise, mais les résultats se font attendre, le décryptage de Scarlett HADDAD)


La Cour de justice

La crise s’articule surtout sur l’insistance de Talal Arslane à déférer l’affaire Qabr Chmoun devant la Cour de justice, un tribunal d’exception dont les jugements sont sans appel, contrairement à la volonté aussi bien de Walid Joumblatt que de Saad Hariri et Nabih Berry. Pour leur part, les milieux de Baabda estiment qu’il vaut mieux attendre la fin des enquêtes en cours avant de se prononcer sur la juridiction compétente pour saisir le dossier. Ils confient que c’est cette position que le chef de l’État a exprimée devant Talal Arslane et Saleh Gharib, qu’il a également reçus hier à Baabda. Des informations que les milieux de M. Arslane démentent, préférant assurer que Michel Aoun s’est montré « compréhensif » à l’égard de la position du chef du Parti démocrate. Selon notre correspondante Hoda Chédid, Nabih Berry pourrait s’entretenir avec MM. Arslane et Gharib aujourd’hui à Aïn el-Tiné. L’occasion de tenter de les convaincre de modifier leur position.

Toujours selon notre correspondante, Michel Aoun est conscient de la difficulté, pour le gouvernement, de décider de déférer le dossier des incidents de la Montagne devant la Cour de justice. Et pour cause : seuls les onze ministres du tandem CPL-Baabda, ainsi que leurs trois collègues du Hezbollah pourraient soutenir Saleh Gharib en Conseil des ministres, au moment de l’éventuel vote auquel la question pourrait être soumise. Un total de quatorze inférieur à la majorité absolue (16 ministres) pour trancher dans ce genre de cas. D’autant que le Hezbollah n’est pas disposé, pour le moment, à prendre des positions à même de compromettre la pérennité du gouvernement.

C’est d’ailleurs ainsi qu’il conviendrait d’interpréter le mutisme qu’observe le parti chiite depuis les incidents de Qabr Chmoun, exception faite, bien entendu, des propos du ministre d’État pour les Affaires du Parlement, Mahmoud Qmati, à l’issue d’une rencontre avec Talal Arslane quelques heures après les affrontements. Le ministre du Hezbollah avait alors déclaré que « l’ère des milices est révolue » (…).

Et le ministre de la Jeunesse et des Sports Mohammad Fneiche, membre du parti de Hassan Nasrallah, a soigneusement évité de se prononcer clairement sur la question de la Cour de justice. S’exprimant hier lors d’une cérémonie à Nabatiyé, M. Fneich s’est contenté d’appeler à tourner « la page des incidents de la Montagne, tout en laissant aux autorités sécuritaires et judiciaires le soin de sanctionner » les auteurs de ces actes.


(Lire aussi : Alain Aoun : « Chacun est responsable de son discours »)


Le Conseil des ministres

Bien au-delà de la reddition des comptes dans l’affaire Qabr Chmoun, l’insistance du tandem Arslane-CPL et, plus globalement, du camp du 8 Mars dans son ensemble, à déférer le dossier devant la Cour de justice suscite des interrogations quant à la pérennité aussi bien du cabinet Hariri que du compromis présidentiel de 2016. Dans une volonté manifeste d’éviter l’implosion de son cabinet, tiraillé entre les partis en faveur d’une saisine par la Cour de justice de l’affaire Qabr Chmoun et ceux qui s’y opposent, Saad Hariri avait reporté, il y a une semaine, la séance gouvernementale. Une décision prise après une réunion que les ministres du tandem Baabda-CPL ont tenue au palais Bustros à l’heure où devait se réunir le gouvernement, pour se solidariser avec leur collègue Saleh Gharib et appuyer sa demande de déférer le dossier devant la Cour de justice.

Alors que cette réunion semble avoir perturbé les rapports entre Saad Hariri et son partenaire Gebran Bassil, les contacts se poursuivent loin des feux de la rampe pour assurer un climat propice pour la tenue d’un Conseil des ministres cette semaine.

À en croire un proche de Saad Hariri contacté par L’OLJ, il faudrait attendre la relance des contacts du chef du gouvernement, rentré hier soir à Beyrouth après une visite privée à Paris, pour trancher la question. Et de rappeler, toutefois, que la seule alternative au gouvernement actuel, est un bond dans l’inconnu, dont personne ne veut.

À cela s’ajoutent les rapports tendus entre le CPL et l’écrasante majorité des composantes gouvernementales, à cause des propos jugés « provocateurs » de Gebran Bassil lors de ses récentes tournées dans les régions, doublés de la paralysie « voulue » du Conseil des ministres, pour reprendre les termes du ministre de l’Industrie Waël Bou Faour. S’exprimant à l’issue d’une rencontre entre une délégation du PSP et le directoire du parti Kataëb au siège de celui-ci, le ministre joumblattiste s’en est violemment pris – implicitement – au chef du CPL. « Il y a une paralysie voulue du Conseil des ministres, à l’heure où tout le monde est conscient de l’ampleur des défis économiques, financiers et politiques auxquels font face les Libanais et l’État », a lancé Waël Bou Faour, avant de renchérir : « Ceux qui bloquent le pays ne sont autres que ceux qui ont empêché la tenue de la séance gouvernementale. Ils sont également responsables des retombées négatives de ce choix sur le pays. » « Le Premier ministre a convoqué la semaine dernière à un Conseil des ministres qui a été torpillé d’une manière provocatrice, ne respectant pas les règles constitutionnelles », a-t-il rappelé.À leur tour, les milieux du Futur multiplient les critiques du chef du CPL. C’est dans ce cadre que s’inscrivent des propos tenus hier par Ammar Houri, conseiller politique de Saad Hariri. À l’issue de sa rencontre, à Dar el-Fatwa, avec le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, il a déclaré : « À Taëf, nous nous sommes entendus sur le vivre-ensemble. Et ceux qui tentent de nous ramener vers le passé ne servent pas la stabilité. » Une allusion à peine voilée à M. Bassil.

Ce dernier n’a pas tardé à réagir, tentant de mettre les points sur les « i ». Dans une interview accordée hier à la chaîne NBN, le ministre des Affaires étrangères, s’est défendu de toute volonté de paralyser le cabinet. « Nous n’avons pas décidé de bloquer l’action du cabinet, mais Saad Hariri a préféré ne pas tenir un Conseil des ministres », a-t-il précisé, assurant que si le gouvernement est convoqué à une réunion, les ministres relevant du CPL et de Baabda y participeront.

Évoquant les affrontements de Qabr Chmoun, il a déclaré : « Ce n’est pas nous qui avons ouvert le feu, et les auteurs de ces actes en sont responsables tant devant l’histoire que devant le pouvoir judiciaire. »

Se démarquant explicitement de la dynamique d’apaisement initiée à Aïn el-Tiné, Bassil a adhéré à la version du PDL des incidents de Qabr Chmoun, soulignant qu’une embuscade avait été préparée pour un ministre. « Et s’il s’est produit quelque chose, c’est de l’autodéfense », a encore dit M. Bassil.


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commentaires (4)

Les compromis...toujours les compromis - envers les criminels et tueurs de toutes sortes - " la corruption - " la trahison de sa patrie - " les discours irresponsables Continuez avec cette solution de facilité, "les compromis", Messieurs les dirigeants de ce pays ! Ainsi, les criminels peuvent tranquillement tuer, sachant qu'un compromis les sauvera de la sanction judiciaire méritée. Et notre pays s'enfonce dans les marécages des compromis...en attendant un prochain Qabr Chmoun...! Irène Saïd

Irene Said

08 h 42, le 09 juillet 2019

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Commentaires (4)

  • Les compromis...toujours les compromis - envers les criminels et tueurs de toutes sortes - " la corruption - " la trahison de sa patrie - " les discours irresponsables Continuez avec cette solution de facilité, "les compromis", Messieurs les dirigeants de ce pays ! Ainsi, les criminels peuvent tranquillement tuer, sachant qu'un compromis les sauvera de la sanction judiciaire méritée. Et notre pays s'enfonce dans les marécages des compromis...en attendant un prochain Qabr Chmoun...! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 42, le 09 juillet 2019

  • « l’ère des milices est révolue ». ET c'st le Hezbollah qui l'annonce! Comme il n'existe plus au Liban qu'ne seule milice, celle du Hezbollah, cela signifierait qu'elle va être dissoute. Excellente nouvelle! Que l'on prépare vite un grand jour de fête nationale!

    Yves Prevost

    07 h 18, le 09 juillet 2019

  • Ce qui se déroule devant nous est une mise en place d’une alliance politico-régionale qui veut gouverner le Liban seule (voire dominer). Cette alliance comprendrait la Syrie (c’est à dire la Russie), le Hezbollah (c’est à dire l’Iran), et les partis Libanais de la Moumanaa. Cette alliance inclue le Président, qui continue d’alimenter chez Hariri et Geagea l’espoir d’un Liban fort, et Bassil qui promet à Hariri des accords de participation aux projets économiques lucratifs. Une vue d’ensemble nous montre que le projet budgétaire de 2019 est défaillant et par conséquent le Liban n’aura pas ces onze milliards. En fait, le Hezbollah ne peut pas concevoir que des Libanais puissent bénéficier économiquement et financièrement alors qu’il est sous embargo. La Russie ne voudrait pas que le Liban se connecte au gazoduc Chypriote qui alimentera l’Europe, c’est à dire hors de son contrôle, il n’y aurait donc pas de progrès dans les délimitations maritimes. Bassil fait parti de se plan et de cette alliance.

    Zovighian Michel

    07 h 16, le 09 juillet 2019

  • e ministre des Affaires étrangères, s’est défendu de toute volonté de paralyser le cabinet. « Nous n’avons pas décidé de bloquer l’action du cabinet, mais Saad Hariri a préféré ne pas tenir un Conseil des ministres », a-t-il précisé, Monsieur le ministre des affaires etrangeres du Liban Vous n'avez pas decide de bloquer la reunion du conseil des ministres, vous n'etes juste pas venu avec tous vos membres a l'heure ou elle devait se tenir et M Harriri a donc prefere apres avoir attendu plus d'une heure en vain de ne pas tenir le Conseil des ministres Faire gober cette explication meme a un enfant de 5 ans est impossible mais peut etre c'est possible aux membres du CPL qui vous suivent aveuglement Si vous desirez mentir, au moins trouvez une explication qui tienne la route

    LA VERITE

    03 h 31, le 09 juillet 2019

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