Plusieurs dizaines d'intellectuels et activistes libanais ont exprimé dans une tribune leur opposition au climat de racisme contre les réfugiés syriens et palestiniens et au discours confessionnel, en réaction aux récents propos du chef du Courant patriotique libre et ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil.
Dans cette tribune publiée par plusieurs médias en ligne, dont le site Al-Modon, ces journalistes, artistes, juristes et autres intellectuels, notamment Chibli Mallat, Elias Khoury, Ziad Majed, Dima Sadek, Joseph Bahout, Wissam Saadé, Fida' Itani, ou encore notre collègue Michel Hajji Georgiou, "condamnent fermement la campagne menée contre les ressortissants syriens" au Liban.
Ils expriment leur "dégoût face à cette hystérie raciste dirigée par notre ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, contre des individus isolés qui ont été chassés de leur pays par un régime assassin, avec l'aide d'une partie libanaise qui participe aujourd'hui, et depuis des années, aux gouvernements successifs".
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"Précédent horrible"
"Cette campagne empoisonne toute l'atmosphère interne qui est déjà frappée par le confessionnalisme exacerbé par les leaders populistes, à leur tête Gebran Bassil", poursuivent les signataires. Ils critiquent également "les mesures politiques, administratives et sécuritaires mises en place par les organismes de l'Etat libanais" pour, selon eux, "transformer le séjour des réfugiés aux Liban en un enfer insupportable".
"Nous ne pouvons qu'alerter contre les dangers d'une telle campagne et le précédent horrible qu'elle crée dans l'histoire moderne du Liban et des relations libano-syriennes à l'avenir", poursuivent les intellectuels.
Les signataires appellent ainsi à "résister par tous les moyens légaux et civils possibles" à cette campagne, notamment par "les plaintes devant la justice" et "les appels à respecter la loi qui criminalise le racisme".
Plus d'un million de réfugiés syriens ayant fui la guerre dans leur pays sont installés au Liban depuis 2011. Les autorités libanaises estiment qu'il s'agit d'un trop lourd fardeau à porter et une partie des responsables appellent à leur rapatriement sans attendre une solution politique en Syrie, alors que la communauté internationale estime qu'il est encore trop tôt pour organiser des opérations de retours.
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Ces dernières semaines, le chef du Courant patriotique libre et ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, avait été accusé de racisme par ses détracteurs, après ses propos sur les réfugiés syriens. Il avait notamment tenu des propos très controversés sur une prétendue "supériorité génétique libanaise" qui justifierait un traitement différencié des résidents du Liban, notamment sur le marché du travail, où il faudrait donner la priorité aux ressortissants libanais.
M. Bassil appelle à un retour "sécurisé" de ces réfugiés, mais s'oppose à un retour "volontaire", défendu par la communauté internationale et les opposants au régime du président syrien Bachar el-Assad.
Il y a deux jours, huit ONG libanaises ont appelé les autorités du pays à annuler deux décisions du Conseil supérieur de la défense et de la Direction générale de la Sûreté générale permettant d'expulser des réfugiés syriens, et demandé de "garantir aux ressortissants syriens le droit de se défendre contre toute expulsion forcée vers la Syrie".
Gebran Bassil avait également suscité la polémique après plusieurs déclarations qui ont provoqué la colère des ténors de la communauté sunnite. Il avait notamment critiqué le "sunnisme politique", né selon lui "sur le cadavre du maronitisme politique".
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Vous avez raison Doc. IL S'AVÈRE DANS CE CAS QUE LE REMÈDE EST PIRE QUE LE MAL, mais j’aurai signé des deux mains la pétition, par esprit de solidarité, et non pas jouer cavalier seul au risque de montrer des fractures au sein d’un groupe qui s’emploie depuis des décennies à nous sortir de cette torpeur. Chez nous, par exemple, un cordon sanitaire est lancé dès les premières alertes…. Dès qu’un corps malade montre des signes inquiétants, tous les médecins font recours au bistouri… C.F.
16 h 38, le 27 juin 2019