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Lifestyle - instantk

Jour 2 : Ni Kiev, ni Gaza… Juste une drag queen et Jane Fonda

Cette année encore, « L’Orient-Le Jour » vous raconte les coulisses du plus grand festival de cinéma au monde. Des cancans de bistrot au tapis rouge guindé en passant par les soirées alcoolisées. 

Jour 2 : Ni Kiev, ni Gaza… Juste une drag queen et Jane Fonda

Nicky Doll, animatrice star du phénomène Drag Race France. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

À l’extérieur du vestibule du palais, une soixantaine de pavillons internationaux redessine les contours d’un littoral vidé de ses touristes habituels. Du moins le temps d’une quinzaine où râlent et boivent les professionnels du cinéma, déjà en burn-out.

Dans ces tentes raffinées, les drapeaux sont érigés et les dernières créations exhibées. Du documentaire allemand sur les ultimes confessions de Romy Schneider - encore un - aux reportages culinaires polonais, il est avant tout question de vendre chefs d’œuvres bien cachés et navets assumés dans cet inhabituel marché.

« Évidemment qu’ils ont réservé le tout premier local à l'entrée. Celui que l’on ne peut pas rater », rouspète Hala*, une journaliste néerlando-palestinienne, ébahie devant le pavillon israélien que la Croisette entière peut repérer à des kilomètres.

Le pavillon israélien, premier d’une longue chaîne. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

De passage dans le sud de la France pour couvrir la 77e édition d’un festival au ciel toujours plus couvert, cette reporter d’une chaîne d’information en continu avoue que depuis le 7 octobre, elle ne « fait que se retenir pour ne pas se faire virer ».

Si la quadragénaire évite tout débat avec quelconque membre de sa rédaction, c’est avec effarement qu’elle se rend compte de « l’absurdité » de la manifestation azuréenne, trop distraite à pouponner les icônes d’hier et révélations de demain. « Personne ne parle de guerre ou semble être au courant de l’actualité ! », s’étonne Hala, le nez fourré dans son portable. « Je pourrais parier que l’écrasante majorité des gens ici ne savent même pas où situer Gaza sur une carte », ajoute, amère, celle qui habitait en Cisjordanie il y a à peine cinq ans.

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Forcée d’épauler deux de ses collègues expertes en pop culture, la native de Jénine roule des yeux, boude et s’efforce de s’intéresser aux monologues insensés d’un Louis Garrel perdu dans la masse des jeunes acteurs ténébreux. La bulle pailletée cannoise n’enchante visiblement pas tout le monde…

Chacun son fardeau

Perchée sur des talons de douze centimètres au milieu d’une boutique marbrée Dolce & Gabbana, Fatia hésite. Entre un sac en cuir blanc et une pochette zébrée, son cœur balance. « Je ne veux pas avoir un look similaire à celui de l'année dernière », répète l’Egyptienne et résidente monégasque à son assistant médicamenté.

Ressortie bredouille et davantage indécise, la Cairote rechigne à se faire prendre en photo par les festivaliers qui la confondent avec une actrice de sitcom oubliée. « On m’invite partout habibi ! », s'époumone-t-elle entre deux séances de name-dropping. « J’ai connu Faye Copeland et Faye Resnick, Richard Gere et Richard Madden ! »

Sur la Croisette, magasins de luxe et petits caprices font bon ménage. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

La cinquantaine confortable et la langue pendue et acide, Fatia à un avis sur tout, ou presque. « Je sais qu’il se passe des choses aux portes de l’Égypte mais je ne suis pas les infos », répond sèchement la femme d’affaires.

Comme elle, les journalistes, essayistes et grands noms du gotha francophone ne souhaitent nullement s’étaler sur les développements en cours dans un Moyen-Orient au bord d’un conflit sans frontières.

Les figures du pop-activisme, généralement consultées, sont elles aussi toutes absentes des débats. Sur le plateau de C à vous - exceptionnellement délocalisé devant l'hôtel Splendid -, Jane Fonda préfère évoquer ses combats écologiques et sa conscience militante, née un soir de mai 1968 au cours d’une soirée avec Simone Signoret.

Meryl Streep, quant à elle, ne mentionne que la guerre du Vietnam, lors d’une séance de confidences auxquelles seule une poignée de privilégiés ont eu accès. « Mon petit ami de l’époque est, comme beaucoup d’Américains, allé combattre à Hanoï. Il est revenu addict à l'héroïne », confesse la comédienne.

« Elle est déjà iconique. J'aurais aimé l’entendre dire un mot sur la situation en Palestine. Elle n’a rien à prouver, rien à perdre. Ces deux dernières éditions, l’Ukraine était sur toutes les lèvres, plus cette année. Et Gaza, n’en parlons même pas ! », relate une chroniqueuse californienne au tote bag à l'effigie de Nancy Pelosi.

Mad World

Après une conférence de presse éprouvante pour Léa Seydoux - que l’assistance a longuement indirectement interrogée sur les agressions dont elle a été victime -, la principale montée des marches débute, comme la veille, à 18 heures précises.

À deux mètres du tapis rouge, alors que la socialite israélienne Hofit Golan se délecte des crépitements des flashs, l’animatrice libanaise Annabella Hilal attend que quelqu’un la reconnaisse dans la fameuse « fan zone ». Spoiler : elle attend toujours.

Anya Taylor-Joy, la nouvelle coqueluche d’Hollywood. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

Fidèle parmi parmi les fidèles, c’est sur un air de Véronique Sanson que Leïla Bekhti fait sa première apparition médiatique pour honorer l'une des clauses de son joli contrat L’Oréal, devançant ainsi la drag queen superstar Nicky Doll et l’actrice super-discrète Elsa Zylberstein.

Judith Godrèche, artiste devenue symbole, vient présenter son court-métrage de 17 minutes au Cinéma de la plage alors que la seconde vague de #MeToo n’a pas fini de déferler sur le cinéma français.

Judith Godrèche lors de la projection nocturne de son court-métrage sur le Cinéma de la plage. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

Réunis pour l’avant-première de Furiosa, le dernier opus de la saga Mad Max signé George Miller, tout ce beau monde se retrouve ensuite dans la salle Lumière, les yeux branchés sur un écran géant montrant les arrivées d’un casting hollywoodien XXL et d’une Faye Dunaway - diva suprême venue présenter un documentaire sur sa généreuse personne - refusant de s’approcher trop près du public. La peste, ça s’attrape ?

Discrètement, tout de blanc vêtu, Apollon, ou Chris Hemsworth - au choix -, fait grimper la température d’une Croisette qui a ressorti les pulls. Plus loin, sa co-star, Anya Taylor-Joy, fascine, intrigue. Son nom scandé par les 2000 personnes derrière les barrières en fer, la voici enfin reconnue par la frileuse audience hexagonale.

Chris Hemsworth à l'avant-première du dernier Mad Max de George Miller. Photo Téa Ziadé/L’Orient-Le Jour

« C’est vrai que c’est quand même pas mal cette ambiance », admet finalement Hala depuis le balcon de la salle de presse avec vue sur le tapis. Il lui aura fallu 48 heures pour s’acclimater à la Cannes Fever. « Ça ne dilue rien de la colère, rien de l’indignation qu’il faut avoir face aux guerres et aux injustices », rappelle la journaliste. « Mais parfois, c’est pas si mal de vouloir rêvasser. Juste un peu. »

À l’extérieur du vestibule du palais, une soixantaine de pavillons internationaux redessine les contours d’un littoral vidé de ses touristes habituels. Du moins le temps d’une quinzaine où râlent et boivent les professionnels du cinéma, déjà en burn-out. Dans ces tentes raffinées, les drapeaux sont érigés et les dernières créations exhibées. Du documentaire allemand sur les...
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C’est grâce à vos fans que vous êtes adulés. Mais de la à ne pas connaître les droits fondamentaux des droits humains,…

Mohamed Melhem

20 h 15, le 17 mai 2024

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Commentaires (1)

  • C’est grâce à vos fans que vous êtes adulés. Mais de la à ne pas connaître les droits fondamentaux des droits humains,…

    Mohamed Melhem

    20 h 15, le 17 mai 2024

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