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Liban - Incident de Qabr Chmoun

La détente se confirme, mais Arslane reste intransigeant

Le chef de l’État pourrait réunir les protagonistes concernés une fois l’accalmie consolidée.

Walid Joumblatt recevant Fouad Siniora, hier, à Clemenceau. Photo ANI

C’est dans le sens d’une accalmie que semble s’orienter, lentement mais sûrement, la Montagne druzo-chrétienne à la suite des incidents survenus dimanche dernier à Qabr Chmoun, dans le caza de Aley, qui ont coûté la vie à deux gardes du corps du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib, lors d’échanges de tirs entre des partisans de Talal Arslane, chef du Parti démocratique libanais, et d’autres relevant du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt. Signe de la détente, la décision des familles des deux victimes de fixer les dates des funérailles des défunts. Ce retour au calme, le président de la République Michel Aoun, pourrait contribuer à le consolider en réunissant l’ensemble des protagonistes à Baabda. Il n’en reste pas moins que ce retour à la normale devrait attendre que l’on surmonte l’obstacle né de la persistance de M. Arslane à réclamer la saisine de la Cour de justice, un tribunal d’exception dont les jugements sont sans appel. Dans le cadre de la médiation qu’il mène depuis mardi en vue d’un dénouement, le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, s’est rendu hier à Khaldé – pour la deuxième fois en l’espace de 24 heures – pour un entretien avec Talal Arslane. Une rencontre qui fait naturellement suite à la réunion tenue mercredi à Clemenceau entre MM. Ibrahim et Joumblatt.

S’exprimant à l’issue de l’entretien, M. Arslane s’est félicité du fait que les choses progressent. « Que personne n’invente des histoires inexactes », a-t-il lancé, assurant que « M. Ibrahim œuvre pour préserver la paix et la sécurité dans la Montagne, et non à des fins politiques ».

Le directeur général de la SG s’est, pour sa part, contenté de rappeler qu’à l’issue du meeting organisé mercredi à la Maison druze, Walid Joumblatt avait souligné qu’il était prêt à se conformer aux textes de loi en vigueur. Une façon pour M. Ibrahim d’affirmer que le PSP est disposé à remettre à la justice tous ses partisans soupçonnés d’être impliqués dans les incidents de dimanche.


(Lire aussi : L’appel du videle billet de Gaby NASR)


Et c’est grâce justement à cette position de M. Joumblatt que les familles de Rami Salmane et Samer Abou Farraj, les deux victimes de l’incident de dimanche, ont enfin fixé les dates de leurs funérailles. Selon un communiqué publié hier par le Parti démocrate, celui-ci fera ses adieux à Rami Salmane, lors d’une cérémonie qui aura lieu aujourd’hui à 14 heures dans son village natal de Ramliyé (Aley). Quant aux funérailles de Samer Abou Farraj, elles se tiendront demain à 13 heures à Baalechmay (caza de Baabda).

Bien au-delà de sa dimension symbolique, cette décision, prise par les familles des deux victimes après concertations avec Talal Arslane, est importante dans la mesure où elle constitue un autre signe du climat d’accalmie que l’on cherche à distiller dans la Montagne. Depuis dimanche, les familles des défunts assuraient qu’elles ne procéderont pas à l’enterrement des victimes avant de voir toutes les personnes impliquées dans l’affaire remises à la justice.

Pour les milieux de M. Arslane contactés par L’Orient-Le Jour, il n’est pas question d’une reculade. A la faveur de la position – saluée comme positive – de Walid Joumblatt, mais aussi des efforts effectués par le dignitaire druze Nassereddine Gharib (proche de Talal Arslane), le parti de ce dernier a accepté d’enterrer ses deux « martyrs », précise-t-on de même source.

On assure, toutefois, que le Parti démocratique continuera d’insister pour que le dossier soit déféré devant la Cour de Justice, dans la mesure où il s’agit, selon lui, d’une tentative d’assassinat perpétrée contre un membre du gouvernement. On affirme cependant qu’un éventuel échec à satisfaire cette demande ne conduirait ni à l’implosion du cabinet ni à la démission de Saleh Gharib.


(Lire aussi : L’incident de Qabr Chmoun consacre le leadership de Joumblatt)


Réconciliation Joumblatt-Arslane ?
Cette insistance à mener le dossier devant la Cour de justice, Saleh Gharib lui-même l’a réitérée devant le président de la Chambre, Nabih Berry, lors de leur entretien, hier, à Aïn el-Tiné, comme le confient à L’OLJ les milieux de Khaldé.

Dans une déclaration à l’issue de la rencontre, le ministre a préféré renvoyer la balle dans le camp de Nabih Berry. « J’ai ressenti l’attachement de M. Berry à la stabilité de la Montagne. Il est informé de la réalité des choses », a-t-il souligné, avant de poursuivre: « Nous le remercions pour ses efforts visant à étouffer la discorde ». Et d’ajouter: « Il y a une condition essentielle, c’est que justice soit faite ».

Cet entretien entre M. Berry et M. Gharib est intervenu au lendemain du dîner offert mercredi par le président de la Chambre au Premier ministre Saad Hariri et au leader du PSP, pour normaliser leurs rapports perturbés. Les proches de M. Berry ne dissocient pas les efforts déployés par le président de la Chambre de ceux de Abbas Ibrahim. Ils vont même jusqu’à faire valoir que la possibilité de la tenue d’une rencontre entre Walid Joumblatt et son principal rival sur la scène druze sous les auspices de M. Berry n’est pas exclue. Une éventualité qu’aussi bien Moukhtara que Khaldé écartent pour le moment, la jugeant « prématurée ».


(Lire aussi : Qabr Chmoun : l’enquête devra décider s’il s’agit ou non d’un acte prémédité, le décryptage de Scarlett HADDAD)



Joint par L’OLJ, un proche de M. Berry, qui a requis l’anonymat, précise que l’enterrement de Samer Abou Farraj et Rami Salmane devrait être le premier résultat concret des efforts de MM. Berry et Ibrahim, suivi d’un Conseil des ministres la semaine prochaine.

Mais sur ce plan, la Maison du Centre fait preuve de prudence, Saad Hariri préférant attendre que le climat d’accalmie soit instauré une bonne fois pour toutes, au lendemain des funérailles des victimes. Il n’en reste pas moins qu’une chose est sûre: selon notre correspondante Hoda Chédid, le gouvernement n’évoquera pas la question de déférer le dossier devant la Cour de justice.

En attendant, Saad Hariri a reçu hier au Sérail le ministre de l’Industrie, Waël Bou Faour, pendant que M. Joumblatt s’entretenait à Clemenceau avec l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. À son tour, le chef de l’État entend s’inviter dans la partie. C’est ainsi que l’on pourrait interpréter les informations ayant circulé hier dans les médias selon lesquelles Michel Aoun pourrait convoquer les protagonistes concernés par les affrontements de dimanche pour un dialogue sous sa houlette. Selon notre correspondante, il s’agirait d’une idée proposée par M. Hariri. La présidence préfère pour l’instant la présenter comme « une proposition qui n’est pas encore concrète, en attendant la fin des enquêtes et du processus judiciaire », selon une source de Baabda.



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commentaires (2)

Attention, attention ! La "bosta de Aïn-el-Rammaneh" se déplace tous les dimanches d'une région à une autre. Dimanche passé à Kfarmatta, dimanche prochain à Tripoli. Ne la laissez pas s'arrêter, on ne sait jamais quand elle pourrait éclater.

Un Libanais

11 h 46, le 05 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • Attention, attention ! La "bosta de Aïn-el-Rammaneh" se déplace tous les dimanches d'une région à une autre. Dimanche passé à Kfarmatta, dimanche prochain à Tripoli. Ne la laissez pas s'arrêter, on ne sait jamais quand elle pourrait éclater.

    Un Libanais

    11 h 46, le 05 juillet 2019

  • ET LE PROVOCATEUR RESPONSABLE EN PREMIERE INSTANCE DE CE QUI EST ARRIVE ? ON L,INDIQUE.MAIS ON L,ABSOUT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 08, le 05 juillet 2019

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