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À La Une - Liban-Syrie

Réfugiés syriens : Bassil se défend d'être raciste et revient à la charge

"S'agit-il (...) d'une conférence sur le racisme, les haines enfouies et les insultes du parti au pouvoir ?", a réagi Joumblatt après les propos du chef du CPL.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil (d). Photo Hassan Assal

Le ministre libanais des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a une nouvelle fois appelé samedi au retour chez eux des réfugiés syriens présents au Liban, se défendant d'être raciste, quelques jours après des propos incendiaires qu'il avait tenus et qui avaient fait polémique au Liban et dans la région.

"Nous n'accepterons pas que nos propos sur les déplacés syriens soient déformés, a d'emblée martelé M. Bassil, lors d'un discours devant les présidents des Conseil municipaux affiliés au Courant patriotique libre. "L'expérience des réfugiés palestiniens (dont près de 175.000 vivent au Liban) ne se reproduira pas avec les déplacés syriens qui se voient interdits de rentrer par plusieurs parties, pour diverses motivations", a ajouté le chef du CPL, accusant "certains d'user de la carte des déplacés pour des raisons politiques".

Plus d'un million de réfugiés syriens ayant fuit la guerre dans leur pays sont installés au Liban. Les autorités estiment qu'il s'agit d'un trop lourd fardeau à porter et une partie des responsables, dont le chef de l’État Michel Aoun et le chef de la diplomatie Gebran Bassil, appellent à leur rapatriement sans attendre une solution politique en Syrie. De nombreux responsables mettent en garde contre la pression exercée par les réfugiés et les travailleurs syriens sur le marché du travail libanais.

Samedi dernier, Gebran Bassil, qui parlait dans le cadre de la conférence Lebanese Diaspora Energy (LDE), avait affirmé qu'"il est naturel que nous défendions la main d’œuvre libanaise face à toutes les autres, qu'elles soient syrienne, palestinienne, française, saoudienne, iranienne ou américaine", lançant devant son auditoire : "Les Libanais avant tout !". Ces propos ont soulevé une tempête de protestations sur les réseaux sociaux, notamment dans les pays du Golfe, ainsi qu'au sein de la classe politique libanaise, les détracteurs de M. Bassil allant jusqu'à l'accuser de racisme. Mercredi, lors d'une visite en Grande-Bretagne, Gebran Bassil avait réaffirmé que le Liban ne pouvait plus supporter le poids des réfugiés syriens.

"Nous avons des milliards de dollars de pertes, et le chômage est très élevé. Le Liban ne peut plus supporter ces conséquences", a prévenu Gebran Bassil. "Le déplacés syriens ne paient aucun impôt, alors que le Libanais fait face à une rude concurrence sur le marché de l'emploi, tout en payant ses taxes à l’État. (...) Nous avons atteint ce stade de crise car la communauté internationale a provoqué ces dommages et n'assume pas ses responsabilités. Les propos sur une répartition des charges sont infondés. L’État libanais n'a rien à y gagner mais en assume par contre les conséquences", a-t-il estimé.



(Lire aussi : Réfugiés : la pression monte crescendo)



Un "complot"
"Le Liban n'a jamais évoqué un retour forcé (des réfugiés syriens), mais nous avons toujours insisté sur le refus d'un retour volontaire. Nous parlons d'un retour sécurisé et digne", a ensuite expliqué Gebran Bassil, avant d'évoquer "un complot".

"Le Liban fait face à un complot, et que personne ne dise qu'il n'y a pas un plan pour la naturalisation des déplacés syriens au Liban. Il y a toute une organisation médiatique, financière et politique qui travaille à encourager les déplacés à rester au Liban et mène une offensive contre nous car nous réclamons le retour des déplacés chez eux", a accusé le chef de la diplomatie. 

Il a ensuite affirmé devant les responsables municipaux que "chaque municipalité est capable d'obtenir le retour des déplacés, dans le cadre de l'application de la loi et de la protection de l'ordre public".

"Le ministre d’État pour les Affaires des réfugiés est porteur d'une feuille de route qui prévoit le retour (...) en application de la loi libanaise", a en outre affirmé M. Bassil. "Discuter de la question des déplacés en Conseil des ministres n'est pas une attaque contre quelqu'un, ni contre les prérogatives de quiconque, et nous devons adopter une politique nationale en la matière", a plaidé Gebran Bassil.

Récemment, le ministre d’État pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, affilié au CPL, avait annoncé avoir "approché tous les responsables politiques libanais" afin de discuter de la question du retour des réfugiés en Syrie, et avoir préparé "les fondations d'un plan" à cet effet. Il avait souligné avoir reçu "des garanties du gouvernement syrien" en ce qui concerne le processus de rapatriement.



(Lire aussi : Le dossier des réfugiés syriens au centre des discussions de Bassil à Londres)



Joumblatt réagit
"Tout ceux qui disent que nous sommes racistes lorsque nous appelons au retour des déplacés sont des comploteurs qui ont quelque chose à gagner. (...) Notre approche du dossier des déplacés est humaine et fraternelle, notre point de départ est humanitaire et patriotique, non communautaire, car tous les Libanais de toutes les communautés souffrent des conséquences" de la crise des réfugiés syriens, a conclu le chef du CPL.

Dans l'après-midi, le leader druze Walid Joumblatt a répondu aux propos de M. Bassil. "S'agit-il d'une conférence avec les municipalités où sont évoqués les sujets en rapport avec le développement équilibré et la crise des déchets qui pointe à nouveau à l'horizon, ou d'une conférence sur le racisme, les haines enfouies et les insultes du parti au pouvoir ?", a écrit M. Joumblatt dans un message sur Twitter, accompagnée d'une photo de Charlie Chaplin grimé en Adolf Hitler. 



"Nous leur en voulons pas, c'est leur philosophie. Mais quelle est la position de leur partenaire du compromis présidentiel et au pouvoir ?", a-t-il ajouté en référence au courant du Futur du Premier ministre Saad Hariri qui a scellé un pacte politique avec le CPL avant l'élection de Michel Aoun à la tête de l'Etat en 2016.

A Becharré, le chef du CPL a répondu aux propos du leader druze. "Personne ne peut étouffer une opinion, interdire une idée ou réduire à néant un projet national".



(Lire aussi :  De jeunes réfugiés syriens achèvent leur première année à l’USJ)



Une "grande décision politique"
La semaine dernière, le leader druze avait déjà dénoncé les "théories racistes" de M. Bassil concernant les réfugiés syriens et palestiniens. Le leader du parti aouniste avait riposté en mettant en cause l'"appartenance libanaise" de M. Joumblatt.

Pour sa part, le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a affirmé qu'il n'y avait pas de "décision politique" actuellement pour assurer le retour des réfugiés. "Le retour sécurisé nécessite une grande décision politique qui n'existe pas pour le moment au Liban. C'est pour cela que nous avons œuvré en faveur d'un retour volontaire de ces déplacés", a-t-il expliqué dans un entretien radio. "Je pense qu'un émissaire russe devrait arriver à Beyrouth la semaine prochaine, et nous sommes prêts à coordonner avec toutes les parties afin d'assurer le retour des déplacés car le pays ne peut plus supporter leur nombre". 

La Russie avait annoncé en juillet dernier à l'issue du sommet de Helsinki, qui avait réuni Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump, une initiative pour un retour massif des réfugiés syriens du Liban et de la Jordanie. Mais celle-ci est restée lettre morte en raison notamment de l'absence de financement.



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commentaires (4)

I KHALLILE... IL EST UNE COLOMBE ANTI RACISTE QUI ROUCOULE LE RACISME PAR AFFECTION. NEBGHA YIA AKHI. NEBGHA ! MAIS TELLEMENT NON PATHETIQUE!

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 27, le 16 juin 2019

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Commentaires (4)

  • I KHALLILE... IL EST UNE COLOMBE ANTI RACISTE QUI ROUCOULE LE RACISME PAR AFFECTION. NEBGHA YIA AKHI. NEBGHA ! MAIS TELLEMENT NON PATHETIQUE!

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 27, le 16 juin 2019

  • Le Retour des réfugiés syriens présents au Liban en Syrie est une obligation et non plus un souhait .

    Antoine Sabbagha

    22 h 28, le 15 juin 2019

  • Tant qu'il y a au Liban des hommes politiques qui agissent chrétiennement, d'autres sunnismement, d'autres chiismement et d'autres druzismement, les déplacés de tous les pays resteront au Liban et les Libanais émigreront. Un seul remède, la laïcité universelle.

    Un Libanais

    14 h 56, le 15 juin 2019

  • Mr Bassil n'a pas à se défendre contre quelque chose d'évident qui est le retour sécurisé et tout à fait normal d'un million et demi de déplacés Syriens correspondant par exemple à 25 million de réfugiés pour un pays comme la France et qui est une question vitale pour nous mettant en danger notre présence même dans ce pays, qui plombe notre économie et pousse nos jeunes à l'émigration et heureusement qu'il revient à la charge sinon qui le ferai, en faisant fi des accusations de racisme non fondés (puisque'il les invite à rentrer chez eux), formulées par des personnes vraiment aveugles ou qui n'ont aucun souci de notre avenir et qui ne se rendent pas compte de ce grave danger. à bon entendeur salut.

    Joseph Zoghbi

    13 h 14, le 15 juin 2019

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