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Liban - Réfugiés

Un incident banal à Deir el-Ahmar tourne au psychodrame libano-syrien

Les déplacés ont été contraints de quitter leur camp informel et des élus de la région réclament leur expulsion définitive.

Photo tirée de Twitter montrant le véhicule de la Défense civile écrasant à moitié une tente du camp de réfugiés à l’entrée de Deir el-Ahmar.

Plusieurs centaines de réfugiés syriens ont été forcés hier de quitter un camp de fortune situé à proximité de Deir el-Ahmar, dans le nord de la Békaa, au lendemain d’une violente altercation avec une équipe de la Défense civile venue éteindre un incendie à l’intérieur du camp.

Selon la version officielle, un groupe de déplacés a attaqué mercredi à coups de pierre le véhicule, blessant à la tête le conducteur, qui a été transporté au centre médical universitaire Dar el-Amal de Baalbeck. Selon cette version, les déplacés ont réagi à ce qu'ils ont estimé être le temps beaucoup trop long mis par l’équipe de la Défense civile pour arriver sur les lieux du sinistre, prolongeant l’incendie dont la fumée a fini par envahir le camp.

Selon le récit des déplacés, rapporté à L’Orient-Le Jour par Nabil Halabi, président de l’association Life pour les droits de l’homme, les déplacés se sont rués sur le véhicule de la Défense civile lorsque, peu après son arrivée au camp, il a roulé droit vers deux tentes, les écrasant à moitié, alors qu’elles étaient occupées par des enfants. « Leurs avertissements ayant été ignorés par l’équipe de la Défense civile, les réfugiés n’ont trouvé d’autre moyen d’arrêter le véhicule que par la force », dit M. Halabi.

La colère de la population libanaise des alentours s’est alors exprimée. « Le soir même de l’incident, les habitants ont bloqué les voies desservant le camp et forcé les réfugiés à sortir de leurs tentes en les rouant de coups, en vue de les chasser en pleine nuit », relate l’activiste. « Dans la foulée, le feu a été mis à d’autres tentes », ajoute-t-il.

Les SR de l’armée ont, en parallèle, perquisitionné le camp et arrêté plusieurs suspects. M. Halabi fait état d’une perquisition violente : « Tous les hommes du camp ont été interpellés et sommés de se mettre en rang dans des positions humiliantes. »



(Lire aussi : Au Liban, des milliers d'enfants syriens menacés par un plan de démolition)



Trente-trois suspects ont fini par être arrêtés, a annoncé hier le mohafez de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr, décrétant un couvre-feu immédiat devant prendre fin ce matin mais qui pourrait être prolongé si besoin est. « Les tensions sont toujours palpables, surtout que les habitants de Deir el-Ahmar et des villages environnants ont pris la décision d’empêcher les Syriens ayant fui le camp d’y retourner », a déclaré M. Khodr au site IMLebanon. « Une grande partie des Syriens que le camp abritait (1 500 selon l’association Life, 700 selon des médias) se sont dispersés entre Baalbeck et Iaat », selon M. Halabi. Certains activistes évoquent le risque du refoulement de ces réfugiés en Syrie. Aussi bien les notables que le mohafez se défendent de toute xénophobie et évoquent un souci de stabilité pour la région et une volonté de protéger les Syriens de la colère des habitants.

Des présidents de municipalités, moukhtars, dignitaires religieux et responsables de partis de la région de Deir el-Ahmar ont préconisé le démantèlement définitif du camp.

La région chrétienne de Deir el-Ahmar est considérée comme le bastion des Forces libanaises (FL) à Baalbeck-Hermel, ce parti étant officiellement opposé au régime syrien. La rhétorique du chef du CPL, Gebran Bassil, qui plaide de manière musclée pour un retour immédiat des déplacés, est étrangère au discours des cadres FL. Que les incidents de Deir el-Ahmar soient survenus dans une région politiquement marquée FL n’a pas nécessairement de signification politique. Ils pourraient refléter en partie l’état de saturation observé au sein des différentes communautés d’accueil au Liban, y compris à Ersal par exemple ou dans le Akkar où Libanais et Syriens ont des liens de parenté.

Ceux qui continuent de s’opposer à un retour forcé des Syriens sont en même temps compréhensifs de la colère des habitants : c’est le cas des FL, actuellement à l’œuvre pour résorber les tensions, selon leurs milieux. Pour Ziad el-Sayegh, expert en politiques publiques et dans les questions des réfugiés, ces tensions sont un échantillon de ce qui se joue à l’échelle du pays : « Il y a un besoin de régénérer une tension libano-syrienne face à l’impasse économique actuelle. »



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commentaires (2)

"""il a roulé droit vers deux tentes, les écrasant à moitié, alors qu’elles étaient occupées par des enfants""" pour le moins curieux que les gens de la defense civile aient fait expres d"ecraser" .... car alors ils auraient simplement pu ne pas repondre a l'appel et laisser l'incendie se propager .... COMME PRESQUE TOUJOURS, on ne saura pas la verite !

Gaby SIOUFI

12 h 37, le 07 juin 2019

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Commentaires (2)

  • """il a roulé droit vers deux tentes, les écrasant à moitié, alors qu’elles étaient occupées par des enfants""" pour le moins curieux que les gens de la defense civile aient fait expres d"ecraser" .... car alors ils auraient simplement pu ne pas repondre a l'appel et laisser l'incendie se propager .... COMME PRESQUE TOUJOURS, on ne saura pas la verite !

    Gaby SIOUFI

    12 h 37, le 07 juin 2019

  • L,AFFAIRE DE LA PRESENCE DES REFUGIES SYRIENS AU LIBAN EST TRES SENSIBLE ET LE REFUS DE LES AVOIR POUR TOUJOURS OU MEME POUR LONGTEMPS FAIT L,UNANIMITE DANS LE PAYS. FAUT TROUVER URGEMMENT UNE ISSUE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 57, le 07 juin 2019

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