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Liban - Messe

La France « n’est pas insensible » aux conséquences de la présence des réfugiés syriens au Liban

« La clé de voûte de notre coopération se trouve dans le domaine de l’enseignement », assure l’ambassadeur de France à Bkerké, à l’occasion de la messe traditionnelle à l’intention de la France.

La messe pour la France. Photo ANI

« Notre histoire, celle du Liban comme celle de la France, est une histoire dense et souvent tragique. Elle est emplie de ces moments où la ruine précède la reconstruction de l’ouvrage, où la force de l’âme d’un peuple le sauve du désespoir et où l’union fraternelle se trouve stimulée par des souffrances inscrites dans la chair et dans la pierre. »

C’est avec ces paroles chaleureuses et fortes que l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, a répondu au patriarche maronite, lors de l’échange de toasts marquant le repas qui suit la messe traditionnelle à l’intention de la France, que le siège patriarcal maronite célèbre le Lundi de Pâques.

Sur le sort particulièrement délicat des réfugiés syriens au Liban, que le Liban ne manque pas une occasion de soulever, Bruno Foucher a adopté une attitude… diplomatique. « Nous ne pouvons rester insensibles à leur sort, mais nous ne pouvons rester également insensibles aux conséquences de leur présence », a-t-il dit.

« Il faut que la communauté internationale sépare la solution politique en Syrie de l’urgence de leur retour à leur pays, pour conserver leurs droits civils et préserver leur culture et civilisation (…). Nous attendons de la France-amie une voix européenne différente », a redit pour sa part le chef de l’Église maronite, insistant une fois de plus sur le fait que « le retard de leur retour constitue un grand danger qui menace le Liban dans tous les points de vue ». Le discours du diplomate, prononcé au cours du repas convivial qui a suivi la messe, a reflété la portée tragique de l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. « Avant cette messe, a-t-il commenté, je relisais ce passage célèbre de l’Évangile de Jésus-Christ selon Saint-Jean, celui des marchands du Temple. J’ai retenu cette parole du Christ : “Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai”. Et c’est quand on lui répondit qu’il avait pourtant fallu tant d’années pour le construire, que l’on comprit finalement qu’il parlait en fait de son corps. Cette formule, à l’heure où les cendres pavent le parvis de Notre-Dame de Paris, me frappe par sa contemporanéité, elle me frappe par son éternité. Sa portée va bien au-delà de l’Église, de la France ou du Liban. Elle est universelle dans l’espérance qu’elle propage. »

La coopération dans l’enseignement

Sur un plan plus concret, l’ambassadeur de France a évoqué les différents volets de la coopération franco-libanaise. « Notre coopération couvre, vous le savez, des domaines très différents : politique, sécurité, économie, santé et culture, a-t-il dit. La clé de voûte en est la coopération mise en place dans le domaine de l’enseignement, à laquelle contribue activement la communauté catholique, et notamment maronite, et dont nous sommes très fiers (…) C’est pourquoi je vous exprime, comme l’an dernier, notre profond attachement à cette coopération éducative et académique, et notre volonté de la renforcer. Comme l’a voulu le président de la République, et ce n’est qu’un des nombreux exemples de notre volonté de renforcer nos liens, nous allons augmenter sensiblement le nombre des bourses à des étudiants ecclésiastiques maronites en master et en doctorat, au cours des prochaines années. Un accord sera à ce titre bientôt signé entre les autorités concernées. »

« Au travers de la francophonie, ce sont aussi des valeurs universelles que nous partageons avec votre Église : la paix, la tolérance, la diversité, a enchaîné le diplomate. Je pense également à ce concept si fort de fraternité, qui est la matrice primordiale de la foi chrétienne et de la République française (…). Ces valeurs sont notre façon de penser le monde et de le construire. Elles trouvent à s’incarner dans les axes de notre diplomatie, laquelle est, comme celle du Saint-Siège, animée par une aspiration à l’universel », a-t-il encore dit. « Depuis la célébration de Pâques l’an dernier, l’actualité politique menace ce message de paix et de fraternité. La situation au Liban nous préoccupe (...), a encore dit le diplomate, soulignant l’importance de préserver la stabilité du Liban (…). Œuvrer pour un Liban plus fort, c’est aussi apporter une réponse juste, rassurante et humaine à la crise des réfugiés syriens. Nous ne pouvons rester insensibles à leur sort, mais nous ne pouvons rester également insensibles aux conséquences de leur présence. »

Les réformes et la volonté de réforme

« Le gouvernement libanais a montré ces dernières semaines sa volonté de mettre en place les réformes nécessaires, a par ailleurs déclaré l’ambassadeur de France. Le plan pour l’électricité a été adopté le 16 avril. Le budget est en discussion et devrait bientôt également être adopté. Nous formons le vœu que les autorités libanaises poursuivent dans cette voie. Et qu’elles n’oublient pas les engagements qu’elles ont pris devant la nation le 15 février 2019 en faisant adopter par le Parlement la déclaration ministérielle qui doit constituer leur viatique désormais. La tâche est importante tant en matière d’action que de méthode. La transparence et la bonne gouvernance pavent la voie du peuple libanais afin qu’il réinvestisse le destin de la nation et croit en son avenir. »

Raï et la solidarité de la France

Pour sa part, le patriarche maronite a levé son verre à la santé de ses hôtes, affirmant : « La France a scellé son lien séculaire avec le Liban à travers la solidarité comme en témoigne la récente conférence de Paris “CEDRE 2018”. Cette opération incarne la volonté de nos deux pays de prendre des mesures concrètes qui donnent des solutions à notre situation socio-économique actuelle. Nous insistons sur les réformes liées à CEDRE et revendiquées par les pays amis du Liban. Le peuple libanais s’y attache tel un rempart de salut et appelle à la transparence et au suivi de l’application. »

Par ailleurs, le patriarche a eu des mots particuliers d’encouragement pour la population du Sri Lanka et celle de l’Île- de-France. « Nous exprimons notre solidarité et communions avec le cher peuple sri-lankais, aux autorités religieuses et civiles, ainsi qu’avec les chers Sri-Lankais qui travaillent au Liban », a-t-il dit en particulier.

« Notre histoire, celle du Liban comme celle de la France, est une histoire dense et souvent tragique. Elle est emplie de ces moments où la ruine précède la reconstruction de l’ouvrage, où la force de l’âme d’un peuple le sauve du désespoir et où l’union fraternelle se trouve stimulée par des souffrances inscrites dans la chair et dans la pierre. » C’est avec ces...
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