Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah s’exprimant vendredi 31 mai 2019, à l'occasion de la "Journée d'al-Qods" (Journée de Jérusalem). AFP / Anwar AMRO
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé vendredi soir dans un discours prononcé à l'occasion de la "Journée d'al-Qods" (Journée de Jérusalem) de construire une usine de missiles balistiques de précision si les États-Unis tentaient de s'ingérer dans le dossier des armes. Dénonçant les intentions américaines de marginaliser l'Iran, il a toutefois estimé que l'éventualité d'une guerre entre les USA et l'Iran s'éloignait car le président américain sait que si cela devait arriver, "toute la région s’embrasera".
“Si les Américains veulent garder ce dossier ouvert, nous allons mettre en place une usine pour fabriquer ces missiles”, a alors menacé Hassan Nasrallah lors de son discours. “Concernant les frontières, nous avons dit que nous n’avons pas de problème, et quoi qu’il se passe, nous nous tenons aux côtés de l’État, que nous soyons d’accord ou pas, a dit le chef du Hezbollah. Les Américains veulent profiter des négociations sur la délimitation des frontières pour régler un dossier dans l’intérêt d’Israël, qui est celui des missiles balistiques de précision".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait affirmé, en septembre 2018 à l'Assemblée générale de l'ONU, que les missiles balistiques de précision étaient produits en plusieurs endroits de la banlieue-sud de Beyrouth.
“Il est de notre droit d’avoir n’importe qu’elle arme, de confectionner n’importe qu’elle arme. Les Américains n’ont pas à débattre avec nous de ce droit. Nous avons la capacité scientifique et humaine pour confectionner des armes, et si les Américains veulent garder ce dossier ouvert, nous avons les moyens de mettre en place une usine. Nous pouvons même vendre des armes et soutenir le Trésor américain. Alors, que Satterfield fasse ce qu’il à faire et ferme ce dossier”, a-t-il lancé.
(Lire aussi : Geagea : Le plan de paix américain pour le Proche-Orient est mort-né)
"Toute la région s’embrasera"
Les tensions régionales se sont exacerbées depuis que l'administration de Donald Trump a inscrit en avril les Gardiens de la Révolution iraniens sur sa liste noire d'"organisations terroristes" et renforcé en mai les sanctions économiques contre Téhéran après avoir quitté, il y a un an, l'accord international sur le nucléaire iranien. Elles sont encore montées de plusieurs crans après les incidents maritimes au large des Émirats et la multiplication des tirs de drones par les rebelles yéménites houthis, soutenus par Téhéran, sur des cibles saoudiennes, dont deux stations de pompage d'un oléoduc le 14 mai. Début mai, Washington avait annoncé le déploiement dans le Golfe d'un porte-avions et de bombardiers B-52 avant de décider le 25 l'envoi de 1.500 soldats supplémentaires au Moyen-Orient en invoquant des "menaces" iraniennes.
"Où est la distanciation?"
Un sommet extraordinaire du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et un autre de la Ligue arabe se sont tenus avant l'aube à La Mecque dans l'ouest du royaume saoudien, suivis samedi avant l'aube par celui de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Dans son communiqué final, le sommet du CCG a exprimé sa solidarité avec Riyad et renouvelé son "appui à la stratégie américaine à l'égard de l'Iran y compris en ce qui concerne ses programmes nucléaire et balistique, ses activités de déstabilisation, son soutien au terrorisme (...) et aux activités hostiles des houthis" (rebelles chiites) au Yémen. Le communiqué final du sommet arabe, moqué et dénoncé par Hassan Nasrallah, a consacré dix de ses onze points à condamner les "ingérences" de l'Iran, son "comportent menaçant", son soutien aux rebelles houthis et ses "menaces" contre le trafic maritime.
Lors de ces sommets, le Premier ministre libanais Saad Hariri a insisté sur l'importance de la "solidarité arabe" face à "l'ingérence extérieure", tout en appelant les pays de la région à "protéger la formule libanaise des tempêtes régionales".
(Lire aussi : Hariri au sommet de La Mecque : La solidarité arabe est le chemin vers la stabilité)
"Crime historique"
Hassan Nasrallah s'en est en outre pris violemment à ce qu'il est convenu d'appeler “le marché du siècle”. "Notre devoir est de nous opposer à +l'accord du siècle+", a-t-il déclaré en référence au plan de règlement du conflit israélo-palestinien porté par le président Donald Trump et déjà rejeté par les Palestiniens. “Est-ce que nous pouvons faire échec à cet accord ? Oui. Aujourd’hui, l’administration américaine œuvre matin et soir pour l'appliquer. Mais en face, il y a un axe très fort. Nous devons avoir l’espoir, la vision, nous, Libanais, Palestiniens, Syriens… et tous ceux qui appuient la cause palestinienne”, a lancé Hassan Nasrallah.
“Nous devons empêcher ce crime historique. Le projet américain et sioniste est de renforcer Israël et normaliser sa présence. Et cela signifie, en parallèle, en finir avec la cause palestinienne”, a-t-il mis en garde. “L’axe de la résistance est plus fort que jamais contrairement à ce que certains disent”, a aussi assuré le leader chiite. A titre d’exemple, “si dans les années 70 la résistance palestinienne avait des Katioucha tout au plus, aujourd’hui Gaza peut frapper Tel-Aviv et de nombreuses colonies sionistes. Au Liban, il ne fait aucun doute qu’il n’y a jamais eu une résistance contre Israël telle qu’elle se présente actuellement. Et aujourd'hui, Israël craint cette résistance”, a-t-il dit.
Et le numéro un du Hezbollah de poursuivre: “En Syrie, tous les jours des informations sont révélées sur une coopération entre Israël et des groupes armés. Ses groupes ont échoué. En Irak, les tentatives américaines de contrôler à nouveau ce pays ont échoué. A quoi servent ces sommets aujourd’hui ? C’est une détresse saoudienne et une preuve de l’échec de l’Arabie au Yémen", a encore dit le leader chiite en faisant valoir que “le Yémen est une partie essentielle de l’axe de la résistance”. Il a ensuite soutenu que l’”Iran est la première et véritable force régionale”. “Certains disent que la première force régionale est l’Arabie saoudite, mais Trump leur a dit : si nous ne vous protégeons pas deux semaines, vous ne tiendrez-pas le coup”, a ironisé Hassan Nasrallah.
“Je ne dis pas qu’Israël est faible. C’est un État fort. Mais en 2019, Israël est plus faible que jamais. Qui aujourd’hui a peur d’Israël ? Le Liban ? Le peuple palestinien ? L’entité sioniste a peur des roquettes du Liban, de Gaza, de Syrie, d’Iran et peut-être même du Yémen. Corruption, divisions internes profondes, divisions politique, l’échec de Netanyahu dans la formation d’un gouvernement, les nouvelles élections, … Quand Israël était-il comme ça ?”, s'est interrogé Hassan Nasrallah.
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Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé vendredi soir dans un discours prononcé à l'occasion de la "Journée d'al-Qods" (Journée de Jérusalem) de construire une usine de missiles balistiques de précision si les États-Unis tentaient de s'ingérer dans le dossier des armes. Dénonçant les intentions américaines de marginaliser l'Iran, il a toutefois estimé que...
commentaires (15)
PS: il n’y aura pas d’apocalypse, il n’y a jamais d’apocalypse. Soit on est sûr de gagner donc on s’en va en guerre, soit on reste dos à dos. Qui est sûr de gagner? Contre qui? Personne! Tout est dit. Merci au Hezbollah
Chady
18 h 54, le 02 juin 2019