Le chef des Forces libanaises et leader chrétien maronite Samir Geagea a estimé samedi que le plan pour la paix au Proche-Orient que doit présenter sous peu Washington et qui, selon certaines informations ayant fuité dans la presse, refuse tout retour des Palestiniens réfugiés dans les pays de la région, est "mort-né". M. Geagea a dans ce contexte rejeté catégoriquement tout implantation des réfugiés au Liban.
"Tant que les Libanais continuent de respecter la Constitution, et même si tous les pays du monde acceptent cette idée, personne ne peut implanter les réfugiés", a déclaré Samir Geagea dans un entretien à l'agence de presse turque Anadolu. Il a souligné que "personne ne parvient à comprendre ce qu'est réellement ce 'marché du siècle'". "La preuve : à chaque fois que l'annonce du contenu du plan approche, l'échéance est repoussée, mais les informations qui ont fuité montre que ce plan est mort-né avant même d'avoir été annoncé", a-t-il estimé.
"Toute répercussion du plan sur le Liban doit être discutée", a affirmé le chef des FL. Et d'insister sur le fait que "l'implantation ou n'importe quel autre processus ne pourront pas être mis en place". "Personne ne peut faire pression sur le Liban à cet effet, parce qu'il s'agit d'une question de souveraineté, sur laquelle seul le gouvernement libanais peut trancher", a-t-il ajouté.
Selon les fuites parvenues concernant le contenu du plan de paix pour le Proche-Orient préparé par le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, ce document ne prévoit aucune opportunité pour les Palestiniens de rentrer chez eux, et propose donc leur implantation dans les pays d'accueil. La Constitution libanaise rejette toutefois, dans son préambule, toute implantation au Liban.
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Le Moyen-Orient "sur un volcan" actif
Le leader chrétien a par ailleurs affirmé que "l'escalade" des tensions entre l'Iran et les États-Unis aura "de fortes répercussions dans la région". Ces tensions "commencent à avoir un impact sur les aspects socio-économiques et politiques", a-t-il poursuivi. Les menaces de Washington contre l'Iran sont "très sérieuses étant donné que la volonté de l'administration américaine est de réduire l'influence iranienne" dans la région, a-t-il dit. Le Moyen-Orient est "situé sur un volcan qui peut entrer en éruption à tout instant", a-t-il encore estimé, mettant en garde "toute partie tentant de jeter le Liban dans le cratère du volcan", ce qui constitue "un très grand crime contre le Liban et les Libanais".
Les tensions ont augmenté entre l'Iran et les États-Unis, depuis notamment le sabotage de navires commerciaux au large des Émirats arabes unis, alliés de Washington. Accusant Téhéran d'être à l'origine de ces sabotages, Donald Trump a annoncé vendredi le déploiement de 1.500 soldats américains supplémentaires dans la région.
"Jusqu'à présent, nous ne disposons d'aucun indicateur montrant qu'Israël va lancer une guerre contre le Liban, mais nous attendons de voir ce qui va se passer dans les jours et semaines à venir", a en outre affirmé M. Geagea. Il a souligné que la rapidité avec laquelle peut progresser la situation régionale oblige les Libanais à "vivre au jour le jour".
Concernant le désarmement du Hezbollah, seule milice encore armée au Liban, qui justifie de garder ses armes pour "résister contre Israël", Samir Geagea a affirmé que le parti chiite "n'a aucune intention sérieuse de parvenir à une stratégie de défense" nationale qui impliquerait qu'il doive rendre ses armes.
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Les leaders politiques libanais toutes couleurs et tendances confondues doivent d'une seule voix dire non à tout projet pour l'implantation des réfugiés au Liban.
19 h 34, le 25 mai 2019